Publié le 20 décembre 2021
ENVIRONNEMENT
Passer des fêtes sans s'étriper : non, la météo et le climat ce n'est pas "la même chose"
Il a gelé au mois de mai et plu tout l'été. Pour l'oncle Pascal, c'en est trop : le réchauffement climatique, il n'en voit pas la couleur. Cette année encore, les fêtes en famille sont l'occasion pour lui de démontrer que la catastrophe climatique tant annoncée, il n'y croit pas. Mais l'oncle Pascal tombe dans le piège dans lequel beaucoup d'entre nous tombons : celui de confondre météo et climat. Profitez de Noël et des repas de famille pour discuter avec votre entourage et qui sait, peut être les convaincre.

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C’est presque devenu une tradition de Noël chez nous. Notre oncle Pascal revient systématiquement à la charge sur le réchauffement climatique qu’il met très sérieusement en doute. L’année dernière, il pointait les températures extrêmement basses le soir du réveillon – a posteriori il s’agissait en effet du Noël le plus froid depuis dix ans. "J’aurai bien aimé le voir moi le réchauffement climatique" ricanait-il au coin du feu. Cette fois, il nous raconte par le menu son été pluvieux et froid dans le bassin d’Arcachon.
Il n’a pas tort l’oncle Pascal, l’été dernier a vraiment été catastrophique. Selon Météo France, c'est la première fois depuis six ans que le pays n’a pas subi de canicule généralisée. Mais il tombe dans le piège tendu par les climatosceptiques : il confond météo et climat. Le premier prévoit le temps qu’il va faire à un moment et un endroit donnés à court terme tandis que le second s'appuie sur des statistiques de variables atmosphériques sur une longue période de temps, 30 ans généralement. En clair, ce n’est pas parce qu’il neige, que la Terre n’est pas en train de se réchauffer.
2021, une année moins chaude mais toujours au-dessus des normales
D’ailleurs 2021 est un très bon exemple. Si l’année a été moins chaude que les précédentes années en France, et notamment que 2020, la plus chaude jamais enregistrée, il a quand même fait +0,2°C de plus par rapport à la normale. "Ce n’est pas ça qui va nous tuer" rétorque l’oncle Pascal, tenace. Eh bah si justement ! Parce que chaque dixième de degré compte, les scientifiques ne cessent de nous le rappeler et de mettre en évidence le fossé entre un réchauffement limité à 1,5°C ou à 2°C.
Limiter le réchauffement climatique à 1,5°C permettrait par exemple de sauver deux fois plus d’espèces, de préserver les récifs coralliens, voués à la disparition dans un monde à 2°C, ou encore de limiter la casse aux pôles où la banquise ne serait amenée à fondre totalement "qu’une" fois par siècle au lieu de tous les dix ans. Alors que l’impact du changement climatique est déjà visible partout, y compris en France, où la température s’est réchauffée de 2°C depuis 1961-90, rester sous la barre des 1,5°C mettrait à l’abri des centaines de millions de personnes exposées aux risques climatiques.
En outre, il faut bien avoir en tête qu’un réchauffement mondial de 1,5°C est une moyenne. Certaines régions subiront un réchauffement qui pourra atteindre les 6°C, tandis que d’autres, moins nombreuses, pourront dans le même temps connaître des records de froid. Mais la tendance globale est bien au réchauffement ! Le consensus scientifique est établi et la communauté internationale l’a reconnu. On n’a plus le temps de tergiverser sur le temps qu’il fait, il faut agir. Je vois bien que l’oncle Pascal a encore l’air sceptique, mais il semble à court d’arguments. On va pouvoir dîner tranquillement…
Concepcion Alvarez @conce1