Publié le 21 novembre 2019
ENVIRONNEMENT
Réduire ses impôts en achetant des produits d’occasion ou écoconçus, c’est l’idée de la Camif et du BonCoin
Et si en achetant un meuble écoconçu, en faisant réparer votre lave-linge chez un professionnel, en dénichant un jean en fibre recyclé… vous payiez moins d’impôts ? C’est l’idée portée par le directeur de la Camif, Emery Jacquillat, et celui de LeBonCoin, Antoine Jouteau. Ils proposent un crédit d'impôts de 15 % sur ces produits. Si pour l'instant aucun député n'a déposé d'amendement en ce sens dans la loi économie circulaire, le lobbying a commencé.

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Récompenser l'achat de produits responsables en baissant les impôts. L'idée vient non pas d'ONG mais de deux patrons d'entreprises, Emery Jacquillat, et Antoine Jouteau. Les deux directeurs de, respectivement, la Camif et de LeBonCoin proposent de mettre en place un crédit d’impôts de 15 % pour les consommateurs qui achèteraient des produits responsables (écoconstruits ou d’occasion) dans une limite de 3 000 euros par an soit 20 000 euros d’achats, hors véhicule. Les réparateurs agréés par les éco-organismes seraient également inclus dans la boucle.
Concrètement, chaque consommateur devrait garder ses factures et les envoyer aux services des impôts en fin d’année pour pouvoir bénéficier de ce dispositif. "Il y a une prise de conscience des enjeux écologiques chez le citoyen, c’est le bon moment pour activer le levier fiscal et accélérer la transition", croit Émery Jacquillat. "Cette mesure permettra de réduire l’écart de prix entre un produit neuf de base et un produit écoconçu qui coûte plus cher", assure-t-il.
Bercy ne veut pas de niche fiscale
Un dispositif soutenu par des associations comme Halte à l’Obsolescence programmée (HOP). "Cette mesure vise à démocratiser l’accès aux produits de seconde main dans une logique d’économie circulaire", estime HOP. "Ce crédit d’impôt représente un levier temporaire nécessaire pour dynamiser tout l’écosystème économique de la durabilité en attendant que les produits durables, réparables et de seconde main deviennent la norme."
Les deux entrepreneurs espèrent inclure cette mesure dans le projet de loi anti-gaspillage et économie circulaire examiné par les députés de la Commission développement durable depuis le 20 novembre. Pour l’instant, aucun député n’a déposé d’amendement en ce sens mais plusieurs se montreraient intéressés. Le ministre de la Transition écologique aurait fait valoir que Bercy freinerait sûrement des quatre fers devant un tel dispositif, arguant sa volonté de supprimer les niches fiscales.
Doper le pouvoir d'achat et relocaliser l'emploi
"Cela ne veut pas dire que c’est impossible, on y croit. On a des idées pour financer ce crédit d’impôts, notamment une taxe sur les plastiques non recyclables", avance le patron de la Camif qui met en avant les bénéfices d’un tel dispositif. "C’est une mesure sociale qui doper le pouvoir d’achat. Il y a un avantage environnemental indéniable, et elle va permettre de créer de l’emploi en France", souligne Emery Jacquillat.
Le secteur de la mode est particulièrement touché par la tendance aux produits de seconde main. Une étude de GlobalData publiée par ThredUp estimait que d’ici 2028 les ventes de produits d’occasion dépasseront celles des enseignes de la fast fashion aux États-Unis et atteindront 64 milliards de dollars. D’autres secteurs, comme celui de l’électroménager, se mettent au diapason avec des indices de réparabilité pour allonger la durée de vie des produits.
Marina Fabre, @fabre_marina