Publié le 07 février 2014
ENVIRONNEMENT
Le Japon, terre d'élection de la voiture hybride
Quelles sont les automobiles les plus vendues au Japon ? Des Toyota, cela va presque de soi, mais pas des classiques bas de gamme, non, des hybrides. Les deux voitures les plus achetées en 2013 ont en effet été les Aqua et Prius, les deux modèles-vedettes du premier constructeur mondial et pionnier des doubles-motorisations à essence et électricité.

De 2008 à 2012 déjà, la gamme hybride Prius de Toyota, dont la version initiale fut commercialisée en 1997, caracolait en tête du palmarès des ventes de voitures au Japon. Mais pour la première fois en 2013, la proportion des hybrides parmi les voitures de tourisme vendues a franchi la barre des 20% (17% tous types de gabarits de véhicules à quatre roues confondus). « Les hybrides sont très adaptées à la conduite dans les villes japonaises », explique un industriel du secteur, connaisseur des marchés européens et nippon. Il est vrai que dans les rues de Tokyo on ne peut avancer qu'à petite vitesse en étant souvent stoppés. Qui plus est, la plupart des automobiles ont des boîtes de vitesses automatiques. Mais à l'évidence d'autres facteurs jouent. D'abord, l'essence est chère. Le yen a chuté de 25% face au billet vert l'an passé et le prix à la pompe a tendance à grimper d'autant puisque tout le carburant importé est facturé en dollars. Des campagnes de subventions étatiques à l'achat de véhicules écologiques ont également favorisé le choix des hybrides, mais pas tant en 2013 que l'année précédente, car une partie de ces aides a pris fin en septembre 2012. Ce qui a surtout fait décoller le marché des hybrides c'est la baisse du prix des premiers modèles. L'offensive a été lancée il y a quelques années par Honda, avec une berline à moins de 2 millions de yens (15 000 euros). Il s'agit du seuil psychologique en-deçà duquel beaucoup de Japonais sont prêts à franchir le Rubicon, et ce fut le cas.
Le diesel quasiment absent du parc nippon
Une autre raison explique l'engouement des Nippons pour les hybrides c'est qu'ils n'ont pas d'autres choix s'ils veulent autre chose qu'un modèle à essence à prix raisonnable. Au Japon, les électriques sont jugées trop chères et les modèles diesel n'existent pour ainsi dire pas, parce qu'ils sont jugés trop polluants. Beaucoup se souviennent d'une conférence de Shintaro Ishihara, gouverneur de Tokyo de 1999 à 2012, qui avait quasiment jeté à la figure des journalistes une substance noire dégoûtante en s'exclamant: « voilà ce que rejettent les moteurs Diesel ». Ainsi en 2003 Tokyo s'est doté de normes si strictes sur les rejets de particules fines par les voitures diesel que cela revenait quasiment à les interdire. Ce mouvement s'est ensuite étendu à d'autres grandes agglomérations de l'archipel où le diesel n'a pas bonne presse depuis au moins 20 ans. En 2007, sept constructeurs d'automobiles japonais avaient fini au bout de près de dix ans de procédures judiciaires par accepter de verser des indemnités à 520 habitants de Tokyo victimes de la pollution atmosphérique causées selon eux par les diesel. Ce qui fait de l'archipel un cas d'école pour l'abandon du diesel.