Publié le 16 avril 2018
ENVIRONNEMENT
L’écologie, grande absente des interventions médiatiques du Président Macron
Le Président de la République, Emmanuel Macron, vient de finir une série de communication télévisée à travers deux longues interviews sur TF1 et BFMTV. Même si le Chef de l’État a essayé de l’évoquer, aucun des interviewers n’a jugé bon de mettre sur la table les sujets du climat, de l’environnement ou de la biodiversité.

@BFMTV
Paradoxe du mois d’avril 2018 : le Président de la République a totalisé trois heures d’antenne, deux longs passages télévisés en moins d’une semaine, face à trois interviewers stars - Jean-Pierre Pernaut (TF1), Jean-Jacques Bourdin (BFMTV/RMC) et Edwy Plenel (Mediapart) -. Mais, aucun d’entre eux n’a trouvé utile de parler climat, écologie ou transition énergétique
15 000 scientifiques nous ont alertés pourtant: notre monde peut, va disparaître si nous ne changeons pas radicalement nos modes de production, de consommation, de vie.
Et, en 2 entretiens et 4h d'entretiens, il ne fut jamais question d'écologie.
Le principal fut donc absent.— Raphael Glucksmann (@rglucks1) 15 avril 2018
Il aurait été légitime de rappeler les engagements pris par le Président de la République lors du One Planet Summit en décembre dernier à Paris. À cette occasion, Emmanuel Macron s’était fait porte-parole des acteurs économiques mondiaux pour lister 12 "Climacts" essentiels allant des engagements sur le reporting climat, à la fixation d’un prix du carbone, en passant par le front commun des investisseurs institutionnels sur le climat.
Il aurait été utile de prendre des nouvelles de leur degré d’avancement et d’interroger Emmanuel Macron sur le leadership européen qu’il souhaite exercer dans le domaine de la finance durable. Il a été le seul chef d’état à prendre la parole le 22 mars dernier à Bruxelles lors du lancement du plan d’action de la Commission sur ce sujet.
Cette absence regrettable est d’autant plus surprenante que même la réforme de la SNCF peut aussi être traitée sous l’angle de la transition énergétique comme l’ont dit avec force Audrey Pulvar et Alain Grandjean dans une tribune publiée par le Journal du Dimanche du 15 avril.
Mais les interviewers ont fait l’impasse, quand bien même plusieurs ministres se sont engagés sur ce sujet. Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique l’a fait dans une tribune dans le JDD en évoquant l’enjeu "de faire du train notre moyen de transport préféré dans un monde où, en 2050, nous devons viser le 'zéro pollution'". Ce lundi 16 avril, la ministre des transports, Elizabeth Borne, confirme dans un tweet : "Notre pays a besoin de retrouver un fret ferroviaire fort (…) C’est un levier essentiel pour des transports plus écologiques".
Notre pays a besoin de retrouver un #fret ferroviaire fort : un train de fret, ce sont 50 camions en moins sur les routes. C’est un levier essentiel pour des transports plus ecologiques. #SNCF pic.twitter.com/VfAe5eYN5Z
— Elisabeth BORNE (@Elisabeth_Borne) 16 avril 2018
Après des campagnes électorales 2017 où le climat, l’écologie et la transition vers une économie bas carbone ont eu une place indigente, on aurait pu espérer que la mobilisation de l’Europe, du secteur financier, des entreprises et les divers rapports publiés en France et en Europe seraient parvenus à modifier le cadre des échanges politico-médiatiques.
Force est de constater que non et il est à craindre que ce ne soit pas non plus le premier sujet des élections européennes de l’année prochaine. Selon son étymologie grecque, politique signifie pourtant "vie de la cité". Cela devrait donc conduire à débattre de la meilleure façon de vivre ensemble sur une planète habitable non ?
Anne-Catherine Husson-Traore, @AC_HT, Directrice générale de Novethic