Publié le 16 mai 2018
ENVIRONNEMENT
Paris, Bruxelles et Madrid attaquent la Commission européenne pour avoir accordé un permis de polluer aux voitures diesel
La Cour de justice de l’Union européenne va trancher cette semaine sur la recevabilité d’un recours porté par les maires de Paris, Bruxelles et Madrid. Ces trois villes attaquent la Commission européenne pour avoir assoupli les normes d’émission d’oxyde d’azote des véhicules diesel à la suite du "Dieselgate". Elles dénoncent l’intense lobby de l’industrie automobile.

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C’est tout simplement une "trahison de l’Accord de Paris", estiment les maires de Paris, Bruxelles et Madrid. Ensemble, ils vont tenter de déposer un recours contre la Commission européenne pour avoir autorisé les véhicules diesel à dépasser les limites d’émissions d’oxyde d’azote lors de tests sur la route. La Cour de justice de l’Union européenne va trancher sur la recevabilité de ce recours cette semaine.
"Nous avons besoin de l'appui de l'Union Européenne et non pas qu'elle encadre la pollution de l'air. Je suis fière de me tenir aux côtés des maires de Madrid et de Bruxelles et de représenter des millions de citadins des plus grandes villes d'Europe pour dire que nous ne pouvons plus demeurer silencieux", a déclaré Anne Hidalgo, maire de Paris et présidente du C40 (réseau de villes engagées pour le climat).
Pression des lobbies
À la suite du Dieselgate, qui a révélé des tricheries lors des tests en laboratoire, la Commission européenne a changé les règles du jeu pour les constructeurs. Les nouveaux tests en conditions réelles seront plus exigeants, mais en contre-partie, les normes ont été assouplies pour permettre aux marques automobiles de s’adapter. Elles pourront ainsi dépasser les normes d’émissions d’oxyde d’azote – fixées à 80 mg/km en 2007 – de 110 % entre 2017 et 2020 et encore de 50% à compter de 2020.
Un "permis de polluer" accordé par la Commission européenne aux constructeurs, s’est insurgé l’édile de la capitale française. Elle dénonce la pression intense des lobbies de l’industrie automobile. "Il n'y a jamais de progrès sans que des intérêts acquis de longue date soient mis à mal", ajoute Mark Watts, directeur du C40 Cities. Les maires de Paris et de Madrid défient les législateurs européens afin qu'ils privilégient la santé des citoyens à l'enrichissement de l'industrie automobile."
Si le recours aboutit, les réglementations de 2007 pourront s’appliquer de nouveau, rétablissant alors les limites d’émissions d’oxydes d’azote à 80 mg/km. Cependant, ce scénario est loin d’être acquis. Une action connexe engagée au nom de 1 429 citoyens a été rejetée le 4 mai dernier au motif que "l’étendue du préjudice lié à une dégradation de la qualité de l’air était insuffisamment établie". Plusieurs études montrent pourtant que la pollution de l'air est responsable chaque année de plusieurs millions de morts à travers la planète.
Concepcion Alvarez, @conce1