Publié le 09 septembre 2023
ENVIRONNEMENT
Coupe du monde de rugby : en se déplaçant en train, les joueurs changent les mentalités
Vendredi 8 septembre sonnait le coup d’envoi de la Coupe du monde de rugby 2023. Mais avant même de fouler le terrain du stade de France, les joueurs ont marqué leur différence en arrivant à Paris en train. Une volonté du comité d’organisation qui souhaite assurer 70% des déplacements des équipes par voie ferroviaire pour faire baisser l’empreinte carbone de l’événement. Si le cap est fixé, dans les faits, le transport des supporters pèse encore lourd dans la balance.

CLEMENT MAHOUDEAU / AFP
Les All Blacks ont montré l’exemple. Jeudi 7 septembre, l’équipe néo-zélandaise de rugby est arrivée en train à Paris, lieu du premier match de la Coupe du monde en France. Partis de Lyon, ils ont fait une entrée remarquée.
Les All-Blacks arrivent à la gare de Lyon à Paris. Ils ont pris un TGV depuis Lyon, à deux jours du match d'ouverture de la Coupe du monde #rugbyworldcup2023 pic.twitter.com/ek1JHYz3UH
— Julien Da Sois (@jdasois) September 6, 2023
Le comité d'organisation de la Coupe du monde de rubgy a en effet annoncé éviter autant que possible le transport en avion durant la compétition, dont les 48 matchs se déroulent dans dix villes françaises. 80 trajets seront ainsi effectués par rail pour 17 des 20 équipes participantes, ce qui représente 70% des trajets de l’événement. La règle est simple : le train, et le car pour rejoindre les gares, seront systématiquement utilisés pour tous les voyages durant moins de 5h30. C’est le cas de l’Irlande qui naviguera entre Tours et Saint-Denis, ou encore l’Uruguay qui se rendra à Lille depuis Avignon.
Transporter 2,5 millions de supporters
"On veut démontrer qu’un grand événement sportif, comme toutes les entreprises, peut aussi essayer de limiter son impact carbone", a déclaré lors d’une conférence de presse Jacques Rivoal, le Président de France 2023, en charge de l’organisation de la compétition, rapporte 20 minutes. Ce choix devrait permettre de réduire son impact carbone de 50% estime par ailleurs Michel Poussau, directeur général de la Coupe du Monde 2023. Du côté des spectateurs, qui représentent une part importante de l’empreinte carbone de l’événement, le ferroviaire est aussi privilégié.
Le comité d’organisation table sur 88% de déplacements en train pour les 2,5 millions de supporters qui devraient suivre les matchs. Pour cela, la SNCF a renforcé son offre en proposant par exemple 10 000 billets à petit prix entre Paris et la région Centre-Val de Loire en septembre. Pour les trajets plus importants, le train semble également séduire. "Pour le premier match de l’Angleterre", Trainline observe dans un communiqué "une hausse de 418% des passagers à destination de Marseille par rapport à l’an dernier." À noter tout de même que 600 000 spectateurs étrangers sont attendus, ce qui alourdit considérablement l’empreinte environnementale de la compétition.
Une empreinte carbone à nuancer
Si Jacques Rivoal estime le bilan carbone global de l’événement à 410 000 de tonnes équivalent CO2 (tCO2e), la plateforme d’expertise climat Sami mesure dans une étude une empreinte plus élevée, aux alentours de 640 000 de tCO2e. Selon ce rapport, 73% des émissions proviendraient des déplacements, suivi de l’hébergement et de la restauration (14%), puis du numérique (10%). Les 3% restants se répartissent entre le merchandising, les infrastructures ou encore les déchets. À titre de comparaison, la Coupe du monde de football de 2022 au Qatar avait généré 6 millions de tCO2e, soit dix fois plus que la Coupe du monde de rugby 2023. Un rapprochement à nuancer, les méthodologies utilisées pouvant différer.
Les efforts menés par le comité d’organisation pourraient toutefois être entachés par le choix de l’un des sponsors de la compétition. Le 30 août dernier, Greenpeace pointait du doigt dans une campagne de sensibilisation l’implication du géant TotalEnergies dans l’événement sportif, l’ONG jugeant que ce partenariat aurait pour but de "détourner l’attention du public de leurs activités qui détruisent le climat".
Reste qu'entre le foot et le rugby, l'engagement n'est pas le même, un an exactement après la polémique des "chars à voile". Début septembre 2022, l’entraîneur du PSG Christophe Galtier avait alors ironisé sur la question des déplacements en jets privés, très carbonés, de son équipe. Pour le comité d’organisation de la Coupe du monde de rugby, pas question de suivre la même trajectoire.