L’Accord de Paris, accélérateur vers une économie mondiale décarbonnée
L’Accord de Paris est une exception : jamais un traité international n’était entré en vigueur aussi rapidement. Une dynamique enclenchée dès l’adoption du texte le 12 décembre dernier à Paris lors de la COP 21 et qui a déteint sur les principaux secteurs de l’économie mondiale. Dans la climatosphère, c’est ce que l’on appelle "l’effet de Paris".Retour sur une année 2016 très favorable à la préservation du climat.

Geoffroy Van Der Hasselt / Anadolu Agency / AFP
L’effet de Paris sur les secteurs non couvert par l’Accord de Paris
7 octobre 2016: Les 191 membres de l’OACI (Organisation de l’aviation civile internationale), réunis en assemblée générale à Montréal, entérinent un mécanisme de compensation des émissions de CO2, baptisé CORSIA. Il doit permettre au secteur d’être "carboneutre" à partir de 2020, c’est-à-dire que la croissance des émissions de CO2 par rapport aux niveaux de 2020 devra être compensée.
15 octobre 2016: Accord à Kigali (Ruanda) sur l'élimination des HFC, d'importants gaz à effet de serre (GES). Les représentants de près de 200 pays adoptent un accord sur l'élimination progressive des hydrofluorocarbures (les fameux HFC), gaz utilisés dans les réfrigérateurs et les climatiseurs et qui se sont révélés extrêmement nocifs pour le climat. L'accord prévoit un calendrier en vue d'une élimination progressive de la production et de la consommation de HFC, question particulièrement épineuse pour des pays tels que l'Inde, grande puissance économique en voie de développement.
27 octobre 2016: Le transport maritime adopte une résolution majeure dans la lutte contre le changement climatique. L’Organisation maritime internationale (OMI) décide en effet de réduire le taux de soufre dans le carburant marin, l’un des plus polluants, dès 2020. Elle résiste ainsi au lobby pétrolier, qui souhaitait un report à 2025. L’effet de Paris sur le secteur des énergies fossiles
L’effet de Paris sur le secteur des énergies fossiles
29 décembre 2015 : L’administration chinoise annonce un moratoire sur l’ouverture de nouvelles mines de charbon jusqu’en 2019 et la fermeture d’un millier de mines en 2016, un chiffre équivalent au nombre de houillères déjà closes en 2015.
25 janvier 2016 : Les compagnies d’assurance californiennes appellent à se retirer des énergies fossiles.
7 mars : La banque d'affaires américaine JP Morgan annonce qu’elle arrête de financer la construction de nouvelles mines de charbon.
23 mars : Le fonds d’investissement de la famille Rockefeller entame son désinvestissement des énergies fossiles.
13 avril : Faillite du géant américain du charbon Peabody, sous l’effet du Clean Power Plan, la grande réforme environnementale impulsée par Barack Obama.
14 avril : Le fonds souverain norvégien retire 52 entreprises liées au charbon dans sa nouvelle stratégie d’investissement.
27 octobre : Le Crédit agricole et la Société générale arrêtent de financer le charbon.
3 novembre : Engie ferme Hazelwood, la centrale la plus polluante d’Australie.
4 novembre : 19 investisseurs internationaux représentant plus de 5 000 milliards d’euros d’encours sous gestion demandent un moratoire à durée indéterminée sur les activités pétrolières et gazières dans les hautes mers de l’Arctique.
L’effet de Paris sur le secteur des énergies renouvelables
14 janvier : Les investissements dans les énergies vertes atteignent le seuil des 329 milliards de dollars dans le monde.
2 février : Jamais l’énergie solaire n’a été aussi bon marché. Le seuil des 3 cents par w/h a été franchi, un record mondial.
11 février : La Chine dépasse l’Union européenne pour devenir le leader mondial de l’éolien.
25 mai : Huit millions de personnes travaillent dans le secteur des énergies renouvelables dans le monde, un chiffre en hausse de 5% par rapport à l’année précédente. Un record.
1er juin : Progression sans précédent dans le monde des énergies renouvelables en 2015. C’est ce que montre un rapport publié ce jour-là par le réseau international pour les énergies renouvelables REN21. Fin 2015, la capacité d’énergie renouvelable installée dans le monde atteignait 1 849 gigawatts (GW), en hausse de 8,7% sur un an. Cet essor a été principalement porté par l’éolien (433 GW, +17%) et le solaire photovoltaïque (227 GW, +28%), ces deux filières assurant à elles seules les trois quarts de la croissance globale.
27 juin : Le Canada, les États-Unis et le Mexique s’accordent pour générer 50% de leur électricité à partir de sources non fossiles d’ici l’horizon 2025.
14 août : La part d’électricité issue des renouvelables et générée par les 20 entreprises les plus grandes du monde a bondi de 70% durant ces cinq dernières années.
25 octobre : L'Agence internationale de l’énergie (AEI) relève drastiquement ses pronostics sur l’expansion des énergies renouvelables dans le monde : les énergies vertes devraient se déployer plus vite que prévu dans d'ici 2021, sous l'effet de politiques plus favorables et de la baisse de leurs coûts. Quelque 825 gigawatts de nouvelles capacités électriques renouvelables devraient être installées d'ici 2021, soit une progression de 42% par rapport à 2015, une prévision relevée de 13% depuis les précédentes estimations de l'AIE.
26 octobre : Engie mise sur l'électricité renouvelable pour conquérir de nouveaux clients en France. L’entreprise proposera dorénavant uniquement de l'électricité verte aux nouveaux contrats d'électricité souscrits en France, une démarche commerciale qui doit lui permettre de conquérir un million de clients supplémentaires.
L’effet de Paris sur la finance
22 janvier : Le marché carbone de la Chine est étendu à huit secteurs industriels supplémentaires.
29 février : Le géant américain de l’électronique Apple émet pour 1,5 milliards de dollars de green bonds.
25 mars : Les investissements dans les énergies renouvelables représentent le double des investissements dans les énergies fossiles.
28 juin : L’agence de notation Moody’s intègre l’objectif de réduction des gaz à effet de serre tel que fixé dans l’Accord de Paris dans son analyse des risques carbones.
14 septembre : Le groupe d’investissement américain Black Rock alerte les investisseurs de la nécessité de considérer le risque climatique dans les stratégies d’investissement.
19 septembre : Le Canada s’achemine vers un prix national du carbone.
18 octobre : Les secteurs industriels dépendant du pétrole face au risque de "la spirale de la mort" de la part des investisseurs.
4 novembre : L'Oil and Gas Climate Initiative (OGCI) annonce investir un milliard de dollars sur les dix prochaines années pour développer des technologies innovantes faiblement émettrices de gaz à effet de serre, et pour en accélérer l’industrialisation.