Publié le 02 février 2019
ENVIRONNEMENT
[Science] Le monde est à deux minutes de l’apocalypse : la faute aux armes nucléaires, au changement climatique… et aux fakes news
Depuis 1947, les scientifiques du Bulletin of Atomic Science mettent à l’heure l’horloge de l’Apocalypse. Aujourd’hui, elle indique 23h58… et minuit symbolise la fin du monde. Pour ces experts, nos deux ennemis mortels sont le changement climatique et l’émergence d’un nouveau risque de guerre nucléaire… Deux défis auxquels l’humanité ne parvient pas à apporter de réponses en raison de l’émergence des Fake News.

@BulletinofAtomicScience
Depuis 72 ans, les scientifiques du Bulletin of Atomic Science se sont fait lanceurs d’alerte au nom de l’humanité. Régulièrement, ils avancent ou reculent l’horloge de l’apocalypse, une horloge conceptuelle où minuit indique la fin du monde. En cette fin 2019, l’horloge atteint 23h58, nous situant à seulement deux minutes de la fin du monde.
L’heure indiquée n’a pas changé par rapport à 2018, et ce n’est pas une bonne nouvelle car nous sommes à la même heure qu’en 1953 quand Washington et Moscou étaient proches de lancer une guerre totale. "Cela ne devrait pas être pris comme un signe de stabilité", a prévenu au cours d'une conférence de presse Rachel Bronson, directrice de cette organisation qui rassemble des experts des questions de sécurité, d'armement nucléaire et d'environnement.
“We’re playing Russian roulette with humanity.” said @JerryBrownGov at the #DoomsdayClock announcement. It is still 2 minutes to midnight. Read the full statement: https://t.co/Ong8sLZ6E3 pic.twitter.com/E29MSHav9F
— BulletinOfTheAtomic (@BulletinAtomic) 28 janvier 2019
Corruption intentionnelle de l’information
Les deux dangers mortels de l’humanité n’ont pas changé. Le premier est le changement climatique. Malgré l’accord de Paris, les scientifiques constatent que le monde ne parvient pas à limiter le réchauffement à 2°C ou 1,5 °C. Le second est le risque de guerre nucléaire. Le renforcement des arsenaux à travers le monde ne participe pas à la dissuasion mais, au contraire, font peser une menace plus lourde.
Ce qui change en revanche est la manière dont ces informations sont traitées. "Il est devenu évident que la corruption intentionnelle de l’écosystème de l’information menace de saper le discours rationnel nécessaire pour relever de tels défis", expliquent les scientifiques.
Herb Lin, chercheur sur la gouvernance d’Internet à l’Université de Stanford et membre du Bulletin, parle d’une "corruption permanente et intentionnelle de l'environnement de l'information. Nos dirigeants se plaignent de fausses nouvelles et invoquent des faits alternatifs lorsque la réalité est gênante. Ils sont sans scrupules". Il ajoute que ces fakes news "s’attaquent au discours rationnel" qui est nécessaire "pour résoudre tous les problèmes complexes auxquels l’humanité est confrontée".
Saper la confiance en la réalité
Cependant, les responsables de l’horloge de l’Apocalypse assurent qu’il n’est pas trop tard pour éloigner les aiguilles de minuit. L’ensemble de leurs propositions sont regroupées sous le hashtag #RewindtheDoomsdayClock. Ils appellent ainsi les États-Unis et la Russie à relancer les traités internationaux sur la non-prolifération des armes nucléaires. Les citoyens américains devraient aussi faire pression sur le gouvernement américain pour réintégrer l’Accord de Paris.
Les scientifiques demandent aussi à Washington de revenir sur sa "lamentable décision" de quitter l’accord sur le nucléaire iranien. L’une des propositions les plus originales est la demande "d’établir des normes (internationales) de comportement, qui découragent et pénalisent l'utilisation abusive des technologies de l'information pour saper la confiance du public dans les institutions politiques, les médias, la science et (…) la réalité elle-même".
Ludovic Dupin, @LudovicDupin