Publié le 10 août 2020
ENVIRONNEMENT
L’île Maurice lutte contre une terrible marée noire et demande l’aide de la France
Des efforts désespérés pour éviter une catastrophe écologique dans les eaux cristallines de l'Ile Maurice sont en cours depuis samedi. Un pétrolier contenant 4 000 tonnes de carburant s'est échoué dans cette zone maritime protégée, et déjà un quart de son chargement s’est déversé dans l’océan. Le Premier ministre Mauricien a demandé l’aide de la France.

@JeanAurelioPrudence/L'expressMaurice/AFP
Fin juillet, le vraquier japonais Wakashio, transportant 4 000 tonnes de carburant s’est échoué dans le lagon de la Pointe d'Esny au sud est de l’Ile Maurice. Depuis le 6 août, environ 1 000 litres de carburant se sont déversés par des brèches dans la coque, souillant les eaux limpides de l’île. Depuis trois jours, la population du pays se mobilise pour faire face. Alors que la fuite semble temporairement contenue, le bateau risque désormais de se briser, selon les autorités et des ONG sur place.
Le Premier ministre mauricien Pravind Jugnauth a demandé une aide d'urgence à la France, expliquant que la petite nation de l'Océan Indien n'avait pas les moyens matériels ou techniques de faire face à ce qui pourrait être une tragédie environnementale. "Lorsque la biodiversité est en péril, il y a urgence d'agir. La France est là. Aux côtés du peuple mauricien", a écrit le président français Emmanuel Macron sur Twitter, annonçant l'envoi d'une aide à partir de La Réunion. Sur place la population reproche au gouvernement de ne pas avoir anticipé la situation.
Le naufrage du #Wakashio représente un danger pour l'île Maurice. Notre pays n’a pas les compétences et l’expertise pour le renflouage des navires échoués, c’est ainsi que j’ai sollicité l’aide de la #France à @EmmanuelMacron. pic.twitter.com/30m2pQzEy4
— Pravind Jugnauth (@PKJugnauth) August 7, 2020
Le navire de la marine française Le Champlain a navigué samedi pour Maurice, tandis qu'un avion des forces aériennes devait effectuer deux rotations au-dessus du site du déversement, tous deux équipés d'équipements de lutte. Le récif de la côte sud-est de l'île est un joyau écologique connu pour ses sites de conservation classés internationalement, ses eaux turquoises et ses zones humides protégées. Des images aériennes prises ces derniers jours montrent déjà l'ampleur du désastre : d'immenses nappes noires dans la mer azur, se déplacent vers les lagons, les récifs coralliens et les plages idylliques de sable blanc qui ont fait de l'Ile Maurice une perle du tourisme vert.
Depuis samedi, des volontaires ont construit à la hâte des cordons flottants, faits de paille et de bouteilles vides, pour essayer de contenir la nappe dérivante. Ceux-ci se révéleraient d’une efficacité très relative. "Nous ne nous remettrons jamais de ces dégâts. Mais ce que nous pouvons faire, c'est essayer de les limiter", explique à l'Agence France-Presse Sunil Dowarkasing, un ancien militant de Greenpeace et expert environnemental, qui participe au nettoyage.
Yesterday, @JudithvanHilten and I joined hundreds of volunteers across the island making and sewing booms stuffed with sugar cane to help prevent the #Wakashio oil spill disaster in #Mauritius. Thanks to @eco_sud and other NGOs for making it happen! pic.twitter.com/WXanxWEYIY
— Sylvestre Dupont (@SlyBridges) August 9, 2020
De son côté, l’opérateur du vraquier, Mitsui OSK Lines a mis en place des opérations pour limiter les fuites d'hydrocarbures. Mais selon un porte-parole de l’entreprise, des tentatives pour évacuer du carburant en hélicoptère ont échoué. "Nous avons essayé de placer un barrage de confinement autour du navire, mais cela ne fonctionne pas bien en raison des fortes vagues", a-t-il expliqué depuis Tokyo.
Ludovic Dupin avec AFP