Publié le 13 août 2015
ENVIRONNEMENT
Explosion d'un entrepôt de produits chimiques en Chine: la sécurité industrielle une nouvelle fois questionnée
Un nouvel accident industriel s’est produit dans la nuit de mercredi à jeudi en Chine, dans la ville portuaire de Tianjin. Pour le moment, l’enquête privilégie une négligence et la police est en train d’entendre les cadres de l’entrepôt, où deux gigantesques explosions ont fait au moins 50 morts et 700 blessés selon un bilan provisoire. Le président chinois, Xi Jinping, a promis des punitions sévères si des manquements étaient avérés.

YUE YUEWEI/ XINHUA/ AFP
C’est le dernier accident industriel d’une longue série en Chine. Et cette fois encore, le respect des normes de sécurité est questionné. Dans la nuit de mercredi à jeudi, deux immenses explosions ont eu lieu dans un entrepôt de la zone portuaire de Tianjin, une ville de 15 millions d’habitants, près de Pékin. Un container rempli de produits explosifs a pris feu pour une raison encore inconnue. Le bilan provisoire est déjà très lourd : au moins 50 morts, dont 12 pompiers, et 700 blessés, parmi lesquels 71 sont dans un état critique.
L’équivalent de 21 tonnes de TNT
L’onde de choc a été ressentie sur plusieurs kilomètres à la ronde. D’après l’agence de presse Chine nouvelle, la première explosion correspondait à l’équivalent de 3 tonnes de TNT, la deuxième à 21 tonnes. Et selon l’agence sismologique chinoise, la première explosion a provoqué un séisme d’une magnitude de 2,3 sur l’échelle de Richter, la deuxième de 2,9.
L’entrepôt appartient à Tianjin Dongjiang Port Rui Hai International Logistics, une entreprise fondée en 2011 spécialisée dans le stockage et la logistique de contenairs de produits dangereux.
Des punitions sévères et une répression accrue
Ses cadres ont été arrêtés et sont actuellement entendus par la police. Pour l’instant, l’enquête privilégie une négligence. Le président chinois Xi Jinping a assuré que des punitions sévères seraient prises en cas de manquements concernant les normes de sécurité et promet une répression accrue pour renforcer la sécurité des sites industriels.
Un ouvrier ayant survécu à l’explosion a expliqué, sur China Radio International, que ses collègues et lui n’avaient jamais été formés à la manipulation de produits chimiques dangereux. Par ailleurs, une inspection de sécurité il y a deux ans a révélé que l'entreprise avait bafoué les normes d'emballage signalant comme dangereux les produits stockés dans certains de ses contenairs, indique Reuters.
Selon Le Quotidien du peuple, organe du Parti communiste chinois, "l’entrepôt n’aurait jamais dû réussir à passer tous les contrôles environnementaux". En effet, il est situé à proximité d'habitations, d'axes routiers et de deux hôpitaux, alors que les normes imposent que les sites entreposant des matériaux dangereux soient éloignés d'au moins un kilomètre.
La justice de plus en plus sévère
La Chine est coutumière de ce genre d’accidents industriels. En août dernier, une explosion avait déjà fait 146 morts dans une usine de pièces de rechange de voitures, près de Shanghai. Elle avait été provoquée par la combustion de la poussière produite lors des opérations de polissage. Les normes de sécurité avaient été pointées du doigt et deux responsables de l’entreprise avaient été arrêtés. En juillet dernier, ce sont 15 personnes qui avaient trouvé la mort lors de l’explosion d’un site illégal de stockage de feux d’artifice dans la province du Hebei, dans le nord de la Chine.
L'ONG China Labour Bulletin a mis au jour plus de 340 accidents industriels depuis le début de l'année en Chine, détaillés dans une carte interactive (ci-dessus). Pour Geoffrey Crothall, militant au sein de l'ONG basée à Hong-Kong et cité par Le Monde, "les règles de sécurité sont légion en Chine, mais faiblement appliquées (...) la sécurité passant après la recherche du profit".
Mais le gouvernement de Pékin est de plus en plus sévère envers les entreprises. Les condamnations pour crimes environnementaux ont par exemple été renforcées ces derniers mois. Fin décembre, un groupe de six entreprises s’est vu infliger une amende record de 22,5 millions d’euros pour avoir pollué deux rivières.
Greenpeace alerte sur les risques sanitaires
A Tianjin, l’incendie est toujours en cours. Les opérations pour l’éteindre ont été suspendues en raison des produits dangereux qui demeurent sur le site. Quelque 200 soldats formés pour faire face à des catastrophes chimiques sont arrivés sur place pour mener des opérations de nettoyage.
L’ONG Greenpeace s’inquiète des risques que représentent ces produits pour les habitants et exhorte le gouvernement à être transparent. " Selon la station de surveillance de l'environnement Tianjin Tanggu, les produits chimiques stockés comprennent notamment du cyanure de sodium et du carbure de calcium, dangereux pour la santé. Le carbure de calcium peut par ailleurs réagir au contact de l'eau et provoquer une nouvelle explosion. C’est un défi pour les pompiers et, avec les prévisions de pluie pour demain, cela constitue un risque majeur."
La mairie de Tanjin a reconnu que des composants chimiques "toxiques et nocifs" avaient été détectés dans l'air.
Actualisation le 14 août à 11h40