Publié le 17 août 2022

ENVIRONNEMENT

Shell, BP… Les objectifs climats de géants des hydrocarbures incompatibles avec l’Accord de Paris

1,81°C d'ici 2069 pour Shell, 1,73°C pour Equinor... Des chercheurs ont passé au crible les objectifs climatiques de géants du pétrole et du gaz. Sans surprise, aucun n'arrive à limiter son réchauffement à +1,5°C, rendant leur trajectoire d'émission incompatible avec l'Accord de Paris. 

Pompage petrole CC0 01
La trajectoire de réduction des émissions des géants du gaz et du pétrole n'est pas assez ambitieuse.
@CC0

Les scénarios de décarbonation projetés par plusieurs géants du pétrole et du gaz sont "incompatibles" avec les objectifs de l'accord de Paris destinés à éviter un réchauffement dévastateur du climat, selon une étude dévoilée mardi. Publiée dans la revue Nature Communications, cette étude est une analyse, par une équipe internationale d'experts, de six scénarios d'émissions de trois géants européens de l'énergie - Equinor, BP et Shell - ainsi que de ceux élaborés par l'Agence internationale de l'énergie (AIE).

Les experts ont ensuite comparé ces différentes trajectoires aux scénarios décrits dans un rapport spécial du groupe d'experts du climat des Nations Unies (Giec) pour limiter à 1,5°C le réchauffement moyen de la planète. En analysant tous ces scénarios, l'équipe a estimé quelles seraient les températures maximales et celles à la fin du siècle dans chaque cas. Elle a également analysé les changements fondamentaux du secteur énergétique, contributeur majeur des émissions de gaz à effet de serre, qui pourraient permettre à tel ou tel scénario d'atteindre ou non les objectifs fixé par l'accord de Paris.

"La transformation du secteur énergétique est essentielle"

Cet accord historique de 2015 a vu les nations s'engager à limiter le réchauffement de la planète à un niveau "bien inférieur" à +2°C par rapport à l'ère préindustrielle, voire +1,5°C si possible.

"La plupart des scénarios que nous avons analysés sont incompatibles avec l'accord de Paris, car ils ne parviennent pas à limiter le réchauffement à bien moins de 2°C et dépasseraient largement la limite de 1,5°C", a déclaré Robert Brecha, du groupe de réflexion Climate Analytics, coauteur principal de l'étude.

"La transformation du secteur énergétique est essentielle" pour atteindre les objectifs "et les décideurs ont besoin d'évaluations scientifiques solides et transparentes" telles que cette étude, a-t-il souligné. Leur analyse conclut que le scénario de Shell, surnommé Sky, conduirait à un réchauffement de 1,81°C d'ici 2069. Une porte-parole de Shell a déclaré à l'AFP que ce scénario Sky n'était qu'une possibilité parmi plusieurs, ajoutant que leurs équipes faisaient "des évaluations basées sur des hypothèses et des quantifications plausibles, qui ne sont pas destinées à être des prédictions d'événements ou de résultats futurs probables".

Le scénario Rebalance d'Equinor verrait le réchauffement culminer à 1,73 °C au-dessus des niveaux préindustriels d'ici 2060, selon l'étude. Le scénario Rapid de BP entraînerait un pic de réchauffement de 1,73°C d'ici 2058, tandis que son scénario Net Zero conduirait à un réchauffement médian de +1,65°C maximum, toujours selon l'analyse. Equinor n'a pas souhaité réagir, tandis que BP n'a pas répondu à une demande de commentaire. Pour les auteurs de l'étude, seul le scénario "Net Zero 2050" de l'AIE est pleinement conforme à l'accord de Paris.

La rédaction avec AFP


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