Publié le 13 novembre 2020
ENVIRONNEMENT
Les eurodéputés augmentent à 40 % la part du plan de relance dédiée au climat et à la biodiversité
En début de semaine, les eurodéputés ont relevé, dans le plan de relance européen, le seuil de dépenses favorables à l'environnement et à la biodiversité à 40 %, contre 30 % actuellement. Une bonne nouvelle qui est pourtant critiquée. Les ONG pointent du doigt une duplicité dans le discours, les eurodéputés ayant laissé la voie ouverte pour le financement de certains projets gaziers.

@CC0/ David Iliff
En début de semaine, deux influentes commissions du Parlement européen, les commissions Budget et Environnement, ont relevé le seuil de dépenses du plan de relance en faveur du climat et de la biodiversité à 40 %. Jusqu’à présent, il était convenu que 30 % du fonds serait directement attribué à la lutte contre le réchauffement climatique afin de respecter l’objectif de neutralité carbone de l’Union européenne d’ici 2050. Ils y ajoutent 7,5 % des dépenses annuelles consacrées aux objectifs de biodiversité à partir de 2024 et 10 % à partir de 2026.
Ces modalités doivent désormais être discutées directement entre Parlement et Etats membres alors que les deux commissions parlementaires ont décidé de sauter l'étape d'une discussion et d'un vote en séance plénière au Parlement afin d'engager directement des négociations et trouver un compromis définitif sur le mécanisme de relance. Mais pour les ONG écologiques, le compte n'y est pas car les 40 % de financements "verts" seront définis selon une taxonomie "encore floue", laissée à l'appréciation des Etats et n’excluant pas explicitement les hydrocarbures.
"Une trahison pour la jeune génération"
"Il y a duplicité des eurodéputés : tout en déclarant l'urgence climatique, ils ouvrent les vannes pour davantage de subventions européennes à la rescousse des énergies fossiles", se désole Markus Trilling, coordinateur de la fédération Climate Action Network (CAN) Europe. Peu avant le vote, Silvia Pastorelli, de Greenpeace, s'inquiétait déjà. "Les eurodéputés ratent leur chance de garantir une reprise verte qui exclut les énergies fossiles, ils laissent les lobbyistes (des hydrocarbures) écrire les règles", s'indignait-elle, dénonçant "une trahison pour la jeune génération".
Une vision contestée par l’eurodéputé Pascal Canfin, président de la commission parlementaire environnement (ENVI). "Le Parlement européen a voté pour l’exclusion du gaz du plan de relance européen, ce qui est aussi la position de la France", écrit-il sur Twitter.
Chers amis du @RACFrance vous devriez savoir qu’à mon initiative la commission Environnement du Parlement européen a voté pour l’exclusion du gaz du plan de relance européen, ce qui est aussi la position de la France. @Renaissance_UE https://t.co/l79gZ5g4F3
— Pascal Canfin (@pcanfin) November 9, 2020
Le 16 septembre, les députés européens avaient confirmé en plénière que les projets de gaz naturel pourraient être soutenus dans certains cas particuliers pour des régions dépendant d'énergies encore plus polluantes (charbon, lignite, schiste bitumineux ou tourbe) et engagées dans la neutralité carbone (tous sauf la Pologne).
"Sous ces conditions on ne parle que de quelques projets gaziers susceptibles d’être éligibles dans la quinzaine de régions, sur 280 en Europe, qui entrent dans la catégorie 'fortement dépendantes du charbon", avait alors souligné Pascal Canfin, qui avait voté pour l’inclusion du gaz. Les eurodéputés souhaitent par ailleurs que les fonds soient disponibles pendant quatre ans (au lieu des trois ans initialement proposés), et que les États puissent demander un préfinancement jusqu'à 20 % (au lieu des 10 % proposés) pour leurs plans de reprise.
Concepcion Alvarez @conce1, avec AFP