Publié le 14 mars 2023
ENVIRONNEMENT
Le journal de la météo et du climat : comment France 2 et France 3 réinventent le bulletin météo
Exit la vieille recette des bulletins météo sans une mention au changement climatique. Sur France 2 et France 3, le point météo devient le "journal météo climat". Une nouvelle formule qui s'inscrit dans une stratégie de transformation verte chez France Télévisions. Le journal britannique The Guardian a été le pionnier sur ce sujet. Depuis 2019, il indique le niveau de CO2 dans ses bulletins météo.

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En France, lundi 13 mars, il a fait 5,8°C plus chaud que la moyenne des 13 mars de ces dernières décennies. +9,3°C à Clermont-Ferrand. Désormais, de nouvelles cartes et données vont faire leur apparition lors des bulletins météo de France 2 et France 3 rebaptisés le "journal météo climat". Le but est de mieux sensibiliser le public aux conséquences du changement climatique sur le temps qu'il fait, afin de comprendre que l’absence de pluies ou de températures élevées en hiver ne sont pas synonymes de bonnes nouvelles.
Voici l'une des infographies qui a été diffusées lundi 13 mars dans le premier journal de la météo et du climat. Source : Francetvinfo
Il s'agit "d'expliquer la météo autrement, pas juste de dire: ‘il va faire beau demain ou il va pleuvoir’, mais expliquer pourquoi", a déclaré à l'AFP le directeur de l'information du groupe public, Alexandre Kara, en soulignant que "la météo est la conséquence directe du climat". En plus de la présentation classique de la météo, "il y aura des chiffres, des données, on pourra revenir par exemple sur les anomalies de température, sur la question des nappes phréatiques, ou encore expliquer la sécheresse hivernale", a-t-il poursuivi.
"Révolution"
Dans un premier temps, ces informations supplémentaires seront surtout apportées dans les bulletins météo du soir sur France 2 et France 3, respectivement allongés d'une minute trente et plus de deux minutes. À terme, le dispositif sera étendu aux bulletins de la journée, selon Alexandre Kara, nommé en octobre dernier. "Une de mes priorités a été de dire qu'on ne pouvait plus faire la météo comme on la faisait depuis qu'elle existe", a-t-il souligné, en jugeant aujourd'hui "insupportable qu'on se réjouisse qu'il fasse 25 degrés à Biarritz en février sans expliquer pourquoi".
Le changement climatique, ns le vivons, le percevons dans notre quotidien, maintenant, partout; il s’intensifie.
La météo s’insère dans cette dynamique & a partir de ce soir, révolution! Tous les bulletins météo de @Francetele intégreront désormais cette réalité!
Unsur ce défi pic.twitter.com/ereBB0WLMc— Christophe Cassou (@cassouman40) March 13, 2023
"Le changement climatique, nous le vivons, le percevons dans notre quotidien, maintenant, partout; il s’intensifie. La météo s’insère dans cette dynamique et à partir de ce soir, révolution!", annonçait le 13 mars sur Twitter le scientifique Christophe Cassou qui a travaillé avec le groupe sur ce projet. "Tous les bulletins météo de France Télé intégreront désormais cette réalité ! Les fluctuations quotidiennes du temps, la météo, sont influencées par le réchauffement planétaire dû aux émissions de CO2 par les activités humaines. C’était une évidence ; il fallait faire évoluer les bulletins météo qui ont peu changé depuis 30 ans".
La prise en compte des questions de climat est "un axe stratégique" global à France Télévisions, a insisté son directeur de l'information, faisant valoir qu'elles sont déjà présentes dans "l'offre d'info", JT ou magazines. "On va continuer à développer et sacraliser ces rendez-vous", a-t-il dit. En septembre dernier, la chaîne avait présenté sa stratégie de transformation pour mieux traiter ces sujets, avec notamment la création d’une cellule dédiée, "une équipe climat au sein de la rédaction nationale". Le 13 heures de France 2 se veut un "laboratoire climat", avec des délocalisations du JT sur les lieux frappés par la crise.
The Guardian, le pionnier
Ces préoccupations vont également influer sur l'organisation interne du groupe. "Sauf exception extrême d'actualité, il n'y aura plus d'utilisation de l'avion pour les reportages sur le territoire métropolitain. Nous allons demander à tout le monde de prendre le train", a annoncé Alexandre Kara. De même, l'ensemble de la rédaction va suivre des formations climat et l'accent sera mis sur les économies d'énergie.
Pionnier sur le sujet, The Guardian intègre le CO2 dans ses bulletins météo depuis avril 2019. Chaque jour, il indique le taux quotidien de CO2 dans l’atmosphère, mesuré en parties par million (ppm), et le compte à celui des années précédentes, mais aussi au taux de référence correspondant à la période "pré-industrielle" et au taux considéré comme supportable à long-terme (estimé par le climatologue de la NASA James Hansen). Le quotidien britannique refuse également toute publicité pour les énergies fossiles depuis 2020 et s’est fixé pour objectif de réduire ses émissions de CO2 de 67% entre 2020 et 2030.
En France, une centaine de médias ont signé en septembre dernier "La charte pour un journalisme à la hauteur de l’urgence écologique", mais aucun des grands médias nationaux généralistes ne comptent parmi les signataires, à l’exception de RFI, France 24 ou encore 20 minutes.
Concepcion Alvarez @conce1 avec AFP