Publié le 19 juillet 2017

ENVIRONNEMENT

[VIDEO] Kerval Centre Armor transforme les déchets non recyclables en combustible

Comment réduire l'enfouissement des déchets ? Le site de tri et valorisation des déchets Kerval Centre Armor, près de Saint-Brieuc, a misé sur de nouvelles techniques de recyclage. En plus des bouteilles plastiques et flacons, ce centre recycle les barquettes, les pots et les films plastiques. Les déchets intraitables sont eux transformés en CSR (combustible solide de récupération). Un combustible à très forte densité énergétique récupéré par les cimentiers. Une première en France.


Marina Fabre

Les camions-bennes défilent à l'usine Généris, le centre de tri et valorisation de déchets des Côtes d’Armor près de Saint-Brieuc. Ils déchargent les tonnes de déchets ménagers ramassés dans les agglomérations voisines. Au total, Kerval Centre Armor, le syndicat qui gère les déchets, réceptionne plus de 200 000 tonnes de matières par an.

60 000 tonnes sont enfouies sous terre chaque année. Un impact environnemental fort qui pourrait être évité ou du moins considérablement réduit. Pour cela, le syndicat a misé sur une optimisation du centre de tri et le développement d'une unité de valorisation, mis en place progressivement depuis 2013. L'objectif est de passer à seulement 1200 tonnes d’enfouissement par an. Une réduction de 98% !

Recycler le plus de matières possible

La première étape a été l’extension des consignes de tri. "Dans le secteur de Kerval, les habitants peuvent mettre dans leurs poubelles jaunes des bouteilles et des flacons à recycler, comme partout, mais aussi des pots, des barquettes et des films plastiques", explique Ronan Cadec, en charge du recyclage, des reprises matières et du suivi technique du centre de tri Généris. Cette extension a demandé d'adapter l'usine de tri en l'automatisant et en améliorant la ségrégation des déchets.

Deux machines, le trommel et le crible balistique, sont chargées de séparer les entrants en deux flux. D'un côté, les corps plats, composés essentiellement de papier, carton et journaux et, de l'autre, les corps creux comme les bouteilles, canettes et flacons. Dans un second temps, les films plastiques plats sont séparés du papier par un système de tri optique. Ceux-ci sont éjectés du flux par des dispositifs à air comprimé.

Ces déchets triés vont être compressés en cubes. Ces balles, comme elles se nomment, peuvent aller de 400 à 1200 Kg. Elles seront alors expédiées par camion vers des usines de recyclage.

Transformer les déchets intraitables en combustible

Le plastique qui ne peut être recyclé prend la direction de la nouvelle usine voisine de valorisation, inaugurée en avril 2017. "Tous les plastiques qui n’ont aucune solution de recyclage vont être broyés. Avec cette matière, nous allons créer des CSR, des combustibles solides de récupération. C’est un combustible à très forte densité énergétique. Ce CSR va être récupéré essentiellement par les cimentiers comme Lafarge", souligne Ronan Cadec. "Les CSR peuvent alimenter des réseaux de chaleurs urbains ou des process industriels gourmands en énergie", détaille Jean-Benoît Orveillon, directeur tri et économie circulaire de Kerval Centre Armor.

La valorisation des déchets, "une question d'indépendance énergétique"

Le site Kerval Centre Armor fait figure de pionnier. La France est plutôt mauvaise élève sur la question. Elle occupe la 14ème place des pays européens quant à la valorisation des déchets. Neuf pays (Suisse, Autriche, Pays-Bas...) caracolent en tête avec des taux de valorisation de 99,8% à 96,3%. La France affiche un taux de 63,5%. "Cet écart est essentiellement dû à une part plus élevée de valorisation énergétique et une utilisation plus importante des plastiques dans les CSR dans les pays voisins", estime Plastics Europe, association des produits de matières plastiques.

"Il y a, pendant longtemps, eu un manque de volonté politique car la France est un grand pays avec de la place et une forte tradition de la décharge", analyse Michel Loubry, directeur général Europe de l’Ouest de Plastics Europe. "Pourtant, c’est une question d’indépendance énergétique. Plus on se tournera vers les CSR, moins on devra extraire des énergies fossiles et moins on polluera", résume-t-il.

Le Premier ministre Edouard Philippe a fixé un objectif de 100% de déchets plastiques valorisés d’ici 2025. Reste à trouver des financements pour créer une véritable filière française.

Marina Fabre @fabre_marina


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