Publié le 18 août 2017
ENVIRONNEMENT
Les incendies géants au Groenland sont-ils dus au réchauffement climatique ?
Un monde de glace en feu…. Ce qui se passe au Groenland inquiète les scientifiques. De vastes incendies, qui ravagent des forêts de l’ouest, semblent indiquer que la tourbe a pris feu. Cette dernière est pourtant normalement prise dans les sols gelés. Mais les étés récents, les plus chauds de l’histoire, les auraient fait fondre.

@Nasa
Depuis le 31 juillet, un incendie géant fait rage sur plus de 15 kilomètres carrés dans l’ouest du Groenland, rapporte la Nasa. "Si ce n’est pas la première fois que des satellites observent des feux au Groenland, une analyse de Stef Lhermitte de l’université des technologies aux Pays-Bas, signale que ce phénomène est le plus fort observé depuis que les enregistrements ont débuté en 2000", précise l’agence américaine.
I quickly made an overview of the MODIS active fires since 2000 over Greenland ifo confidence level. Many low confidence fires in the past pic.twitter.com/iEwJfDCz8W
— Stef Lhermitte (@StefLhermitte) 7 août 2017
Plusieurs scientifiques se demandent s’il s’agit d’un effet du réchauffement climatique. Les premières analyses laissent penser que oui, même s’il faudra des travaux complémentaires pour le confirmer. Selon Jessica Mccarty, géographe à l’Université de Miami, il semblerait que ce soit de la tourbe, un mélange de matières organiques fossilisées, qui ait pris feu. L’Agence Spatiale Européenne (ESA) confirme : "Notre crainte est que l’incendie ait pu survenir parce que le pergélisol (le sol gelé) fond, ce qui rend la tourbe plus susceptible de prendre feu".
Sécheresse et chaleur
La fonte des sols gelés est loin d’être inimaginable au regard des données récentes. Le Groenland enregistre ses étés les plus chauds depuis que les températures ont commencé à être étudiées en 1990. Selon l'institut météorologique danois, BMI, le mois de juillet a vu un nouveau record de chaleur au-delà de 24 °C.
Ces chaleurs surviennent en même temps qu’un manque de pluie important, ce qui a permis à la tourbe de sécher. "L'été a été assez sec. Sisimiut (une ville à 100 kilomètres de la zone en feu) n’a reçu presque pas de pluie en juin et la moitié des précipitations habituelles en juillet", rapporte l’observatoire météorologique de la Nasa. L’incendie pourrait avoir été déclenché accidentellement par des chasseurs, imaginent les chercheurs. Et comme la région ne possède aucun moyen de lutter contre les incendies, rien n’a pu l’endiguer.
Un cercle vicieux sous l’effet du carbone noir
Le problème est que ces incendies pourraient aggraver encore la situation dans les années à venir. D’une part, cette tourbe est très riche en carbone et relâche de grandes quantités de CO2. Mais surtout, "toutes les poussières (émises) rendent la glace plus absorbante. La glace devient un peu plus sale, ce qui va la rendre moins réfléchissante. Elle risque de fondre plus facilement dans les régions affectées par les feux", explique le climatologue français Jean Jouzel à France Info.
La NASA confirme : "Les incendies émettent une forme de suie appelée carbone noir. Il est probable que les vents transporteront une partie de cette matière à l'est jusqu'à la couche de glace. (Or) la neige et la glace sombres ont tendance à fondre plus rapidement que lorsqu'elles sont propres".
Ludovic Dupin @LudovicDupin