Publié le 18 janvier 2017
ENVIRONNEMENT
Le point sur le Dieselgate
Le scandale du Dieselgate qui a éclaboussé en 2015 le groupe Volkswagen s’étend à d’autres marques. Renault et Fiat Chrysler sont également mises en cause. Que risquent ces groupes ? La révélation de logiciels truqués a-t-elle eu un impact sur les ventes ? Novethic fait le point.

Sascha Steinach / dpa-Zentralbild / DPA / AFP
Volkswagen
En septembre 2015, la justice américaine découvre que plusieurs véhicules de la marque allemande sont dotés d’un logiciel faussant le niveau réel d’émission de gaz polluants. Deux jours plus tard Volkswagen avoue avoir installé ce logiciel sur des véhicules. 11 millions d’automobiles dans le monde seraient concernées.
Quelles amendes pour le constructeur aux USA ?
Le groupe est poursuivi par la justice américaine pour "conspiration" visant à tromper ses clients et les autorités américaines. Mais également pour "obstruction à la justice". Le 12 janvier, Volkswagen a finalement plaidé coupable.
La marque avait déjà promis de débourser 17,5 milliards de dollars pour couvrir les plaintes des régulateurs, des propriétaires de ses véhicules et de ses concessionnaires. Elle devrait ajouter 4,3 milliards de dollars supplémentaires. À noter que plusieurs cadres du groupe ont été inculpés par la justice américaine.
En Europe ?
Des enquêtes sont toujours en cours. Le gouvernement français a annoncé en septembre vouloir récupérer le "manque à gagner fiscal" sachant que le barème des cartes grises tient compte des émissions de NOx et de CO2.
Le 5 janvier, une première plainte rassemblant plus de 100 000 automobilistes a été déposée en Allemagne. Les automobilistes européens pourraient fédérer leur plainte pour faire plier le groupe. De leur côté, les investisseurs s"estimant lésés s’organisent collectivement.
Le scandale concerne plus de 8,5 millions de véhicules en Europe mais le groupe n’a pour l’instant prévu qu’un retrait des logiciels de trucage.
Quel impact sur le groupe ?
Sur les ventes : Volkswagen a réalisé un record de ventes en 2016, malgré le dieselgate. Le groupe a vendu 10,3 millions de véhicules neufs, soit une augmentation de 3,8% par rapport à 2015.
Côté bourse, le titre Volkswagen a chuté de 35% en un mois après les révélations du dieselgate, passant ainsi de 160 à 103 euros. Il est aujourd'hui remonté à presque 150 euros.
Sur sa notation ESG (sur des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance) : en septembre 2015, l’agence de notation extra-financière Vigeo-Eiris avait considérablement dégradé le score de Volkswagen en le passant de 48 à 30 points sur 100. Chez Oekom Research, la note de Volkswagen est passée de B- à C, sur une échelle de A+ à D -.
Ces notes constituent un mauvais signal envoyé aux investisseurs.
Fiat-Chrysler
Le constructeur est soupçonné d’avoir installé un logiciel permettant de supprimer le dispositif de dépollution de ses véhicules pour en améliorer les performances. 104 000 voitures en seraient dotées.
Que risque Fiat-Chrysler aux USA ?
Contrairement au groupe Volkswagen, le logiciel supprimant le dispositif de dépollution ne serait pas illégal en lui-même. Mais c’est sa dissimulation aux autorités que lui reproche l’agence américaine de protection de l’environnement (EPA). Elle évoque des "anomalies" dans les tests destinés au contrôle des émissions de gaz polluants.
Si les soupçons de "logiciel truqueur" sont avérés, Fiat-Chrysler pourrait encourir des pénalités civiles maximales de plus de 4 milliards de dollars.
En Europe ?
300 propriétaires français vont déposer, dans les jours qui viennent, une plainte collective contre Fiat Chrysler Automobiles (FCA). C’est la première plainte concernant un logiciel de truquage contre le groupe dans l’Hexagone. Les motifs de ces plaintes devraient être multiples : pratique commerciale trompeuse, publicité mensongère, escroquerie et mise en danger de la vie d’autrui.
L’Allemagne demande quant à elle à la Commission européenne de rappeler certains modèles du groupe. En 2015, le gouvernement a mis en place une commission d’experts chargée de tester les émissions de gaz polluants de ces véhicules. "Les résultats incontestables de nos experts étaient que des dispositifs illégaux de déconnexion ont été utilisés sur ces modèles", a indiqué le ministère des Transports allemand. Des conclusions que partage le gouvernement britannique.
Quel impact sur le groupe ?
En septembre 2015 déjà, une étude allemande montrait que les émissions de NOx sur la Fiat 500X étaient 6 fois plus élevées que la norme. Les ventes du constructeur n’ont pas souffert de cette révélation : en 2016 le constructeur a enregistré une augmentation de 14,1% de ses ventes.
Mais l’agence de notation Oekom Research assure suivre de "très près l'évolution actuelle". "Les évolutions de janvier 2017 n'ont pas encore entraîné une nouvelle dégradation", précise l'agence. La note de Fiat Chrysler Automobiles est aujourd’hui de C+.
Le constructeur rejette pour l’instant les accusations de fraude.
Renault
Le parquet de Paris a ouvert jeudi 12 janvier une information judiciaire sur Renault. L’enquête concerne des soupçons de tromperie sur les dispositifs permettant de contrôler les émissions polluants de ses voitures diesel.
Que risque Renault ?
Pour l’instant, le groupe français ne fait l’objet d’aucune plainte. L’enquête suit son cours. Si les résultats prouvent que Renault a commis un délit de tromperie aggravée, le groupe pourrait alors verser 10% de son chiffre d’affaires à la justice, soit 4,5 milliards d’euros.
Quel impact sur le groupe ?
C’est en janvier 2016 que la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) a débuté ses perquisitions au siège social de Renault. Mais celles-ci n’ont pas eu d’incidences sur les ventes du groupe. En 2016, elles ont augmenté de 12,1% en Europe et de 15,3% au niveau mondial.
L’agence de notation Oekom Research a pour l’instant fixé la note du groupe à B -. Renault restant "sous surveillance active".
Le constructeur affirme respecter "la législation française et européenne" et assure que ses véhicules "ne sont pas équipés de logiciels de fraude aux dispositifs de dépollution".
Mise à jour à 14h30