Publié le 07 octobre 2021
ENVIRONNEMENT
Après les inondations à Marseille, les plages ensevelies sous des tonnes de déchets
Après les épisodes de pluies exceptionnelles qui se sont abattues sur Marseille, des tonnes de déchets se sont déversées sur les plages de la cité phocéenne et dans la Méditerranée. Une situation qui relève d'un "écocide" dénonce la municipalité alors que depuis une semaine, les déchets s'amoncelaient dans la ville en raison d'une grève des éboueurs. La métropole est pointée du doigt pour son manque d'anticipation.

NICOLAS TUCAT / AFP
C’est un épisode dramatique pour la deuxième ville de France. Dans la nuit du dimanche 3 au lundi 4 octobre, des pluies torrentielles se sont déversées sur la cité phocéenne. "L’équivalent de plusieurs mois de pluie", estime Météo-France. Le fleuve Huveaune, en crue, a débordé de son lit et emporté des tas de détritus, y compris des bouteilles de gaz, des frigos, des pièces d'automobiles... "Des images d'horreur", dénonçait mardi l'adjointe au maire de Marseille à l'Environnement, Christine Juste.
À l’origine du désastre, selon Mathilde Chaboche, adjointe à l'Urbanisme, "une politique de gestion foncière complètement anachronique". Sous les mandatures précédentes, accuse-t-elle, "on a continué à bétonner de partout, oubliant complètement que la nature avait besoin d'espace où l'eau puisse s'écouler". C'est aussi "une question de tuyaux", ajoute-t-elle, Marseille manquant cruellement "d'un réseau d'évacuation des eaux pluviales".
Un scandale écologique
Si l’urbanisation massive de Marseille est pointée du doigt, ces épisodes pluvieux, qui ont tendance à s’intensifier en raison du changement climatique, se sont déroulés au moment où des tonnes de détritus s’accumulaient dans la ville après une semaine de grève des éboueurs. Les pluies ont tout emporté sur leur passage, déversant des tonnes de déchets sur les plages dont une grande partie a fini dans la mer. Pour l’adjoint au littoral et à la biodiversité à la mairie de Marseille (PS), il s’agit ici d’un "scandale écologique", même d’un "écocide".
L’association Clean My Calanques a lancé un appel à volontaire pour venir nettoyer les plages. Des centaines de personnes se sont retrouvées, sac à la main, ramassant des canettes, des bouteilles, des pneus… Fait rare, la préfecture de police des Bouches-du-Rhône a décidé de réquisitionner par arrêté les agents de propreté, y compris les grévistes, justifiant une "persistance des atteintes à la salubrité et à la sécurité publiques, en dépit des mesures prises par la Métropole pour y remédier".
Les Marseillais au rendez-vous pour nettoyer le littoral jonché de détritus après les grèves et les intempéries. Ils répondent à l’appel de CleanMyCalanque à l’Escale Borely. #Marseille c’est aussi ça ! @maritimamedias pic.twitter.com/PhhyU5kpId
— Marion Chaix (ChaixMarion) October 6, 2021
Les élus municipaux accusent la métropole, en charge de la propreté et de la gestion des déchets, de ne pas avoir su anticiper cet épisode météorologique certes exceptionnel mais prévisible, en faisant ramasser les ordures en urgence dans le week-end. Dans une lettre adressée à Emmanuel Macron et publiée dans le journal La Provence, le maire de la deuxième ville de France, Benoît Payant, a demandé une "réforme immédiate de la gouvernance locale" et la reprise par la ville de cette compétence. "Se servir d'une catastrophe naturelle pour faire de la politique de caniveau, c'est indigne d'élus responsables", ont dénoncé de leur côté les élus de la majorité de droite à la métropole dans un communiqué.
Marina Fabre, @fabre_marina avec AFP