Publié le 01 août 2020
ENVIRONNEMENT
[Sciences] Nos efforts en matière climatique ne pourraient être visibles qu’en 2035, au mieux !
Alors que nous venons de connaître un nouvel épisode caniculaire en France, des chercheurs alertent sur le fait que, malgré des efforts en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre, les impacts sur la température ne seraient pas visibles avant la moitié du siècle et au plus tôt en 2035, dans les scénarios les plus optimistes. Plusieurs études alertent par ailleurs sur une hausse des températures plus importante que prévu dans les années à venir, ce qui ne doit pas nous amener à baisser les bras, bien au contraire.

Denis Charlet / AFP
Cela a de quoi décourager et pourrait même provoquer un effet boomerang, craignent plusieurs chercheurs, face à des mesures jugées inefficaces, à tort. Dans une étude publiée début juillet dans Nature Communications, ils alertent sur le fait que nos efforts en matière climatique pourraient ne pas être visibles avant le milieu du siècle. Et même dans les scénarios les plus optimistes, pas avant 2035. Le système climatique est en effet caractérisé par une importante force d'inertie et une forte variabilité d'une année à l'autre.
"La réduction des émissions, nécessaire, est efficace dès le premier jour, mais il faudra du temps avant que nous puissions mesurer cet effet avec certitude", commente dans un communiqué Bjorn Samset, du centre de recherche norvégien sur le climat Cicero. "Le changement climatique provoqué par l'Homme peut être comparé à un porte-conteneurs lancé à pleine vitesse au milieu de grosses vagues. Si vous voulez ralentir le navire, vous pouvez enclencher la marche arrière, mais cela prendra du temps avant de pouvoir remarquer qu'il a ralenti", poursuit le climatologue.
Les températures ne cessent de grimper
Ainsi, une baisse importante des émissions pourra se voir immédiatement sur les concentrations de CO2 dans l'atmosphère, mais pas sur la hausse des températures qui est pourtant responsable de la multiplication des événements météo extrêmes. Alors "patience !", plaident-ils. Cette réalité "doit être clairement expliquée aux décideurs et à la population, si nous voulons éviter un contrecoup négatif contre des politiques d'atténuation des émissions qui seraient perçues comme inefficaces", insiste l'étude.
Parallèlement, plusieurs études publiées cet été indiquent que le monde s’achemine vers un réchauffement plus important que prévu. La température devrait ainsi dépasser au moins 1,5°C par rapport à l’ère préindustrielle dans les cinq prochaines années. "La probabilité que les températures d’un ou plusieurs mois des cinq prochaines années dépassent d’au moins 1,5 °C les niveaux préindustriels est d’environ 70 %" prévient ainsi l’Organisation météorologique mondiale (OMM). Pour cette année 2020, l’OMM estime que le réchauffement de l'Arctique sera plus de deux fois supérieur à la moyenne mondiale.
Dans l'archipel norvégien de Svalbald, situé tout près du pôle Nord, un record de températures a été battu le 25 juillet. Il a fait 21,7°C contre 5 à 8°C habituellement. Et des chercheurs viennent de prédire la disparition des ours polaires à l’horizon 2100 en raison du réchauffement climatique. Celui-ci devrait finalement se situer entre +2,3°C et + 4,5°C, selon de nouvelles estimations plus pessimistes, la probabilité de rester sous les 2°C étant seulement de 5 %.
Concepcion Alvarez @conce1, avec AFP