Publié le 24 novembre 2018
ENVIRONNEMENT
[Science] Même avec un réchauffement limité à +2°C, la fonte des glaces risque d'être irréversible
Une nouvelle étude vient éclairer les conséquences du réchauffement climatique sur la fonte des calottes glaciaires au Nord et au Sud. Les chercheurs estiment que leur point de bascule se situe autour de 2°C d’augmentation, objectif fixé dans l’Accord de Paris. Mais même ainsi, des dommages irréversibles pourraient être causés contribuant à une augmentation catastrophique du niveau des océans.

@Pixabay
La fonte des calottes glaciaires sous l’effet du changement climatique reste un phénomène encore mal appréhendé par les chercheurs, en particulier dans l’Antarctique. Une étude publiée le 13 novembre dans la revue Nature Climate Change (1) vient apporter un nouvel éclairage et tirer une nouvelle fois la sonnette d’alarme. D’après ces recherches, les calottes du Groenland et de l'Antarctique pourraient toutes les deux atteindre leur "point de bascule" autour de 2°C d'augmentation.
Pour les deux calottes, "des points de bascule existent pour des niveaux de réchauffement qui pourraient être atteints avant la fin de ce siècle", explique à l’AFP Frank Pattyn, du laboratoire de glaciologie de l’université libre de Bruxelles. "Le seuil de 1,5-2 degrés est proche de la limite à laquelle on peut s’attendre à des effets plus dramatiques pour les calottes glaciaires", poursuit le chercheur. Or, celles-ci contiennent assez d’eau pour faire monter le niveau de l’océan de plusieurs mètres.
Une fonte trois fois plus rapide depuis cinq ans
En 2014, deux autres études avaient déjà alerté sur le processus irréversible dans lequel se trouve précisément la partie ouest de l’Antarctique. Les chercheurs estimaient alors que six glaciers situés dans cette zone avaient déjà passé le point de non-retour et étaient entrés dans un déclin irréversible. Or, si l'Antarctique – qui contient 90 % des glaces terrestres – se met à fondre, cela va entraîner une hausse du niveau des mers mais aussi un changement des courants marins qui vont affecter la capacité des océans à absorber du CO2.
Depuis 1992, l’Antarctique a déjà perdu 3 000 milliards de tonnes de glace et contribué à élever le niveau des mers de 8 mm. Et ça s’accélère. Les glaces ont fondu à un rythme trois fois plus élevé entre 2012 et 2017 que dans les années précédentes. Au Nord, l’étendue moyenne de la banquise de l’Arctique a baissé de 42 % depuis 1979 (en moyenne à la fin de l’été).
Début octobre, le rapport du Giec montrait ce qu’un réchauffement climatique limité à 1,5°C permettrait de sauver par rapport à 2°C. Dans les cas des océans, un réchauffement de 2 °C signifie 10 centimètres de plus de hausse du niveau de la mer par rapport à 1,5 °C, impactant 10 millions de personnes en plus dans les zones côtières et les grands deltas. C'est d'ailleurs pour protéger les populations vivant dans les îles et terres inondables que les États s'étaient engagés lors de la COP 21 à tenter de limiter le réchauffement climatique à 1,5°C plutôt qu'à 2°C.
Concepcion Alvarez, @conce1
(1) Voir l'étude ici.