Publié le 04 septembre 2019
ENVIRONNEMENT
Tous les Français sont exposés à des perturbateurs endocriniens, surtout les enfants
Santé publique France vient de publier une étude inédite dont les résultats sont alarmants. L'institut estime que tous les organismes des Français sont imprégnés de perturbateurs endocriniens, ces polluants qui interfèrent avec le système hormonal. Les enfants sont particulièrement touchés. Face à la situation, le gouvernement vient de lancer une deuxième stratégie nationale sur le sujet.

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Une enquête inédite et des résultats alarmants. Santé publique France a publié mardi 3 septembre, pour la première fois, les résultats d’une vaste étude sur la présence de perturbateurs endocriniens dans l’organisme des Français. Bisphénols, phtalates, parabènes, éthers de glycol… Les résultats montrent que ces polluants, capables de modifier le système hormonal, d’accroître le risque de cancers et de créer des malformations chez les fœtus, sont présents dans l’organisme de tous les Français.
"Les niveaux d’imprégnations mesurés sont comparables à ceux d’autres études menées à l’étranger, notamment aux États-Unis et au Canada", souligne Santé publique France qui a mené ses travaux sur un échantillon de 1 104 enfants et 2 503 adultes. Et ces premiers qui paraissent le plus exposés. Leurs taux d’imprégnation, plus élevés que les adultes, pourraient s’expliquer par "des contacts cutanés de type "main bouche".
Lancement d'une deuxième stratégie nationale
Quant aux sources d’exposition, elles sont multiples. L’étude évoque bien être l’alimentation mais les produits cosmétiques et de soins sont également montrés du doigt. Face à cette situation, le gouvernement a lancé, le jour de la publication de l’étude, une deuxième "stratégie nationale". Le plan, qui couvre la période 2019-2022, charge l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) d'établir une liste officielle des perturbateurs, en expertisant au moins six substances en 2020, puis neuf par an à partir de 2021.
La première liste sera rendue publique en 2020 et les produits classés sur trois niveaux, "avéré, présumé ou suspecté", ce qui doit notamment encourager l'usage de produits de substitution et permettre une meilleure information du public. Il s'agira d'élaborer "une vision globale" - associant scientifiques, industriels et société civile - de ces produits utilisés dans une multitude de contextes réglementaires, notamment européens, a souligné Roger Genet, directeur général de l'Anses.
"Le gouvernement ne peut pas se contenter de demi-mesures"
Le gouvernement entend d'ailleurs "demander à la nouvelle Commission européenne, dès son installation, de revoir les réglementations pour mieux protéger sur ces substances, avec une priorité sur les cosmétiques et les jouets", a souligné la ministre de l’Écologie, Élisabeth Borne.
Une stratégie jugée pas assez ambitieuse par l’association Générations futures. "ll faut absolument faire disparaître cette exposition de la population à ces composés dangereux dans les meilleurs délais !" a déclaré François Veillerette, Directeur de Générations Futures. "Face à ce constat implacable d’une contamination généralisée de la population par ces polluants - et particulièrement les jeunes enfants- le gouvernement ne peut pas se contenter de demi-mesures."
Marina Fabre, @fabre_marina avec AFP