Publié le 17 juin 2016
ENVIRONNEMENT
COP22 : transformer l'essai
Hakima El Haite, ministre déléguée à l’Environnement du Maroc, est en charge de l’organisation de la COP22 à Marrakech. Elle était à Paris la semaine dernière. Elle a détaillé les priorités à mener cette année dans le prolongement de l’adoption de l’Accord de Paris et rappelé les grands événements à venir d’ici novembre. Son objectif : inscrire le consensus obtenu au Bourget dans l’action.

Nicholas Kamm / AFP
Les travaux de terrassement et de viabilisation du site de Bab Ighli, qui accueillera la COP22 à Marrakech du 7 au 18 novembre, ont été lancés le 9 juin dernier. Au même moment, Hakima El Haite, ministre déléguée à l’Environnement, organisatrice de l’événement, achevait une tournée en France pendant que le Maroc adoptait le projet de loi portant sur l’approbation de l’Accord de Paris.
Le texte devrait être ratifié d’ici octobre, en amont de la session parlementaire. Le mot d’ordre : montrer que le pays est bel et bien prêt à accueillir la grand-messe environnementale et poursuivre la dynamique amorcée à Paris en décembre dernier.
"Le Maroc est très heureux d’accueillir la COP22. Cet événement va accélérer la mise en œuvre du développement durable dans tout le pays. Aujourd’hui, il n’y a pas une collectivité, un territoire, qui n’ait intégré cette problématique", a tenu à souligner la ministre lors d’une conférence de presse. Elle a ainsi rappelé que le pays était l’un des rares à avoir mis fin aux subventions aux énergies fossiles pour le fuel industriel et l’essence.
Cinq priorités pour la COP22
Hakima El Haite identifie cinq priorités pour la COP22 :
- Établir une feuille de route pré-2020, pour savoir qui fait quoi, quand et comment
- Poursuivre la mobilisation autour de l’Agenda des solutions (ou de l’action) et trouver des outils pour mesurer les engagements
- Activer le mécanisme de renforcement des capacités pour que les fonds à destination des pays vulnérables soient débloqués
- Améliorer le transfert des technologies de base comme le photovoltaïque
- Dresser une feuille de route financière post-2020 pour inciter les pays à honorer leurs promesses de contributions
"2015 a été une année charnière pendant laquelle les leaders politiques ont décidé de prendre un nouveau tournant, a déclaré Hakima El Haite. L’Accord de Paris a créé des attentes exceptionnelles dans les pays les plus vulnérables auxquelles nous nous devons de répondre. La COP22 sera un succès si nous arrivons à prolonger la solidarité qui a émergé entre les parties et à maintenir la confiance qui a été reconstruite à Paris."
Feuille de route climatique
Le 6 juin, Hakima El Haite et Laurence Tubiana avaient déjà publié avec une feuille de route détaillée. Elles entendent s’appuyer sur les initiatives existantes, notamment sur les 70 initiatives lancées dans le cadre de l’Agenda des solutions, et en soutenir de nouvelles géographiquement variées autour de l’adaptation, de la résilience et de la réorientation des flux financiers. "Il est possible d’en faire plus pour inclure davantage de représentants des gouvernements nationaux et locaux, des entreprises et de la société civile des pays en développement", écrivent-elles par ailleurs.
Le deuxième axe de travail porte sur le lien entre ces initiatives et les contributions déterminées au niveau national (NDC). "Les initiatives se révéleront de la plus grande utilité lorsqu’elles rendront possible la mise en œuvre des NDC et l’augmentation progressive de leurs niveaux d’ambition." Par ailleurs, les deux championnes du climat vont lancer une nouvelle initiative volontaire sur les stratégies de développement à faibles émissions à horizon 2050.
Enfin, la dernière priorité concerne la transparence. "Nous comptons travailler avec les Parties et les parties prenantes non-Parties à la consolidation de la transparence de l'action et au suivi de la mise en œuvre, pour établir la crédibilité des initiatives volontaires et des coalitions."
Un résumé pour décideurs, préparé par le secrétariat de la Ccnucc, va être publié début septembre. Il comprendra "des informations sur des politiques, des pratiques et des mesures spécifiques considérées comme meilleures pratiques et au potentiel évolutif et reproductible, et sur les options pour soutenir leur mise en œuvre, ainsi que sur les initiatives pertinentes de collaboration". Il servira de base à la réunion de haut niveau pour l’action climatique qui se tiendra lors de la COP22 et au rapport conjoint que les deux championnes présenteront à cette occasion.
Organisation de la COP22
D’ici là, plusieurs événements sont organisés au Maroc :
- Premier Forum mondial des alliances et coalitions les 23 et 24 juin, à Rabat
- NDC et Forum sur l'atténuation: négociateurs et experts les 28 et 29 juin, à Rabat
- Carbone 360 (sur la mise en place d’un prix carbone) les 15 et 16 juillet, à Marrakech
- Conférence sur le plan d'action avant 2020 et sur le renforcement des capacités (niveau international) les 9 et 10 septembre, à Rabat
- Premier sommet des multinationales du Sud les 22 et 23 septembre, à Rabat
- Leaders féminins et transformation mondiale le 30 septembre et le 1er octobre, à Skhirat
- Pré-COP les 17 et 18 octobre, à Marrakech
- Sommet africain de l'action le 8 novembre, à Marrakech
Le site de la COP22 accueillera quant à lui sans surprise une zone bleue réservée aux Parties, avec un pavillon dédié à l’Afrique, précise Hakima El Haite. Une seconde zone sera réservée aux parties non-étatiques, avec un village de la société civile qui accueillera un espace pour les ONG, un autre pour les territoires et une agora des parlementaires. Par ailleurs, la galerie des solutions réservée pendant la COP21 aux entreprises est remplacée par un village des innovations, qui accueillera notamment une conférence sur les technologies bas-carbone avec des universitaires du monde entier. Enfin, un espace sera également consacré "au patrimoine immatériel et au savoir-faire ancestral".