Publié le 25 février 2020

ENVIRONNEMENT

Urgence climatique : le premier "éco-syndicat" va faire son entrée dans les entreprises françaises

L'association Printemps écologique vient de lancer le premier "éco-syndicat" dans les entreprises françaises. Alors que le nombre de personnes syndiquées est de plus en plus faible en France et que l'urgence climatique mobilise les citoyens, ce syndicat veut allier justice sociale et transition écologique. Pour cela, il va pénétrer dans onze entreprises dont cinq sociétés du CAC 40 dans les prochains jours et espère atteindre 100 sociétés d'ici la fin de l'année. 

Co syndicat entreprise
L'objectif est de créer 100 éco-syndicats d'ici la fin de l'année.
CC0

La CGT main dans la main avec Oxfam et Greenpeace pour défendre l'environnement. Ces alliances, autrefois impensables, tendent aujourd'hui à se multiplier. Face à l'urgence climatique, les syndicats traditionnels sont de plus en plus nombreux à intégrer les enjeux environnementaux dans leurs revendications, même si ce n'est pas leur coeur de leur lutte. Un nouveau syndicat, porté par l'association Printemps écologique, compte bien, quant à lui, faire de la transition écologique le sujet prioritaire des négociations collectives. 

"Les nouvelles générations ne veulent plus seulement qu’on parle de leurs conditions de travail mais aussi de l’urgence climatique, des nouveaux modes de travail, des conséquences de leur travail sur la planète… ", explique Maxime Blondeau. Cet enseignant, spécialiste des mutations du travail, vient de cofonder Printemps écologique. L'association guide les salariés dans la création d'éco-syndicats dans les entreprises.

L’ambition est d’intégrer les enjeux environnementaux au dialogue social. Onze "syndicats verts" sont en cours de lancement dont trois dans des sociétés de moins de 50 salariés, trois dans des entreprises moyennes et cinq dans des sociétés du CAC 40. Le nom de ces dernières sera bientôt révélé. L’objectif est d’en créer 100 d’ici la fin de l’année et d’avoir 20 000 membres, contre 1 000 aujourd'hui.

Concilier transition écologique et justice sociale 

L'association espère notamment attirer les jeunes et pouvoir travailler avec les syndicats traditionnels en créant des alliances. "Il s’agit d’être complémentaire. On autorise même la double adhésion. Mais l’enjeu est de faire venir des salariés qui n’ont pas de culture syndicale", avance Maxime Blondeau. Par ailleurs, plusieurs associations dont Halte à l’obsolescence programmée ou Green IT ont développé des partenariats avec Printemps écologique.

L'association vise la promotion des pratiques écoresponsables à toute échelle, l'adaptation des modes de gouvernance à l'impératif écologique, l'anticipation des mutations de l'emploi pour concilier transition écologique et justice sociale ou encore la neutralité carbone dans chaque établissement. La question du modèle économique de l’entreprise sera un enjeu crucial.

"Le citoyen peut voter pour les représentants de son choix. Le consommateur responsable opte pour des produits de son choix. Mais le salarié peut-il choisir ? Peut-il dénoncer dans son travail des pratiques qui vont à l’encontre des objectifs climatiques et faire valoir en retour des alternatives respectueuses du vivant ? Non, il ne le peut pas", estime Printemps écologique. "Parce que les salariés ne sont pas encore unis pour réclamer ces droits", défend l'association.

Reste que "l’obsession écologique d’un syndicat" pourrait mener à la "division syndicale", prévient dans une tribune publiée dans le Monde Jean-Emmanuel Ray, professeur à l’école de droit à la Sorbonne. Sauf que les futurs éco-syndicats ne devraient pas uniquement prendre en compte les questions environnementales dans leur périmètre. "On veut transformer l’appareil productif en priorisant l'impératif écologique mais sans sacrifier la justice sociale", avance Maxime Blondeau.

Marina Fabre, @fabre_marina


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