Publié le 21 juin 2017

ENVIRONNEMENT

Pic de pollution : la vignette Crit'air a fait ses preuves en Allemagne

Alors qu'Airparif a lancé une alerte au pic de pollution, Paris s'apprête à infliger des amendes aux automobilistes qui ne posséderaient pas leur éco-vignette : la vignette Crit'air. En Allemagne, cela fait presque dix ans que des systèmes similaires sont en vigueur. Quel bilan les villes allemandes tirent-elles du dispositif ? Leur expérience peut-elle profiter au dispositif français ? 

Berlin fut une des premières villes allemandes à avoir introduit le système aux trois plaquettes, dès 2008. En presque dix ans, les émissions de particules fines ont baissé de 60%.
Paul Zinken / DPA / AFP

Alors qu'un nouveau pic de pollution touche plusieurs villes françaises, Paris s'apprête à appliquer, à partir du 1er juillet 2017, des amendes aux automobilistes non équipés d'une pastille Crit'air. Elle note le niveau de pollution d'un véhicule et indique donc son autorisation ou non de circuler. Outre-Rhin, cette pratique est courante. Une amende de 80 euros est infligée lorsque l’on circule dans les centres-villes sans pastille verte collée au pare-brise. Les contrôles sont nombreux. Sur place, les éco-vignettes sont entrées dans les moeurs. 

Depuis le 1er janvier 2008, les voitures polluantes sont interdites à la circulation dans la plupart des grandes villes d’Allemagne. L’administration allemande reconnait trois niveaux d’émissions auxquels correspondent trois plaquettes : verte pour les véhicules les plus vertueux, orange et rouge pour les plus polluants. Seuls les véhicules arborant la fameuse pastille verte sont autorisés à circuler dans des zones dites environnementales (Umweltzonen). 

60% de particules fines en moins à Berlin

Ce sont les autorités communales qui fixent les limites géographiques de ces zones – généralement en centre-ville – ainsi que le seuil d'émission autorisé. La démarche de ces municipalités reste néanmoins volontaire : les communes et agglomérations ne sont pas tenues de créer ces zones environnementales. L’Allemagne en compte actuellement 54, réparties dans les principales villes du pays.

Berlin fut une des premières à avoir introduit le système aux trois plaquettes, dès 2008. En presque dix ans, les émissions de particules fines ont baissé de 60% (soit une réduction de 173 tonnes de particules fines) et les émissions de dioxyde d’azote ont enregistré une baisse de 20% (soit 1,5 tonnes de moins).

Et sur le reste du pays ? Selon les derniers chiffres disponibles, les émissions de particules fines ont diminué en moyenne de 17% entre 2008 et 2012, avec de fortes disparités selon les villes (-10% pour le port de Brême, -41,5% pour la ville de Leipzig). Et le nombre de journées de pic de pollution a diminué de 22 jours par an sur la même période.

Aller au-delà des éco-vignettes

Mais l’Allemagne doit faire plus. La Commission européenne a récemment critiqué cinq pays européens, dont la France et l’Allemagne, en raison de l’insuffisance de leurs actions en matière d’amélioration de la qualité de l’air dans leurs agglomérations. Alors, pas si efficaces, les pastilles ?

Pour Jens Hilgenberg, spécialiste transport de l’organisation non gouvernementale BUND, il est nécessaire d’aller au-delà des éco-vignettes si on veut atteindre un niveau satisfaisant de qualité de l’air. "Ce n'est pas tout de créer des zones environnementales. Il faut réussir à faire baisser le nombre de voitures dans les villes, explique-t-il. Plus de vélos, plus de transports publics, des bus équipés de filtres adéquats, mais aussi arrêt de l'étalement urbain... La mobilité durable ne peut se reposer uniquement sur le seul critère automobile."

Claire Stam @stam_claire


© 2023 Novethic - Tous droits réservés

‹‹ Retour à la liste des articles

ENVIRONNEMENT

Pollution

Fleuves impropres à la consommation, terres stériles, produits toxiques déversés massivement, la liste des pollutions de toutes natures est longue. Les initiatives visant à les réduire se font plus nombreuses mais elles restent très inférieures aux besoins.

Oiseau dechet pollution plastique istock

La plasticose, cette nouvelle maladie dont souffrent les oiseaux marins

Une nouvelle étude menée en Australie a permis d’identifier une pathologie touchant principalement les oiseaux marins : la plasticose. Cette dernière, provoquée par l’ingestion de fragments de déchets plastiques, engendre une inflammation du système digestif des volatiles. Une découverte alarmante,...

Accident train East Palestine Ohio DUSTIN FRANZ AFP

Catastrophe chimique d'ampleur aux États-Unis après le déraillement d'un train

Le déraillement d'un train transportant des substances chimiques fait craindre le pire aux États-Unis. L'accident a eu lieu le 3 février dernier, dans l'Ohio. D'immenses panaches de fumées hautement toxiques ont fait la Une des journaux et des réseaux sociaux. Si les habitants ont depuis pu revenir...

Supermarche alimentation istock 01

Proposition historique pour interdire les polluants "éternels" PFAS au sein de l’Union européenne

Les PFAS vont-elles enfin être interdites ? Dénoncées dans le film Dark Waters en 2019, ces substances également appelées "polluants éternels" pour leur persistance dans l'environnement, continuent d'inonder notre quotidien. Mais l'Agence européenne des produits chimiques (ECHA) vient de présenter...

Porte avions foch naufrage AFP

Le naufrage du porte-avions Foch, un "crime environnemental" au fond de l’océan

Le porte-avions Foch, fleuron français passé sous pavillon brésilien en 2000, a été coulé dans l'océan Atlantique. Vétuste, trop endommagé, refusé dans tous les ports du monde, le navire pourtant hautement toxique, va désormais contaminer l'écosystème marin. Amiante, PCB, métaux lourds... les ONG...