Publié le 27 octobre 2017
ENVIRONNEMENT
Réchauffement climatique : pour la Coupe du monde de ski, l’équipe de France s’entraîne à… Ushuaïa
Pour préparer la saison de ski et les Jeux Olympiques d’hiver à venir, l’équipe de France de descente doit sortir de ses frontières. Depuis 15 ans, elle rejoint plusieurs semaines chaque été Ushuaïa en Argentine. Pendant les mois les plus chauds, les monts de l’hémisphère nord ne disposent plus d’une qualité de neige suffisante. En cause, le réchauffement climatique.

FFS
Le 28 octobre, la saison de ski alpin débute à Sölden (Autriche). On attend d’y voir nos champions briller, comme Alexis Pinturault et Tessa Worley. Tous ont pour objectif à terme les Jeux Olympiques d’hiver de Pyeongchang, en Corée du Sud, du 9 au 25 février 2018. Pour cela, pas question de louper les entraînements, y compris l’été.
Pourtant, ceux-ci ne se déroulent ni dans les Alpes, ni dans les Pyrénées, encore moins dans le Massif central. Les descendeurs de l’équipe de France doivent s’exiler à 13 000 kilomètres de l’Hexagone jusqu’à l’extrême sud de l’Argentine, à Ushuaïa. "À cause du réchauffement climatique, les conditions sur les glaciers en Europe sont de plus en plus compliquées en été. Les glaciers sont noirs, on n’y trouve que de la glace, et la plupart sont même fermés en août. Donc le stage à Ushuaïa devient indispensable", expliquait à La Croix Victor Muffat-Jeandet, un skieur français.
En raison du changement du climat, la France a même adopté cette destination depuis 2001. Car au-delà du seul Vieux Continent, c’est tout l’hémisphère nord qui ne permet plus d’accueillir les descendeurs pendant les mois les plus chauds de l’année.
Des pistes artificielles en France
Au-delà des performances - remarquables - de nos sportifs de haut niveau, la disparation de la neige même sur les plus hautes cimes pose des questions pour les stations de ski qui se heurtent à des difficultés même lors des saisons froides. La solution de plus en plus prisée, rapporte France Info, est le recours à des pistes artificielles abritées.
Ainsi, Amnéville (Moselle) dispose d’une piste de ski en intérieur bâtie sur un ancien crassier industriel. Tignes (Savoie), la station de ski dont les pistes démarrent à plus de 2 500 mètres d’altitude, souffre du recul du glacier voisin. Aussi, elle envisage de s’équiper de la "Ski Line", une piste intérieure de 400 mètres pour un investissement de 65 millions d’euros. Un projet qui n’est pas sans soulever des protestations localement.
Début octobre, lors de l’université d’été des acteurs du tourisme à Clermont-Ferrand, la filière s’est penchée sur la question du tourisme durable notamment sous l’effet du changement climatique. Selon eux, les changements liés au climat sont déjà à l’œuvre. Face à l’absence de neige, les stations de ski diversifient les activités proposées. Côté positif, cela pérennise des emplois jusqu’alors saisonniers. Côté négatif, cela demande parfois des investissements lourds en infrastructures.
Ludovic Dupin, @LudovicDupin