Publié le 14 juin 2021
ENVIRONNEMENT
Marée noire : après le dégazage d’un navire, la Corse subit une pollution aux hydrocarbures
Le 11 juin, à l'occasion d'un exercice militaire aérien, deux nappes d'hydrocarbure ont été repérées au large des côtes corses. Elles sont venues souiller une plage de l'île de Beauté où des galettes d'hydrocarbures se sont déposées. Si les autorités tentent de dépolluer sur terre et en mer, cette pollution, due au dégazage illégal d'un navire, est difficilement contrôlable car très morcelée.

PASCAL POCHARD-CASABIANCA / AFP
Deux nappes d’hydrocarbures étalées sur 35 km de long recouvrant une partie de la Méditerranée et menaçant les côtes corses. Voilà probablement le résultat du dégazage illégal, ce procédé qui consiste à ce qu’un navire nettoie ses cuves et rejette en mer ses eaux polluées. Une action totalement proscrite qui est normalement réalisée dans un port. Si les autorités ont observé "une dérive vers le sud qui oscille entre 5 et 15 km des côtés, évoluant au gré des courants maritimes", le 14 juin, trois jours après que l’alerte ait été donnée, des résidus d’hydrocarbures ont été découverts sur la plage de Solaro, en Haute-Corse.
Une dizaine de pompiers ont commencé à ramasser à la pelle les petites galettes d’hydrocarbures. L’accès de la plage, située à la limite de la station balnéaire de Solenzara, était bloqué par les gendarmes lundi, de même que celui du camping voisin. Un tracteur filtrait ensuite les résidus restants sur le sable, a constaté un photographe de l’AFP. "Les résidus sont répartis sur environ 500 mètres de long et 50 centimètres de large de manière discontinue", a précisé la préfecture, ajoutant que des moyens étaient déployés pour ’ramasser ces restes dhydrocarbures.
"Un pur acte de délinquance écologique"
"Après reconnaissance sur site dans la soirée d’hier (dimanche), il s’agit des seules traces découvertes depuis samedi" sur la côte, a-t-elle précisé. Les gendarmes et les pompiers doivent réaliser des reconnaissances à terre pour identifier "d’éventuelles autres zones d’échouages ou de présence d’hydrocarbures en mer", selon la préfecture. Un drone est également mobilisé.
L’accès aux plages et la baignade restent strictement interdits et la dépollution en mer continue. Le 13 juin, des navires, notamment de la Marine nationale, ont continué le repêchage des hydrocarbures en mer. Entre trois et quatre tonnes ont été récupérées samedi. Des hélicoptères et des avions ont également été dépêchés pour suivre l’évolution de la situation, repérer et localiser les nappes et réadapter le dispositif, a ajouté la capitaine Ribbe, en précisant que la pollution était très morcelée et nécessitait d’aller la repêcher "un peu partout".
"Dégazer des hydrocarbures en mer est un pur acte de délinquance écologique", a dénoncé Barbara Pompili le 12 juin dans un tweet. La ministre, qui s’est rendue sur place affirme que trois bateaux ont été identifiés comme "les auteurs potentiels".
Dégazer des hydrocarbures en mer est un pur acte de délinquance écologique. Les nappes sont à ce stade au large des côtes corses, les opérations de pompages sont en cours. L’enquête avance : 3 bateaux sont identifiés comme les auteurs potentiels. Nous sommes pleinement mobilisés. pic.twitter.com/kYNzqNfQvK
— Barbara Pompili (@barbarapompili) June 12, 2021
Si une enquête a été déclenchée, "la blessure est irréparable", assure Christian Buchet, directeur du Centre d’Études de la Mer de l’Institut Catholique de Paris et membre de l'Académie de Marine, au micro de RTL : "Quand vous avez une concertation d'hydrocarbures, cela dénature la faune et la flore. Faune et flore dont nous aurons besoin pour notre santé. Ce n'est pas seulement la terre qui est touchée mais aussi la mer".
Marina Fabre, @fabre_marina avec AFP