Publié le 14 décembre 2019
ENVIRONNEMENT
[Science] Des chercheurs ont découvert une nouvelle bombe climatique, responsable de la fonte de la banquise
Alors que l'Arctique a connu en 2019 sa deuxième année la plus chaude et sa deuxième plus petite banquise jamais enregistrée, au pôle Sud, l'Antarctique fond sous l'effet des rivières atmosphériques. Ces masses de vent qui transportent humidité et chaleur se déversent sur des petites zones de la banquise, ayant sur elles l'effet d'un radiateur. Avec le changement climatique, leur impact devrait être décuplé.

@Bruno Jourdain
Un phénomène de plus vient inquiéter les scientifiques qui suivent la fonte des glaces en Antarctique : les rivières atmosphériques. Selon une étude publiée dans la revue Nature Geoscience fin octobre, ces masses qui transportent chaleur et humidité depuis les régions tempérées vers le pôle Sud se forment en présence d’anticyclones au large des côtes de l’Antarctique. Ces anticyclones empêchent la libre circulation des dépressions autour du continent, l’humidité et la chaleur sont alors contraintes de suivre un chemin unique.
Ces dernières sont acheminées vers une petite zone de l’Antarctique, provoquant des situations anormalement chaudes (+10 °C par rapport à la normale). Couplé à l’important rayonnement des nuages, cela provoque la fonte de la neige et de la glace. La fonte de la barrière de Ross, la plus grande banquise au monde - elle fait la taille de la France - est ainsi systématiquement déclenchée par l’arrivée d’une rivière atmosphérique.
La majorité des rivières atmosphériques pourraient provoquer une fonte massive
Les recherches ont montré que seuls les événements les plus chauds déclenchent aujourd’hui une fonte sur les grandes plateformes. Avec le changement climatique et la hausse des températures, les chercheurs craignent que les fontes de banquise ne se multiplient à l’avenir. "La majorité des rivières atmosphériques pourraient provoquer une fonte massive sur les plateformes (barrières de glace, NDR), mettant en péril leur stabilité", notent les chercheurs de l’Université Grenoble Alpes, du CNRS et de Sorbonne Université, du Royaume-Uni et du Portugal.
Dans les régions tempérées, les rivières atmosphériques causent également d'importants dégâts. Des études estiment qu'elles seraient à l’origine de 40 à 75 % des précipitations extrêmes et des tempêtes. Le réchauffement global, en augmentant le taux d’évaporation de l’eau et d’humidité dans l’atmosphère, devrait produire de plus grosses rivières atmosphériques, et donc renforcer les tempêtes et pluies diluviennes qui leur sont associées.
Concepcion Alvarez @conce1