Publié le 03 octobre 2018

ENVIRONNEMENT

Pour la première fois, la marine française franchit le passage nord-est de l’Arctique… sans brise-glace

La route maritime du nord-est en Arctique, passant au large de la Sibérie, est de plus en plus souvent libre de toute banquise. Un navire de la marine française vient même de l’emprunter sans aide de brise-glace russe. Une première. Un gain économique pour le transport maritime, mais un très mauvais signe sur l’état de réchauffement planétaire.

Le Rhône est un navire de soutien et d'assistance de la marine nationale.
@CanadaArmy

Un navire de la Marine nationale française a pour la première fois franchi le passage du Nord-Est, cette voie maritime mythique longeant les côtes septentrionales de la Sibérie, dont "l'intérêt stratégique est en constante augmentation", assure le commandant Philippe Guéna à l'AFP.

"Cette traversée avait pour objectif de développer notre connaissance de cette zone dont l'intérêt stratégique est en constante augmentation", affirme le commandant du Rhône, le Bâtiment de soutien et d'assistance hauturier (BSAH) qui a effectué la traversée en totale autonomie.

"La zone arctique couvre une superficie d'environ 40 fois la France et détient de grandes réserves de minerais et d'hydrocarbures", note-t-il dans un entretien réalisé par courriel avec une journaliste de l'AFP, soulignant les enjeux "économiques, sécuritaires et environnementaux" de la région.

Le BSAH, qui ne dispose pas de capacité de briser la glace, a quitté le port de Tromsø, au nord de la Norvège, le 1er septembre, période d'étendue minimale de la banquise dans l'Arctique. Il a ensuite parcouru les mers formant l'Arctique russe avant de franchir le détroit de Béring et rejoindre le 17 septembre le port de Dutch Harbor, dans les îles Aléoutiennes, au large de l'Alaska.

Parcours Rhône passage nord est atlantique

Le Parcours du navire français Rhône emprunté en septembre 2018.

Le périple, réalisé sans l'aide d'un brise-glace russe comme c'est habituellement le cas pour les navires de commerce, a duré 17 jours, avec une journée vécue deux fois en raison du passage de la ligne de changement de date. L'équipage du navire a croisé de nombreux icebergs et growlers, ces petits blocs de glace flottant entre deux eaux, et a transité à proximité de la banquise.

Gain de temps

"Détectant les premières glaces au radar, nous avons réduit fortement notre vitesse pour nous tenir à l'écart de la banquise", témoigne le pacha du Rhône. Le navire a ensuite slalomé entre les plaques de glace avant de retrouver une eau entièrement libre et poursuivre son tour du monde qui doit le ramener à Brest, son port d'attache, fin novembre.

"Comme tous les membres de mon équipage, je tire une grande fierté du franchissement de ce passage", se réjouit le capitaine de frégate Philippe Guéna, à propos de cette route particulièrement redoutée par les marins. Cette fierté est toutefois a relativisé puisque cette première de la marine nationale est une conséquence du réchauffement planétaire.

Le passage du Nord-Est devient de plus en plus accessible en raison du de la fonte de la banquise. Si à court terme cet itinéraire reste difficile et coûteux à exploiter, la Russie mise sur son développement, car il permet aux navires de gagner jusqu'à 15 jours par rapport à la voie classique passant par le canal de Suez.

Économie mais surtaxe des assureurs

Il permet aussi de réduire les coûts de carburant et de passage du canal, d'éviter les risques de piraterie et d'attaques terroristes rencontrés dans l'océan Indien et de ne pas avoir de contrainte de taille pour les navires, souligne le commandant Guéna. "Néanmoins, de nombreux problèmes subsistent avec la présence de glace - il y en a certes moins mais il y en a toujours -, l'absence de balisage, les aléas environnementaux, des mers peu profondes et une hydrographie parfois perfectible, sans oublier les surtaxes pouvant être imposées par les assureurs", note-t-il.

La route du Nord-Est est le pendant du passage du Nord-Ouest, au large du Canada, qui permet d'éviter un détour par le canal de Panama, réduisant considérablement la distance entre océans Atlantique et Pacifique. La France ne dispose pas de territoire dans l'Arctique, mais est un des États observateurs au Conseil de l'Arctique.

Ludovic Dupin avec AFP


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