Publié le 21 décembre 2015
ENVIRONNEMENT
Chine : un parc industriel près de Shenzhen enseveli sous une coulée de boue de déchets
Dimanche 20 décembre, une immense coulée de boue provoquée par un glissement de terrain a dévasté une partie d’un parc industriel près de la ville de Shenzhen, dans le sud de la Chine. C’est une montagne de déchets provenant d’excavations de sites de construction de la région qui s’est effondrée. Pour le moment, les autorités parlent d’une centaine de victimes mais le bilan devrait s’alourdir.

Liang Xu Xinhua / AFP
C’est un torrent de boue, immense, qui a dévalé une partie d’un parc industriel, près de Shenzhen, au sud de la Chine, dimanche 20 décembre vers midi. Une catastrophe qui a causé l’effondrement de plus d’une trentaine d’immeubles sur près de 100 000 mètres carrés. Près de 100 personnes sont portées disparues. Et plus de 900 autres ont dû être évacuées. Le glissement de terrain a aussi sectionné une conduite de gaz naturel, provoquant une explosion qui a projeté des débris sur plus de dix hectares alentours.
Une "catastrophe qui n’a rien de naturel", souligne le correspondant du Monde à Pékin. "La boue provient d’une ancienne carrière qui accueillait depuis des années les déchets des excavations des sites de construction de la région, jusqu’à former une colline artificielle de près de 100 mètres de hauteur. Elle a fini par basculer, peut-être sous l’impact de fortes pluies."
Selon la presse officielle chinoise la colline de terre avait été constituée illégalement. Et des signaux d’alerte avaient déjà été lancés selon le Monde, qui cite une étude d’impact environnemental de janvier prévenant que la décharge de Hengtaiyu était "un site à risque en raison d’une érosion des sols de la carrière susceptible de conduire à des effondrements". La corruption de fonctionnaires du gouvernement du district est aussi mise sur la table par les journaux chinois.
La sécurité industrielle de nouveau mise en cause
Le parc de Hengtaiyu, où s’est déroulé l’accident, est situé à une trentaine de kilomètres au nord-ouest de Shenzhen. Il "appartient au patchwork de zones industrielles qui constitue la périphérie de la mégalopole : usines et ateliers de sous-traitance y côtoient des champs et des villages convertis en dortoirs pour migrants. Y règne une anarchie urbaine souvent très éloignée de l’image de hub high-tech que projette la célèbre « zone économique spéciale » de Shenzhen", souligne encore le correspondant du Monde.
Le drame vient aussi s’ajouter à une série d’accidents industriels de grande ampleur en Chine. En août dernier, une immense explosion dans le port de Tianjin avait provoqué une centaine de morts et plus de 700 blessés. A l’époque, cet accident spectaculaire avait fait la Une des journaux du monde entier. Et semblé constituer un tournant dans la prise de conscience des problèmes industriels du pays. Plusieurs dirigeants économiques et politiques impliqués dans la catastrophe avaient notamment été arrêtés. Des arrestations destinées à envoyer un message de "fin d’impunité".
Mais la Chine doit réformer son système en profondeur : en 2014, 66 000 personnes sont mortes dans des accidents industriels.