Publié le 29 juillet 2019
ENVIRONNEMENT
[J'agis pour la planète] J’arrête de prendre l’avion
Il y a quelques mois, Novethic a créé la polémique en relayant une étude du cabinet B&L Evolution (1) qui présentait différentes mesures pour limiter le réchauffement climatique à 1,5°C. Cet été, nous revenons sur quelques-unes de ces propositions pour comprendre comment elles pourraient changer la donne et dans quelle mesure elles pourraient s’appliquer. Focus aujourd’hui sur l’interdiction des long-courriers.

@CC0
C’est sans doute la mesure la plus décriée, l’interdiction des vols long-courriers, en tout cas de tous ceux qui ne seraient pas justifiés. Dans son étude publiée en fin d’année dernière (2) sur la trajectoire à suivre pour limiter le réchauffement à 1,5°C, le cabinet de conseil B&L Evolution estime que les efforts du secteur de l’aviation doivent être considérables : -72 % d’émissions de CO2 d'ici à 2030 pour ne représenter plus que 6 millions de tonnes de CO2 à cette échéance.
Pour y parvenir, les experts égrainent plusieurs pistes : interdiction de tout vol hors Europe non justifié à partir de 2020, autorisation de deux vols aller/retour long courrier par jeune de 18 à 30 ans, instauration d’une loterie nationale distribuant 500 000 vols par an, et obligation de justifier chaque déplacement professionnel. "Le respect du budget carbone alloué à l’aviation donne un quota carbone de 5000 km aller/retour par individu sur l’ensemble des 12 prochaines années. La norme doit donc être de ne pas prendre l’avion", précisent-ils.
Deux fois plus de passagers en 2037
Le secteur aérien représente 2 % des émissions de CO2 mondiales mais au moins 5 % de l’impact climatique selon le GIEC, si l’on prend aussi en compte les rejets d’oxydes d’azote et les traînées de condensation, ces nuages blancs qui se forment après le passage d’un avion. En outre, le nombre de passagers devrait doubler en vingt ans, passant de 2,5 milliards dans le monde en 2008, à 4 milliards aujourd’hui et 8 milliards en 2037.
Face à ce constat, certains ont d’ores et déjà choisi de ne plus prendre l’avion pour des raisons écologiques, un phénomène baptisé Flygskam (littéralement "la honte de prendre l’avion") tout droit venu de Suède. Des élus se mobilisent aussi pour interdire les vols nationaux. Aux Pays-Bas, les parlementaires se sont ainsi prononcés pour la suppression de la liaison Amsterdam-Bruxelles (55 minutes) alors que le TGV permet de relier les deux villes en 1h30.
Une écotaxe sur les billets d'avion
En France, le député de la France insoumise François Ruffin a déposé un amendement dans le cadre du projet de loi Mobilités pour interdire les vols intérieurs substituables par le train pour un trajet de moins de 2h30. Prendre l’avion pour un trajet national est sept fois plus polluant qu’en bus et 14 à 40 fois plus polluant que le train, selon l'Ademe. La proposition est soutenue par 69 % des Français, selon un sondage Elabe pour BFM, publié fin juin.
Si l’amendement a finalement été rejeté, le gouvernement a toutefois annoncé la création d’une écotaxe sur billets d’avion pour les vols au départ de la France à partir de 2020, allant de 1,50 à 18 euros. Au niveau européen, la France défend l’instauration d’une taxe européenne sur le kérosène des avions avec quatre autres pays - les Pays-Bas, la Belgique, le Luxembourg et la Suède.
Le secteur réagit en brandissant la menace de 3 000 à 4 000 emplois supprimés et d’une facture évaluée à 350 millions d'euros. Et rappelle qu’il s’est engagé à être carbo-neutre à partir de 2020, c’est-à-dire que la croissance des émissions de CO2 par rapport aux niveaux de 2020 devra être compensée via des crédits carbone, et à diviser par deux ses émissions d’ici à 2050.
Concepcion Alvarez @conce1
(1) Voir l'infographie publiée par Novethic
(2) Lire l'étude de B&L Evolution