Publié le 19 mai 2023

ENVIRONNEMENT

JO 2024 : Comment les organisateurs veulent réduire de moitié les émissions de CO2

Villages sortis de terre, taxis volants, méga-cantines... Malgré le gigantisme des infrastructures et les petits luxes pour en mettre plein les yeux, les Jeux Olympiques de Paris 2024 vise un bilan carbone deux fois moins important que les jeux précédents. A un an des festivités, tour d'horizon des solutions mises en place.

Village olympique EMMANUEL DUNAND
Objectif : ne pas dépasser 1,58 million de tonnes équivalent CO2 soit l'équivalent de l'empreinte carbone annuelle d'environ 580 000 Français.
@Emmanuel Dunand / AFP

Les JO 2024 affichent de grandes ambitions. Le comité d'organisation clamait initialement une "contribution positive" pour le climat. L'allégation vivement critiquée a depuis été remplacée par l'objectif plus réaliste de diviser par deux les émissions de CO2 par rapport à la moyenne des JO de Londres (2012) et de Rio (2016). Ceux de Tokyo, réalisés sans spectateurs pendant la pandémie de Covid-19, ne comptent pas dans le calcul. Ce serait le premier jeu à s'aligner avec l'Accord de Paris. 

La limite à ne pas dépasser sera de 1,58 million de tonnes équivalent CO2, soit l'empreinte carbone annuelle d'environ 180 000 Français. Le calcul écarte les mesures de compensation et prend en compte le scope 3, c'est-à-dire les émissions de l'ensemble de la chaîne d'approvisionnement, en amont et en aval. Les impacts se répartissent de manière à peu près équivalente entre les déplacements des personnes, les constructions et les opérations telles que la restauration ou la logistique. 

La construction, enjeu numéro 1

Pour réduire les impacts, les jeux s'appuient sur 95% de sites temporaires ou déjà existants, selon le comité d'organisation. Reste de nombreux travaux d'ampleur comme la trentaine de bâtiments du village olympique, les 1 300 nouveaux logements pour héberger la presse et de nombreuses rénovations comme celles du stade de France. Difficile cependant de savoir quels bâtiments exactement sont pris en compte dans le bilan carbone. Par exemple, la piscine d'entrainement à Aubervilliers, construite à l'occasion des jeux, n'est pas incluse. 

Pour les nouveaux bâtiments, l'accent est mis sur l'écoconception. Le village olympique affiche des objectifs "très bas carbone". C'est aussi le cas du centre aquatique olympique, créé spécifiquement pour les Jeux. Sa charpente en forme de V réduit le volume d'un tiers et des panneaux photovoltaïques couvriront 20% des besoins électriques. Du côté des 800 000 équipements tels que les armoires, tables et chaises, 60% seront loués et "pour l'ensemble du mobilier, leur seconde vie est déjà identifiée", a précisé le partenaire Lyreco.

Se raccorder au réseau électrique

Autre levier de décarbonation, l'énergie. "En 3 heures, un évènement lambda consomme 4 000 litres de gasoil avec des groupes électrogènes", affirme Nicolas Perrin, directeur régional d'Enedis Paris. Les organisateurs veulent mettre fin à ces habitudes énergivores et raccorder l'ensemble des sites au réseau électrique. Ainsi, 2 500 points de livraison d'électricité seront créés et pourront servir à d'autres évènements ultérieurs. L'électricité doit aussi être 100% renouvelable et certifiée par des garanties d'origine. Des groupes électrogènes à base de biocarburants ou d'hydrogène resteront disponibles pour du secours. Quelques sites produiront de l'énergie, comme une centrale solaire démontable posée sur la Seine, dont l'un des bras sera fermé.

Avec 13 millions de repas à réaliser pour les athlètes, l'équivalent de la moitié de la restauration collective de la ville de Paris sur un an, l'alimentation est un autre sujet d'importance. Les recettes ont été revues, plus végétales et locales. Elles devront atteindre 1 kilogramme d'équivalent CO2 par repas, soit deux fois moins que dans la moyenne nationale tout en respectant les besoins des sportifs. Des fontaines et bouteilles en verres consignées seront encouragées pour les spectateurs.

Des taxis volants pendant les Jeux

La sobriété n'aura pas lieu du côté des transports. Pas moins de 7 millions de spectateurs et officiels ainsi que 23 500 athlètes olympiques et paralympiques sont attendus en provenance de France et de l'autre bout du globe. L'avion pèse fort dans le bilan. Les jeux offrent même un terrain d'expérimentation pour l'usage de taxis volants. "Quelques milliers de billets seront vendus", a annoncé Augustin de Romanet, le directeur du groupe ADP, au plateau de France Info mardi 16 mai 2023. 

Le comité d'organisation veut compenser toutes les émissions de CO2 générées. Le sujet reste sensible face au manque de fiabilité des crédits carbone. La majorité des projets proviendront de l'étranger, "avec les meilleurs standards de contrôle", affirme Georgina Grenon, la directrice de l'excellence environnementale pour Paris 2024. Certains proviendront de France, parmi les projets labellisés bas-carbone par le gouvernement. "Ce n'est pas le volume qui va compter mais la qualité des projets", précise-t-elle.

Cela suffira-t-il à légitimer un évènement très décrié par les défenseurs de l'environnement et les droits humains ? Le 3 avril, dans un communiqué publié dans Bastamag, plusieurs organisations dont Youth for Climate Île-de-France et Collectif de défense des Jardins d'Aubervilliers ont dénoncé les "expulsions à Saint-Ouen, l'augmentation des loyers, la pollution doublée dans le quartier Pleyel de Saint-Denis" ou encore les "conditions de travail dégradées sur les chantiers"

Fanny Breuneval


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