Publié le 01 décembre 2014
ENVIRONNEMENT
Négociations de Lima : une étape cruciale avant le sommet Paris Climat 2015
Du 1er au 12 décembre, un nouveau round des négociations onusiennes sur le climat, le vingtième, se tient à Lima, au Pérou. Cette conférence des parties (COP), très technique, devrait servir de rampe de lancement pour celle de Paris, prévue en 2015 et de laquelle on attend un accord international sur le climat. La lourde tâche qui attend les délégations profite toutefois d’un contexte positif, grâce à l’engagement de nombreux pays.

© COP20 Lima
Une fois n’est pas coutume, c’est dans un contexte plutôt positif que vont s’ouvrir les négociations de Lima. "Depuis le 23 septembre (date à laquelle s’est tenu le sommet sur le climat à New York, NDLR), nous avons plutôt de bonnes nouvelles, s’enthousiasme Laurence Tubiana. Il s’est passé quelque chose: le climat est de nouveau à l’agenda politique." L’ambassadrice française chargée des négociations sur le changement climatique en veut pour preuve l’accord sino-américain sur le climat (voir plus bas) rendu public le 11 novembre, mais aussi le paragraphe sur le climat inscrit – de haute lutte – dans le communiqué final du G20 du 16 novembre à Brisbane, en Australie. Sans oublier l’ouverture de l’Arabie saoudite à la possibilité d’un accord, une position jusque-là totalement inenvisageable.
Quels sont les enjeux de Lima ? Les 195 délégations réunies à Lima pendant 2 semaines vont fixer le cadre des négociations pour l’année 2015 et, donc, de l’accord international attendu en décembre 2015, à Paris. Statut juridique de l’accord à venir, financement de la lutte contre le changement climatique… 4 grands axes seront au cœur des négociations.
1 - Une première ébauche du texte de l’accord de Paris 2015
Objectif : réduire au maximum le nombre de points qui devront faire l’objet de négociations et de compromis durant l’année 2015. Un consensus doit être trouvé concernant la structure même du futur accord de Paris.
Moyens : il faudra notamment choisir entre les trois options juridiques aujourd’hui proposées, "un protocole, un autre instrument juridique ou un texte convenu d’un commun accord ayant valeur juridique", sous la Convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CNUCC). A ce stade, c’est un accord constitué d’un ensemble de textes (un "paquet") qui se dessine chapeauté par un accord socle juridiquement contraignant. Mais la partie est loin d'être gagnée car tous les pays ne sont pas sur la même longueur d'onde. L'idée est aussi que cet accord soit "dynamique" ou flexible, c'est à dire que les contributions puissent être renégociées à la hausse tous les 5 ans, sans besoin de ratification.
2 - Les modalités des contributions des pays
Objectif : faire en sorte que les contributions permettent de tracer la voie d’un réchauffement climatique limité à 2°C maximum. À Lima, les négociateurs devront préciser le type d’informations des contributions nationales des différents pays qui fixeront les efforts de réduction des émissions de gaz à effet de serre. La première version des objectifs chiffrés est attendue pour le mois de mars.
Moyens : trois contributions d’importance ont d’ores et déjà été mises sur la table. Celle de l’Union européenne, qui s’est engagée à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 40% d’ici à 2030 (par rapport à 1990). Dans leur récent accord commun, les Etats-Unis et la Chine ont aussi mis des premiers éléments sur la table. L’Amérique annonce une réduction des émissions de gaz à effet de serre de 26 à 28% d’ici à 2025 par rapport aux émissions de 2005, année la plus émettrice pour les Etats-Unis. Quant à la Chine, désormais le premier émetteur mondial, elle devrait atteindre le pic de ses émissions de gaz à effet de serre en 2030 au plus tard.
Les autres éléments – adaptation, financement, mise au point et transfert de technologies, transparence des mesures, etc. – sont renvoyés à des documents et agendas spécifiques.
3 - L’agenda des solutions
Objectif : montrer que la lutte contre le changement climatique, longtemps considérée comme une contrainte, peut être une opportunité. Et que la tâche, immense, peut être répartie entre les différents acteurs économiques, politiques ou sociétaux. C’est la nouveauté issue du Sommet pour le climat organisé par Ban Ki-moon en septembre dernier.
Moyens : l’agenda des solutions, ou agenda positif, doit rassembler les engagements et initiatives volontaires des acteurs non étatiques tels que les collectivités, les entreprises ou les organisations non gouvernementales, en mettant en avant la maturité des solutions économiques et technologiques. Le secrétariat de la Convention et les gouvernements péruviens et français souhaitent pouvoir obtenir un ensemble de résultats tangibles pour Paris 2015.
4 - La question du financement
Objectif : aider les pays pauvres à lutter et à s’adapter au changement climatique. Et le financement public de la lutte contre le changement climatique – fonds verts, banques de développement, etc. – fait partie intégrante des négociations.
Moyens : lors de sa première conférence ministérielle de capitalisation qui s’est tenue les 19 et 20 novembre à Bonn, le Fonds vert pour le climat a recueilli 9,7 milliards de dollars de promesses de financement de la part de 21 pays, dont quelques pays en développement (Mongolie, Indonésie, Panama). Avec 3 milliards de dollars promis, les Etats-Unis sont les premiers contributeurs à ce jour. Ils sont suivis par le Japon (1,5 md $), le Royaume-Uni (1,1 md $) et la France (1 md $).
Ce mécanisme de financement multilatéral doit voir transiter au moins 15 milliards de dollars sur les 4 prochaines années. Manque encore à l’appel des pays fortement émetteurs comme pays l’Australie ou le Canada.