Publié le 26 mai 2016
ENVIRONNEMENT
Climat : après l'Accord de Paris, les négociateurs en quête de cohérence
La session intermédiaire de négociations sur le climat (SB44) s’est achevée à Bonn (Allemagne) ce jeudi 26 mai, dans une ambiance que diplomates et observateurs qualifient de constructive et positive. Unique réunion formelle avant la tenue de la COP22 à Marrakech, en novembre prochain, cette séance représente une étape clé dans la préparation de la mise en application de l’Accord de Paris.

Patrik Stollarz / AFP
Dix jours de négociations et un leitmotiv récurrent dans les débats qui ont eu lieu à Bonn : la nécessaire "mise en cohérence" des mesures nationales destinées à contenir le réchauffement climatique. Pourquoi ? Les contributions climatiques nationales publiées par les pays en amont de la COP21, les fameuses "INDC", forment de facto un ensemble hétérogène.
Deux problèmes fondamentaux se posent : l’ambition de ces feuilles de route reste largement insuffisante pour remplir l’objectif climatique fixé par l’Accord de Paris (réduire les émissions de gaz à effet de serre "bien en-deçà des 2°C"). En l’état, elles ne présentent aucune méthodologie commune, aucune ligne directrice, et ne permettent aucune comparabilité. Or, l’adoption de l’Accord de Paris signifie justement que les négociateurs doivent dorénavant transformer cet ensemble hétérogène en un ensemble cohérent et ambitieux.
Haut degré de technicité
Cela implique trois impératifs : définir ce que doivent contenir les contributions nationales (ou NDC), déterminer le partage des efforts financiers et élaborer des standards communs permettant de mesurer, répertorier et vérifier les données techniques et climatiques des contributions nationales.
L’enjeu autour de l’élaboration de ce socle commun a son importance : il doit assurer la transparence nécessaire à la mise en application de l’accord, telle que définie par son article 13. En d’autres termes, cet article – et les standards communs qu’il suppose – permet aux pays de se surveiller réciproquement pour s’assurer que chacun fait les efforts nécessaires pour réduire ses émissions.
Des aspects hautement sensibles donc dans les négociations, qui ont été menées au sein d’un nouveau groupe de travail qui a vu le jour à Bonn : le APA ou Ad Hoc Working Group on the Paris Agreement. Parce qu’il doit donner la marche à suivre dans la mise en application de l’accord, il occupe déjà une place essentielle dans les négociations. "Concrètement, le APA établit une sorte de 'to do list' à destination des négociateurs, qu’ils doivent remplir entre maintenant et le début de la COP22", explique Liz Gallagher, directrice du Climate Briefing Service au sein du think tank World Ressources Institute.
Une application rapide de l’Accord de Paris
Cette mise en cohérence des NDC est rendue d’autant plus nécessaire que l’Accord de Paris a toute les chances d’être mis en œuvre plus tôt que prévu. A Bonn, de nombreux négociateurs et observateurs se sont montrés confiants quant au fait que le minimum requis pour l’entrée en vigueur du traité, à savoir qu’au moins 55 pays représentant 55% des émissions mondiales ratifient le traité, sera bien respecté d’ici la fin 2016.
Cet optimisme semble justifié. La Chine et les États-Unis, les deux plus grand émetteurs mondiaux de gaz à effet de serre, ont annoncé vouloir ratifier l’accord avant la fin de l’année. A eux deux, ils représentent près de 38% des émissions dans le monde.
Parallèlement, une quarantaine de pays ont également annoncé vouloir ratifier le traité avant la fin 2016, dont d’importants émetteurs comme l’Indonésie, le Vietnam, le Mexique ou encore le Canada.
Et Liz Gallagher de résumer : "Il y a eu de l’agitation à Bonn autour du fait que le traité de Paris puisse entrer en vigueur plus tôt que prévu. Cette perspective a certainement mis les négociateurs sous pression pour parvenir à des résultats et préparer la COP22".