Publié le 07 septembre 2018
ENVIRONNEMENT
La marche pour le climat du 8 septembre s’inscrit dans un mouvement d’une ampleur inédite
Jamais un événement sur le climat n’aura suscité autant d’engouement dans l’Hexagone. Suite à la démission de Nicolas Hulot, un internaute a organisé sur Facebook une grande marche pour le climat pour lancer un cri d’alarme. L’événement a très vite fait le buzz. Il s’inscrit dans un mouvement plus global d’actions citoyennes organisées partout sur la planète ce samedi 8 septembre.

@Delpixart
"Est-ce que j'ai une société structurée qui descend dans la rue pour défendre la biodiversité [...], est-ce que j'ai une union nationale sur un enjeu qui concerne l'avenir de l'humanité et de nos propres enfants ?" C’est en prononçant ces mots, la voix tremblante, que Nicolas Hulot annonçait au micro de France Inter, le 28 août dernier, qu’il quittait son poste de Ministre de la transition écologique et solidaire.
Derrière son poste, Maxime Lelong, un jeune père de famille, ne souhaite pas rester sans rien faire. Le soir même, il organise sur Facebook une marche pour le climat qui va rapidement devenir virale. Moins de 48 heures plus tard, 4 100 personnes affirment qu'elles seront présentes et 25 000 se disent "intéressées" par l’événement. Face à cet engouement, plusieurs ONG contactent ce journaliste de formation et lui proposent de décaler la marche, initialement prévue le 2 septembre, au 8 septembre, journée d’action mondiale pour le climat.
La marche pour le climat de Paris s’inscrit ainsi dans un mouvement de plus grande ampleur, baptisé “#RiseForClimate – Dans nos rues pour le climat”, et préparé depuis plusieurs mois en amont du Sommet mondial d’action pour le climat qui réunira à San Francisco les acteurs non-étatiques du 12 au 14 septembre. À 24 heures du jour J, ce sont désormais 24 000 personnes qui déclarent y participer et plus de 100 000 qui se disent intéressées. Du jamais vu.
Électrochoc
"La marche pour le climat a dépassé nos espoirs de mobilisation, se réjouit Clémence Dubois, responsable des campagnes de 350.org, l’une des 350 ONG participant à #RiseforClimate. La démission de Nicolas Hulot a fonctionné comme un électrochoc. Mais pas que. Les conséquences très concrètes du dérèglement climatique avec par exemple les canicules de cet été en Europe participent également de la prise de conscience."
"Ce succès répond à une envie des citoyens de reprendre la main, affirme Sébastien Bailleul du Crid. Cet espace-temps offre des opportunités à des organisations comme les nôtres de se rapprocher et d’accompagner la société civile dans son rôle de contre-pouvoir et de pourvoyeur d’alternatives".
Au total, ce samedi 8 septembre, plus de 1 000 événements auront lieu dans 90 pays. À San Francisco, des dizaines de milliers de citoyens défileront dans les rues de la ville, au cours de la plus grande marche pour le climat jamais organisée sur la côte ouest des États-Unis. Les pays des îles du Pacifique feront signer des pétitions pour une énergie 100 % renouvelable ; et des manifestations auront lieu en Thaïlande, en marge de la conférence de l’ONU sur le changement climatique.
Le 1er bloc sera citoyen
En France, plus de 130 événements sont prévus telles que des actions de désobéissance civile non-violentes "avec des gens qui y participent pour la toute première fois de leur vie" assure Cécile Marchand des Amis de la Terre. "La démission de Nicolas Hulot tombe à point pour démontrer que nous sommes des centaines de milliers à agir sur le terrain" ajoute Justine Peullemeulle du réseau Énergie partagée.
Afin d’éviter toute récupération politique ou associative, un manifeste cadre la marche de Paris. Il a par exemple été admis que le premier bloc serait entièrement citoyen. Reste à savoir comment capitaliser sur cette mobilisation d’ici la COP24.
"Tout l’enjeu est de montrer qu’il existe un mouvement collectif et que le sursaut citoyen a déjà eu lieu. Mais pour réussir la transition énergétique, il faut aussi un sursaut politique. Or, si la démission de Nicolas Hulot prouve qu’aucun homme providentiel ne nous sauvera, le gouvernement ne semble pas avoir tiré les leçons de ce départ et poursuit sa politique du ‘en même temps’ qui n’est pas tenable" s’insurge l’économiste Maxime Combes du réseau Attac.
Concepcion Alvarez @conce1