Selon des données récentes publiées par Citéo (éco-organisme né de la fusion d'Eco-Emballages et d'Ecofolio), seuls 26 % des emballages en plastique sont recyclés. 49 % sont valorisés et produisent de l’énergie et 25 % sont mis en décharge.

Extrait d'une infographie réalisée par Citéo et publiée le 30 octobre 2018.

En dehors des bouteilles et flacons qui sont bien recyclées, ce sont moins de 3 % des emballages en plastique (pots de yaourts, films, barquettes, dosettes...) faisant l’objet d’un tri qui ont été au final recyclés en 2016, alertait 60 millions de consommateurs dans une étude publiée en mars. "Des milliers de déchets ne disposent pas d’une filière de recyclage viable. Il revient souvent moins cher de produire du plastique vierge que du plastique à partir de matières recyclées, à la qualité souvent incertaine" explique le magazine.

Droit dans le mur

La part de nos déchets plastique véritablement recyclés ne devrait pas augmenter avant quelques années. Depuis janvier, la Chine, qui refuse de continuer à être la poubelle du monde, a considérablement durci ses conditions d’importation en relevant ses standards de qualité. La France, et plus largement les pays européens, se retrouvent donc avec des tonnes de plastique non recyclés, faute d’usines pour les trier et les transformer. Mais aussi par manque de débouchés.

"La France envoyait 250 000 tonnes de plastique de basse qualité par an en Chine, estime Christophe Viant, président de Federec Plastiques. Nos usines sont saturées avec ces produits dont on ne sait quoi faire pour la plupart. On va droit dans le mur. Et cela va encore s’accentuer avec l’extension de la consigne de tri, le temps que l'on trouve des solutions de recyclage et que se créent des débouchés pour les revendre." 

L’extension des consignes de tri à tous les emballages plastique concerne aujourd’hui 15 millions de Français. Début 2019, elle va être étendue à 24 millions de personnes et 250 collectivités locales. En 2022, toute la population sera concernée et pourra mettre l’ensemble des emballages plastique dans un seul et même bac à recyclage. Autant de déchets qui vont venir grossir la masse d’emballages désormais refusés par la Chine et qui seront dans un premier temps mis en décharge, incinérés ou, au mieux, valorisés énergétiquement.

Des industries s'engagent à utiliser plus de matériaux recyclés

De quoi décourager les citoyens de trier ? "L’extension des consignes de tri va tout de même simplifier le geste et permettre de récupérer un peu plus de produits recyclables, tempère Laura Chatel, chargée de campagne chez Zero Waste France. Mais il faut être honnête avec les gens et bien expliquer que tout n’est pas recyclable. Le mieux reste de réduire notre consommation de plastique et de mieux éco-concevoir nos produits." 

"La valorisation énergétique de ces déchets plastique est un mal nécessaire dans un premier temps, reconnaît Jean-Philippe Carpentier, le président de Federec. Mais à moyen-long terme, la décision de la Chine peut être une aubaine pour ouvrir des usines chez nous, créer de l’emploi, investir et faire des produits de qualité afin de trouver de nouveaux débouchés".

Brune Poirson, la secrétaire d’État à la Transition écologique, rencontre ce jeudi 15 novembre tous les acteurs de la filière dans le cadre de sa feuille de route pour l’économie circulaire. 36 entreprises ont déjà pris des engagements portant notamment sur l’utilisation de produits recyclés. Renault souhaite ainsi augmenter de 50 % sa consommation globale de plastique recyclé d’ici 2022. Schneider veut quant à lui la doubler d’ici 2025.

Concepcion Alvarez, @conce1