Publié le 09 juin 2017
ENVIRONNEMENT
Et soudain Emmanuel Macron est devenu le champion de la lutte contre le changement climatique
Depuis que le Président américain s’est retiré de l’Accord de Paris, Emmanuel Macron est devenu l’un des grands visages de la lutte contre le changement climatique. Multipliant les rencontres nationales et internationales, il veut refaire de Paris le cœur de la lutte pour la planète comme la capitale française le fut lors de la COP21. Un engagement qu’on ne lui avait pas connu lors de la campagne présidentielle.

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De tous les candidats à l’élection présidentielle, Emmanuel Macron n’était pas le plus engagé sur l’Environnement. Ses promesses consistaient essentiellement à s’inscrire dans la suite du gouvernement précédent, en appliquant en particulier la loi de transition énergétique. D’ailleurs, pas plus que la candidate frontiste Marine Le Pen, le candidat d’En Marche n’a abordé le thème du climat ou de la biodiversité pendant le débat de l’entre-deux tours.
Mais depuis une semaine - et alors que le Président de la République veut s’assurer une Assemblée aux couleurs de "La République en Marche" -, il est devenu un véritable héros du climat. Merci à Donald Trump qui lui a donné la bonne fenêtre de tir en annonçant le 1er juin dernier le retrait des États-Unis de l’Accord de Paris.
Des rencontres sur toute la planète
Quelques heures après l’annonce, Emmanuel Macron apparaissait sur toutes les télévisions du monde pour dénoncer – en français et en anglais - le choix américain. Il y prononça le provocateur "Make Our Planet Great Again" (Rendons notre planète grande à nouveau) repris des dizaines de milliers de fois sur les réseaux sociaux, détournant le slogan de Donald Trump "Make America Great Again" (Rendons l’Amérique grande à nouveau).
Depuis cette date, il a redoublé d’efforts pour faire de Paris le pivot de la lutte contre le changement climatique, un rôle que Pékin convoite également. Ainsi dans la foulée de son discours, il a rencontré Michael Bloomberg, président du TCFD (Task Force on Climate-related Financial Disclosures) et coordinateur de l'initiative "We Are Still In", une coalition d’États, de ville, d’entreprises et d’investisseurs américains qui assurent rester dans l’Accord de Paris malgré la décision de l’administration fédérale.
Il a bien sûr multiplié les échanges avec Angela Merkel sur l’engagement européen. Il a rencontré le Premier ministre indien, Narendra Modi. Ensemble, ils se sont engagés à "associer leurs efforts dans la lutte commune pour le climat", pour même "aller au-delà de l’Accord de Paris". Quelques heures plus tard, il s’entretenait avec le Pape François qui, depuis son appel à lutter contre le changement climatique, diffusé avant la COP21 en 2015, a mobilisé la communauté catholique sur le désinvestissement des énergies fossiles.
Une feuille de route environnementale confiée à Nicolas Hulot
Mais le Président n’a pas oublié sa communauté nationale. Lundi 5 juin, il a réuni à l’Elysée Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique et solidaire, Jean-Yves Le Drian, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, et Frédérique Vidale, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, avec une vingtaine de représentants de la société civile : des ONG comme WWF, Oxfam ou RAC, des scientifiques dont Jean Jouzel, des experts de la finance comme Philippe Zaouati…
"C'est avec tous ces acteurs que l’Accord de Paris a été bâti, nous avons recréé cette dynamique", assure un conseiller Élyséen. Fort de leurs propositions, Emmanuel Macron s’est d’abord engagé sur l'établissement d'une feuille de route sur le climat soumise en conseil des ministres dès juin. Charge est donnée à Nicolas Hulot de la préparer. Elle devrait essentiellement acter des promesses de campagne comme l’accélération de la rénovation énergétique des bâtiments publics et des logements précaires, la fixation d’une trajectoire du prix du carbone ou encore la garantie que plus aucun permis d'exploration pétrolière ne sera délivré…
Par ailleurs, comme annoncé dans son discours de réponse à Trump, il a promis le lancement d’un site Internet pour accueillir en France tous les chercheurs, en particulier ceux issus des États-Unis, qui veulent travailler sur le changement climatique. C’est ainsi que le site de candidature Makeourplanetgreatagain.fr a été mis en ligne le jeudi 8 juin. En première page du site, on peut lire : "Face au scepticisme climatique du nouveau gouvernement des États-Unis, le président Emmanuel Macron a invité les scientifiques américains à venir travailler en France".
Ludovic Dupin @LudovicDupin