Publié le 16 février 2022
ENVIRONNEMENT
La contamination plastique des océans est irréversible : les principaux chiffres en une infographie
Les images chocs d'ours polaires se débattant avec des sacs plastiques ou de tortues avec des pailles dans les narines ont fait le tour du monde. Mais au-delà de ces clichés emblématiques, la pollution plastique contamine toutes les parties des océans, alerte le WWF dans un nouveau rapport. L'ONG appelle à la mise en place d'un traité international contraignant sur le plastique. Des négociations formelles pourraient être lancées à l'Onu à la fin du mois avec le soutien de la France.

@Andreas Alexander / WWF
De la surface aux grands fonds marins, des pôles aux côtes des îles les plus isolées, du plus petit plancton à la plus grosse baleine, la pollution plastique a atteint "toutes les parties des océans" et menace la biodiversité marine, alerte le WWF dans un nouveau rapport qui compile plus de 2 000 études scientifiques sur le sujet. Cette contamination est en grande partie due aux plastiques à usage unique, qui constituent plus de 60% de la pollution marine. Ils se dégradent au fur et à mesure de leur séjour dans l'eau, devenant de plus en plus petits, jusqu'au "nanoplastique" d'une taille inférieure au micromètre (millième de millimètre).
"Tout porte à croire que la contamination de l'océan par le plastique est irréversible. Une fois répartis dans l'océan, les déchets plastiques sont presque impossibles à récupérer. Ils se dégradent régulièrement et la concentration de micro et nanoplastiques continuera donc à augmenter pendant des décennies" explique Heike Vesper, directrice du programme marin du WWF Allemagne.
L’irréversibilité de la contamination plastique des océans est telle que les experts estiment que même si plus aucun plastique n'arrivait dans l'océan, le nombre des microplastiques devrait quand même y doubler d'ici 2050. Or, la situation devrait plutôt empirer. Selon les estimations citées par le WWF, la production de plastique dans le monde devrait doubler d'ici 2040. La pollution plastique des océans se trouverait dès lors multipliée par quatre d’ici 2050 et par 50 d’ici 2100.
"Il y a une limite à la pollution que peuvent absorber nos écosystèmes"
Pour Eirik Lindebjerg, responsable du dossier plastique au WWF, "nous atteignons un point de saturation pour les écosystèmes marins qui fait peser une menace non seulement sur des espèces données mais affecte tout l'écosystème". L’expert compare la situation à la crise climatique et ses "budgets carbone", quantité maximale de CO2 pouvant être rejetée dans l'atmosphère avant certaines conséquences. "C'est la même chose avec le plastique. Ce que nous montrons dans ce rapport c'est qu'il y a une limite à la pollution que peuvent absorber nos écosystèmes," explique-t-il.
Limite déjà atteinte côté microplastiques en plusieurs points du globe pointe le WWF, notamment en Méditerranée, dans les mers Jaune et de Chine orientale (entre la Chine, Taïwan et la péninsule coréenne) et dans la banquise arctique. "Nous devons considérer la question comme celle d'un système fini qui n'absorbe pas le plastique et c'est pourquoi nous devons aller vers zéro émission, zéro pollution, aussi vite que possible", insiste Eirik Lindebjerg. Car chercher à nettoyer les océans est "extrêmement difficile et cher" et il est bien moins coûteux et efficace d'agir en amont.
Ce rapport est publié à quelques semaines de l’Assemblée des Nations Unies sur l’environnement (ANUE), vice-présidée par la France. Cette réunion, qui se tiendra du 28 février au 2 mars à Nairobi au Kenya, pourrait lancer des négociations formelles sur un traité international contraignant sur la pollution plastique. Lors du One Ocean Summit, qui a eu lieu à Brest du 9 au 11 février, le président Emmanuel Macron a soutenu un tel traité. 156 pays, 700 organisations, une centaine d’entreprises mondiales et deux millions de personnes ont également signé une pétition du WWF pour voir aboutir un accord mondial sur le plastique.
Concepcion Alvarez @conce1 avec AFP