Publié le 01 octobre 2021

ENVIRONNEMENT

Affaire du Siècle : l’État de nouveau mis sous pression pour son inaction climatique

Lors d’une nouvelle audience consacrée à l’Affaire du Siècle, la rapporteuse du tribunal administratif de Paris propose d’obliger l’État à réparer le préjudice engendré par son inaction climatique. La décision finale est attendue courant octobre.

Affaire du siecle audience 300921
Une nouvelle audience s'est tenue jeudi 30 septembre dans l'Affaire du siècle sur la réparation du préjudice causé par l'Etat.
Emeric Fohlen / L'affaire du siècle

Huit mois après une première audience dans l’Affaire du Siècle, au cours de laquelle l’inaction climatique de l'État avait été jugée illégale, les juges pourraient désormais obliger le gouvernement à réparer le préjudice qu'il a causé. C’est en tout cas ce qu’a recommandé la rapporteuse publique, jeudi 30 septembre, lors d’une nouvelle audience devant le tribunal administratif de Paris.

Elle propose d’enjoindre "au gouvernement de prendre d'ici le 31 décembre 2022 toutes mesures nécessaires pour faire cesser le préjudice et empêcher son aggravation". Plus précisément, il s’agit de faire cesser le dommage issu du dépassement du premier budget carbone (2015-2018), estimé selon elle à 15 millions de tonnes équivalent CO2 par la rapporteuse après les baisses de 2019 et de 2020.  

Pas d'astreinte financière

"Nous sommes confiantes sur nos chances d’obtenir une décision avec laquelle la justice dirait à l’État : sur la trajectoire climatique, chaque sortie de route constitue une faute qui doit être réparée. Ce serait alors la première fois qu’un grand pays comme la France serait condamné à réparer son inaction climatique", ont réagi les organisations de l’Affaire du Siècle (Notre Affaire à Tous, la Fondation Nicolas Hulot, Greenpeace France et Oxfam France). Soutenues par une pétition de plus de 2,3 millions de citoyens, elles avaient saisi début 2019 le tribunal administratif de Paris pour faire constater les carences de l'Etat dans la lutte contre le réchauffement sur la période 2015-2018.

La rapporteuse n’a en revanche pas soutenu la demande d'astreinte financière de 78 millions d'euros des ONG, estimant qu'une telle menace pourrait être "prononcée dans un deuxième temps" si l'État ne remplissait toujours pas ses obligations. Elle n'a pas non plus proposé de mesures spécifiques, estimant qu'il ne revenait pas au tribunal de se "substituer à l'exécutif" pour choisir parmi "la multiplicité des réparations possibles". 

La représentante de l'État a quant à elle estimé que grâce notamment à la récente loi "climat et résilience", la France allait se retrouver sur la bonne trajectoire de réduction des émissions, et que ce qui comptait était "le résultat définitif". La décision du tribunal administratif sera rendue d’ici la mi-octobre.   

"L’étau se resserre"   

L’État est également mis en cause pour son inaction climatique dans une autre affaire, menée par la ville de Grande-Synthe (Nord). Le Conseil d’État, la plus haute juridiction administrative, lui a donné jusqu’au 31 mars 2022 pour "prendre toutes mesures utiles permettant d’infléchir la courbe des émissions de gaz à effet de serre" afin de tenir ses objectifs de réduction à l’horizon 2030.

"L’étau se resserre autour de la procrastination climatique des dirigeantes et dirigeants successifs. C’est un message clair qui sera adressé aux futurs gouvernements : c’est désormais sous la stricte vigilance de la justice que la France devra suivre sa trajectoire de réduction des émissions de gaz à effet de serre, et réparer tout manquement à ses engagements", ont déclaré les ONG de l'Affaire du siècle.  

Concepcion Alvarez, @conce1


© 2023 Novethic - Tous droits réservés

‹‹ Retour à la liste des articles

ENVIRONNEMENT

Climat

Les alertes sur le changement climatique lancées par les scientifiques conduisent à l’organisation de sommets internationaux, à la mise en place de marché carbone en Europe mais aussi en Chine. En attendant les humains comme les entreprises doivent déjà s’adapter aux changements de climat dans de nombreuses parties du monde.

Antarctique Unsplash Cassie matias

La Terre est sur le point de franchir cinq points de bascule : une menace "sans précédent"

La Terre toujours plus dans le rouge. Sur 26 points de bascule – ou "tipping points" - identifiés, cinq sont à la limite d’être franchis, et trois autres pourraient l’être très prochainement si les températures continuent d’augmenter, avertit une nouvelle étude publiée ce mercredi 5 décembre. Une...

Fin des énergies fossiles Lobbies KARIM SAHIBAFP

2 456 lobbyistes fossiles à la COP28, une marée noire record

C'est le chiffre choc de la COP28. 2 456 lobbyistes fossiles - "au moins" - ont obtenu une accréditation pour participer à ce nouveau sommet pour le climat, qui se tient actuellement à Dubaï. Ce nombre dévoilé par une coalition d’ONGs, Kick Big Polluters Out, montre à quel point l’ombre des lobbies...

CO2 Photo de Markus Spiske sur Unsplash

Niveau record d’émissions de CO2 dans le monde : les trois graphiques à retenir

Alors que la première semaine de la COP28 s’achève à Dubaï, la nouvelle édition du Global Carbon Project, publiée ce mardi 5 décembre, rappelle que les émissions de CO2 ne cessent d’augmenter, jusqu’à atteindre un niveau record en 2023. En cause, la Chine et l’Inde, dont la consommation de charbon...

Baril petrole bourse risque prim91 1

COP28 et sport : les pays du Golfe, les rois du soft power

Entre la COP28 organisée aux Emirats arabes Unis ou la main-mise du Qatar et de l’Arabie Saoudite sur les grands évènements sportifs, le soft power des pays du Golfe s’étend, au détriment de la lutte contre le dérèglement climatique.