Publié le 19 mai 2014
ENVIRONNEMENT
Lutte contre la pollution aux particules fines : l'exemple de Stockholm
Anne Hidalgo présentait en ce lundi 19 mai son plan d’action transports. Il s’agit de lutter contre les épisodes de pollution aux particules fines que la ville subit à répétition. Des solutions existent pour lutter contre ce phénomène. A Stockholm, la municipalité encourage depuis 20 ans une politique favorisant les véhicules dits "propres", une flotte de bus roulant aux énergies renouvelables et un péage urbain. La capitale suédoise en retire aujourd’hui les bénéfices.

© Sven Nackstrand / AFP
Dès son arrivée à Stockholm, le visiteur ne peut ignorer l’engagement écologique de la capitale suédoise. Les terminaux de l’aéroport sont entièrement chauffés et climatisés grâce à la géothermie. La navette ferroviaire, l’Arlanda express, qui relie l’aérogare au centre-ville est labellisée 100% électricité renouvelable. Et pour ceux qui optent pour la route, une noria de taxis "verts" prioritaires attendent les voyageurs.
La politique de la ville est ambitieuse : elle vise à se passer complètement des énergies fossiles d’ici 2050. La municipalité a déjà obtenu des succès dans le secteur du bâtiment grâce aux réseaux de chauffage urbain, alimentés par des biocombustibles qui ne génèrent pas d’émissions polluantes. Mais la tâche s’avère plus délicate en ce qui concerne la mobilité.
En Suède, la situation de la capitale n’est pas unique : au niveau national, les émissions de dioxyde de carbone issues des transports routiers n’ont cessé d’augmenter depuis les années 1990. Pour tenter de résoudre ce casse-tête, le gouvernement a encouragé l’utilisation de véhicules "propres" en misant, un temps, sur des primes à l’achat, des taxes moins élevées et des parkings gratuits.
Grâce à ces mesures, les immatriculations de voitures "vertes" dans la région de Stockholm ont presque doublé entre 2007 et 2008, passant sur la période de 70 000 à 110 000.
Des incitations à l’achat et à l’usage des véhicules électriques
Depuis 6 ans, le gouvernement a choisi de recentrer ses aides sur les véhicules électriques en multipliant les stations de recharge. La municipalité entend aller plus loin. Les 780 véhicules qui composent son parc automobile sont aujourd’hui, des véhicules respectueux de l’environnement.
La ville travaille aussi en coopération étroite avec les constructeurs automobiles, les distributeurs de carburants et les sociétés disposant d’importantes flottes de véhicules. L’achat de véhicules roulant à l’éthanol, au biogaz, à l’électricité et à ceux émettant moins de 90g de C02 par kilomètre est encouragé, notamment via des campagnes de sensibilisation.
Aiguillonnées par deux lois, adoptées en 2006 et 2010, obligeant les distributeurs à fournir des énergies renouvelables, toutes les stations-services de la capitale délivrent au moins une variété d’agro-carburants. Une centaine d’entre-elles proposent de l’éthanol et une trentaine d’autres du biogaz.
La municipalité stimule aussi le développement de ce marché en exigeant des compagnies de transports et de taxis avec lesquelles elle contracte de passer au vert. ʺDonner la priorité aux taxis qui roulent aux énergies renouvelables a joué un rôle déterminant pour inciter les chauffeurs à s’équiperʺ, explique Eva Sunnerstedt, chargée du développement des transports "propres" à la mairie de Stockholm. Les résultats sont là : le nombre de ce type de véhicules n’a cessé de progresser depuis 2004 pour atteindre 40% des nouvelles immatriculations en 2010. Soit un total de 188 000 véhicules "verts" fin 2013.
Mais dans la capitale suédoise, le levier principal reste celui des transports "doux". Car à Stockholm, 66% des habitants se rendent à leur travail en transports en commun contre 19% seulement en voitures. Les autres se déplacent à pieds et, de plus en plus, en vélo : l’usage de la bicyclette progresse de 10% chaque année depuis 2005. Aujourd’hui, la totalité des 250 bus du centre-ville et 60% des 1 800 bus du Grand Stockholm circulent à l’éthanol ou au biogaz. ʺD’ici 2020, c’est toute la flotte du comté qui roulera aux énergies renouvelablesʺ, précise Eva Sunnersdedt.
Un péage urbain ... plébiscité
En 1996, le centre-ville de Stockholm est devenu une zone à faibles émissions, interdite aux véhicules polluants. Cette réglementation a permis à la capitale de réduire ses émissions de particules fines de 19% et celles de dioxyde d’azote de 4%. En 2007, après une période d’expérimentation, suivie par un référendum où le « oui » l’a emporté à 52%, la municipalité a mis en place un péage urbain. Très contesté lors des longs mois qui ont précédés sa mise en place, le dispositif a finalement emporté l’adhésion de la population.
Son mode de fonctionnement est simple. Un véhicule qui franchit, en semaine entre 6h30 et 18h30, un des 18 péages automatisés paye une taxe de congestion variant entre 10 et 20 couronnes (entre 1,05 et 2,10 euros) par passage. Les plaques d’immatriculation des véhicules sont photographiées automatiquement, les usagers franchissent donc les points de contrôle sans ralentir. En fin de mois, les automobilistes reçoivent la facture à domicile. Et celle-ci peut être particulièrement dissuasive.
"Le trafic routier a diminué de 22 % et les encombrements ont été réduits de 30 à 50%", se réjouit Gunnar Söderholm, directeur du département environnement et santé de la Ville. Il a aussi permis d’améliorer la santé publique. Les polluants atmosphériques ont régressé de 10 à 15% dans le centre ville, les oxydes d’azote de 8,5%.
Il reste néanmoins beaucoup à faire pour libérer Stockholm des énergies fossiles d’ici 2050. L'utilisation d'agrocarburants de deuxième génération par gazéification de la biomasse est l'une des pistes les plus prometteuses.