Publié le 11 juillet 2017

ENVIRONNEMENT

Hulot passe l’épreuve du plan climat (presque) sans encombre

Un signal fort pour les professionnels des renouvelables et les investisseurs, une chance unique de réussir la transition énergétique, le renforcement du leadership français sur le climat... les réactions à la feuille de route sur le climat de Nicolas Hulot, présentée le 6 juillet, sont plutôt encourageantes. Toutefois certaines ONG regrettent l’absence de deux sujets majeurs : le nucléaire et la taxe sur les transactions financières.


Catkin / Pixabay

Globalement les réactions à la feuille de route climat de Nicolas Hulot ont été positives. Tous saluent "l’ambition du projet". Pour WWF France, "ce plan avance les éléments fondateurs d’un tournant vers un monde neutre en carbone et moins dépendant des énergies fossiles".

De même le think tank Shift Project "applaudit l’ambition du Plan climat." "La dynamique que la France veut aujourd’hui impulser représente une chance unique de réussir la transition énergétique, peut-on lire dans un communiqué. Jamais cette dynamique n’est apparue aussi forte parmi les décideurs politiques et économiques français."

"Visibilité et stabilité"

Même enthousiasme du côté des professionnels des énergies renouvelables. "Dans la continuité des objectifs de la Loi de transition énergétique, [les déclarations du ministre] apportent visibilité et stabilité, deux éléments essentiels au déploiement rapide d’un mix énergétique vertueux et à la croissance des filières industrielles", déclare Jean-Louis Bal, président du syndicat des énergies renouvelables (SER).

Pour Enerplan, le syndicat des professionnels de l’énergie solaire, la promotion de l’autoconsommation est "un excellent signal", de même que la taxation des énergies polluantes. Mais il faut tout de même "rationaliser le recours aux appels d’offres et les simplifier", explique Daniel Bour, son président. L'UFE (Union française de l'électricité) appelle à un prix carbone de 140 euros la tonne de CO2 d'ici 2030, alors que le ministre a simplement déclaré qu'elle serait supérieure à 100 euros sans donner de chiffre.

Le monde de la finance verte souligne également la convergence des thématiques portées par Nicolas Hulot (reporting climat, épargne verte, gestion des risques…) avec les travaux en cours au sein de Finance For Tomorrow, l'initiative de la place de Paris pour la finance verte et durable, et ceux du Groupe d'Experts de la Commission Européenne sur la finance durable (HLEG) dont le rapport intérimaire sera présenté à Bruxelles le 18 juillet. "Il reste désormais à traduire ces objectifs en actions concrètes", a réagi Philippe Zaouati, DG de Mirova et Président de Finance for Tomorrow.

La TTF et le nucléaire, les grands absents

Laurence Tubiana, ancienne ambassadrice pour le climat et CEO de la Fondation européenne pour le climat, estime également que ce plan est "une bonne nouvelle" et qu’il permettra de "renforcer le leadership climatique français". Cependant, elle déplore "le manque de précisions notamment sur le relèvement de la fiscalité écologique ou le plan d’investissement" et le "manque d’ambition sur la décarbonation du secteur des transports."

Les ONG environnementalistes sont plus critiques. Le réseau Sortir du nucléaire et le Réseau Action Climat (RAC) pointent du doigt le flou que maintient le ministre sur la fermeture de centrales nucléaires afin de respecter l’objectif d’abaisser sa part de 75 à 50 % en 2025 dans la production d’électricité. Lundi 10 juillet sur RTL, Nicolas Hulot a finalement évoqué la fermeture de "peut-être jusqu’à 17 réacteurs" d’ici à 2025

Oxfam et Attac regrettent, quant à elles, l'absence de mention au sujet de la taxe sur les transactions financières à l’échelle européenne qui semble une nouvelle fois enterrée après six ans de discussions. La mesure était dans la première version de la feuille de route. Mais elle aurait été supprimée par le ministère de l'économie et des finances, qui souhaite conserver un avantage compétitif en plein Brexit.

Concepcion Alvarez @conce1


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