Publié le 24 février 2018
ENVIRONNEMENT
[VIDEO] Avec la fonte de la glace, les navires traversent l'Arctique sans l'aide de brise-glace
C'est une première. Un navire transportant du gaz naturel liquéfié a pu emprunter la route maritime du Nord, en Arctique, sans l'aide d'un brise-glace. Certes, ce bateau est conçu pour briser 1,8 mètre de mer gelée sans assistance, mais habituellement en hiver, cela ne suffit pas. En cause, notamment, la fonte de la glace. Ce chemin, qui raccourcit les temps de trajet, pourrait bientôt devenir une "route de la Soie polaire" suivant la volonté de la Chine.

Tekkay
C’est un des effets collatéraux du réchauffement climatique : la glace, en Arctique, perd en épaisseur. À tel point que certains navires peuvent maintenant la traverser sans l'aide de brise-glace, en plein hiver. C’est le cas du bateau Eduard Toll, transportant du gaz naturel liquéfié (GNL). Le méthanier, parti de Corée du Sud, a pris en décembre la direction de Sabetta, en Russie, pour arriver à Montoir en France et y livrer le GNL. Un trajet nordique qui est plus rapide que de passer par le Canal de Suez.
La glace est moins épaisse
Habituellement, les navires prenant la route maritime du Nord en cette saison ont besoin de l'assistance de brise-glace. Or, ce méthanier fait partie d'une flotte de 15 bateaux conçus pour briser 1,8 mètre de glace. C'est la première fois qu’un tel navire arrive à faire ce chemin seul. Un autre navire-citerne avait déjà réussi cet exploit en 2017, rapporte Climate Home News, mais c’était pendant l’été.
"Je tiens à souligner que, bien que le réchauffement climatique joue un rôle, la technologique est aussi importante, voire plus importante à ce stade", a déclaré Walt Meier, chercheur scientifique à la NSIDC. "Ce qui est différent sur le plan climatique, c'est qu'il y a beaucoup moins de glace pluriannuelle plus épaisse dans l'ensemble de l'Arctique et le long de la route maritime du Nord".
Le transport maritime va s'accélérer dans la zone
Le chercheur est persuadé que l'accès à cette zone sera, "dans un proche avenir défini autant par la technologie que par le changement climatique". La Chine, la Russie, les États-Unis... Tous ont l'ambition de transformer la route du Nord en "route de la Soie polaire", selon l'expression de Pékin. Un enjeu stratégique, la zone étant riche en hydrocarbure.
Or, la multiplication des navires dans une zone aujourd'hui quasi inaccessible en hiver va renforcer la pollution, et donc le réchauffement climatique. Un cercle vicieux. La banquise s'est réduite, en volume, de 17 % depuis 1979, date des premières mesures. Si rien ne change, en 2040, la banquise aura totalement disparu.
Marina Fabre @fabre_marina