Publié le 23 septembre 2022

ENVIRONNEMENT

Grèves des étudiants pour le climat : "On sort de notre insouciance parce que nos dirigeants sont dans le déni"

Ce vendredi 23 septembre marque le retour des grèves mondiales pour le climat à l'initiative de Fridays for Future. En France, des élèves de 500 établissements scolaires vont se mobiliser pour appeler le gouvernement à agir vite face à l’urgence climatique et à suivre les recommandations du Giec. L'enjeu est de réussir à restructurer un mouvement affaibli notamment par la pandémie de Covid-19, alors que de grands rendez-vous, tel que la COP27 sur le climat, sont attendus d'ici la fin de l'année.

Greve pour le climat pancarte MARIO TAMAGETTY IMAGES NORTH AMERICAGetty Images via AFP
Ce vendredi 23 septembre, une grève mondiale pour le climat est organisée.
@MARIO TAMAGETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP

C’est le grand retour des grèves pour le climat ce vendredi 23 septembre, partout en France et dans le monde. Dans l’Hexagone, rendez-vous est donné devant les mairies à 11h30. À Paris, un rassemblement est prévu à 14h devant l’Hôtel de ville. Au total, ce sont des élèves de plus de 500 établissements scolaires qui vont sécher les cours "pour la bonne cause", suivant le mouvement Fridays for Future lancé en Suède en 2018 par la désormais célèbre Greta Thunberg.

"On veut reprendre le mouvement, relancer la dynamique autour de ce narratif de la grève, qui a un ancrage historique très important en France", explique Alice Dubois, 19 ans, étudiante en 2e année de sciences politiques à Nancy et porte-parole de Fridays for Future France, lancé en début d’année. "On ne peut pas retourner en cours comme si de rien était après l’été apocalyptique que nous venons de vivre", complète le deuxième porte-parole du mouvement, Pablo Flye, 18 ans et étudiant en 2e année d’économie à Nancy.

Principale revendication : la formation aux enjeux climatiques pour tous dès le plus jeune âge

Le mouvement des grèves pour le climat avait connu une belle lancée autour justement de la personne de Greta Thunberg, qui avait alors fait le tour des grandes assemblées (ONU, Davos, COP25…) pour tancer les dirigeants mondiaux. Mais la dynamique a été interrompue par la pandémie de Covid-19 qui a empêché toute mobilisation. "Nous avons devant nous un gros travail de restructuration du mouvement avec plein de nouvelles personnes qui nous rejoignent et qui n’ont jamais milité avant", souligne Pablo Flye, désireux de ne pas répéter les erreurs du passé.

"Le mouvement climat s’est essoufflé à cause du Covid-19, mais aussi parce qu’on n’a pas su s’organiser face à une vague d'engagements. C’est pourquoi nous allons former davantage les gens, accompagner les groupes locaux dans leur mobilisation, mais aussi fixer des jalons pour gagner des petites victoires", détaille-t-il. Ainsi, la grève de ce vendredi 23 septembre est placée sous le signe de l’éducation, avec comme principale revendication la formation aux enjeux climatiques pour tous dès le plus jeune âge.

"On aimerait ne pas avoir à faire grève"

Au niveau mondial, 600 mobilisations sont recensées partout dans le monde, du Bangladesh à l’Équateur, de la Bulgarie au Sierra Leone, mais aussi en Italie où le mouvement se tiendra quelques jours avant les élections législatives où l'extrême droite est donnée en tête. À quelques semaines de la COP27 sur le climat, qui se tiendra en Égypte, c’est la question du financement des pertes et dommages par les pays riches aux pays du Sud qui est brandie. "Les gouvernements du Nord devraient payer pour les pertes et les dommages dans nos communautés, non par solidarité, mais parce que c'est leur responsabilité historique, et nous sommes ici pour réclamer cette dette", lance Edwin Namakanda, un militant climatique ougandais.

De la COP27, ni Pablo ni Alice n’attendent grand-chose. "Nous aimerions bien pouvoir compter dessus mais on sait que ça va être un nouveau rendez-vous manqué, avec de grands discours, des objectifs non-contraignants et peu de mesures concrètes", liste Pablo, qui dit en vouloir aux dirigeants politiques et économiques. "On aimerait ne pas avoir à faire grève et pouvoir aller en cours et vivre notre jeunesse. Mais on sort de notre insouciance parce que nos dirigeants sont dans le déni", regrette Alice. Tous deux reconnaissent que leur engagement constitue une forme de sacrifice. Mais ils assurent aussi que le fait d’être dans l’action leur permet de mieux vivre la crise climatique.

Concepcion Alvarez @conce1


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