Publié le 12 février 2018
ENVIRONNEMENT
Tennis, cyclisme, football, athlétisme… Les sports des JO d’hiver ne sont pas les seuls menacés par le changement climatique
Parmi les marques visibles du changement climatique, l’impact sur le sport est de plus en plus médiatisé. Alors que la neige devient parfois difficile à trouver pour pratiquer les sports d’hiver, on voit aussi des finales de tennis se dérouler en pleine canicule, des stades de football inondés ou des plages de surf inutilisables. Autant de signaux d’alertes qui aident la planète à se mobiliser contre le réchauffement.

Aso/Alex BroadWay
À l’occasion des jeux olympiques d’hiver qui se déroulent actuellement en Corée du Sud à PyeongChang, des alertes se multiplient sur le climat. À l’avenir, les lieux à même d’accueillir les grands évènements sportifs sur neige vont se raréfier en raison du réchauffement. Selon une étude canadienne, 8 des 19 villes ayant accueilli les olympiades d’hiver depuis 1924 ne seraient plus en mesure de le faire d’ici 2050.
D’autres études confirment ce calcul : "Les températures hivernales moyennes dans les Alpes ont déjà augmenté de près de 2°C depuis 1900, soit près du double du réchauffement moyen observé au niveau mondial. Et elles pourraient encore augmenter de 2 à 4°C d’ici la fin du siècle, avec à la clé un effondrement de la couverture neigeuse, estimée entre 70 % et 100 % en dessous de 1500 mètres d’altitude", rapporte The Climate Coalition.
Pics de chaleur, sécheresses, inondations…
Mais d’autres sports sont aussi affectés par ce changement climatique et ses manifestations afférentes. Au point que cela interroge sur la santé des sportifs et des spectateurs. Compilant les données d’une cinquantaine de sources, The Climate Coalition dresse un bilan inquiétant de la manière dont le sport de haut niveau évolue et devient un élément visible du changement en cours sur la planète.
En matière de chaleurs extrêmes, la fondation pointe le cas de la finale de tennis de l’Open d’Australie à Melbourne où la température a dépassé 40°C, alors que les températures moyennes sont normalement de 28°C. Ainsi, la finaliste Simona Halep a dû être hospitalisée pour déshydratation. Lors du Tour de France 2017, les coureurs ont roulé sous plus de 40°C, une canicule qui pourrait devenir courante à l’avenir dans l’Hexagone. Dernier exemple, en 2007, le marathon de Londres s’est couru en avril à plus de 21 °C. 73 participants ont été hospitalisés et l’un d’entre eux en est décédé.
Pour ce qui est des sécheresses, l’ONG rappelle que l’Indian Premier League de Cricket a dû déplacer 13 matchs en raison de terrains rendus inutilisables en raison du manque d’eau. À l’inverse, en Australie, le stade de Brisbane est resté sous 1,5 mètre d’eau plusieurs semaines en 2011. La montée du niveau des eaux est aussi un danger : en Californie, 16 % des plages sont en passe de ne plus pouvoir accueillir les compétitions de surf.
Faire interdire le semi-marathon de Delhi
La pollution de l’air liée aux émissions des transports et des centrales à charbon met également en danger la santé humaine. Lors du semi-marathon de Delhi de 2017, le niveau de polluants atmosphériques a atteint 75 fois le niveau maximal autorisé. L'Indian Medical Association a même intenté une action en justice pour faire reporter l'événement. De son côté, l’Institut du travail allemand (IZA) a calculé que les performances des footballeurs de la Bundesliga (la première division allemande) régressent significativement lors des épisodes de pollution atmosphérique.
Face à ces dangers, le monde du sport se mobilise contre le changement climatique. L’Association américaine du ski a lancé la campagne "Keep Winter Cool" ("Garder l’hiver froid"), tout un symbole dans un pays dont le Président nie le changement climatique. L’Indianapolis Motor Speedway, temple de la course automobile, a installé 39 000 panneaux photovoltaïques pour se verdir. De son côté, le Comité Olympique International demande désormais aux villes hôtes d’inclure des mesures de protection de l’environnement dans leur dossier de candidature.
C’est d’ailleurs en partie sur cet objectif que Paris a bâti sa candidature victorieuse pour accueillir les jeux Olympiques d’été 2024. Elle vise à réduire l’empreinte carbone de ces jeux de 55 % par rapport aux éditions précédentes à Londres en 2012 et à Rio en 2016. "C’était une première de penser tout cela dans la phase de candidature du projet. Je pense que c’est ce qui a séduit le CIO (Comité international olympique)", assure Jérôme Lachaze, responsable développement durable au comité de candidature Paris 2024.
Ludovic Dupin, @LudovicDupin