Publié le 07 novembre 2019
ENVIRONNEMENT
En Californie, Toyota, General Motors, Fiat-Chrysler soutiennent Donald Trump plutôt que le climat
Trois grands constructeurs automobiles ont pris le parti de l’État fédéral contre la Californie, dans la bataille qui les oppose sur les normes d’émissions de gaz à effet de serre pour les véhicules. Toyota, General Motors et Fiat-Chrysler soutiennent la décision de l’administration de Donald Trump d’empêcher l’État californien d’émettre des normes plus strictes. D’autres constructeurs comme Ford, au contraire, ont pris des engagements auprès de la Californie pour réduire leurs émissions.

@CCO
Trois grands constructeurs automobiles ont rallié les positions de Donald Trump sur les émissions de gaz à effet de serre. Toyota, General Motors et Fiat-Chrysler, réunis dans la "Coalition for sustainable automotive regulation", s’opposent à la décision de la Californie d’adopter des normes d’émissions automobiles plus strictes que celles prévues au niveau fédéral. Ils défendent l’idée d’une seule règle valable pour tout le pays, plutôt que des normes disparates entre les États. Et défendent la règle la moins stricte en termes d’émissions…
La Californie avait en effet adopté des réglementations dérogeant au droit fédéral, comme l’y autorise la loi Clean Air Act, pour contrer la décision de l’administration Donald Trump d’assouplir les contraintes pesant sur la filière automobile. L’État, dirigé par le gouverneur démocrate Gavin Newsom, voudrait imposer aux constructeurs d’atteindre une moyenne de consommation de 54,5 miles per gallon d’ici 2025 (environ 4,3 litres aux 100 km), tandis que le plan de l’agence américaine de protection de l’environnement (EPA) prévu pour l’année prochaine, devrait se situer autour de 40 miles per gallon (environ 5,8 litres aux 100).
Jeux de pouvoir
Plusieurs jeux de pouvoir sont à l’œuvre dans cette affaire. Celui qui se joue au niveau de l’industrie automobile, en premier lieu. Toyota, GM et Fiat-Chrysler, le groupe italo-américain actuellement en pourparlers pour une fusion avec le groupe Peugeot, prêchent pour leur paroisse, en espérant assouplir les contraintes réglementaires sur les motorisations de leurs véhicules. Le profil du parc automobile américain, composé aux deux tiers de SUV et pick-ups très gourmands en carburant, ne leur facilite en effet pas la tâche. La réduction de la consommation de carburant des véhicules, et donc de leurs émissions, est néanmoins cruciale pour lutter contre le changement climatique.
L’autre jeu de pouvoir se situe entre l’administration de Donald Trump, qui vient d’acter sa décision de sortir de l’Accord de Paris, et certains États et collectivités locales qui continuent d’agir contre le réchauffement climatique. En 2018, la Californie, ainsi que 17 autres États et collectivités, ont intenté un procès contre le plan de l’EPA d’assouplir les normes sur les véhicules. L’administration de Donald Trump n’est pas restée sans réagir. Au mois de septembre dernier, l’agence de protection de l’environnement a décidé de suspendre la dérogation californienne sur les émissions de gaz à effet de serre des véhicules. Décision aussitôt attaquée en justice par la Californie et 23 autres juridictions, certains États s’étant alignés sur les normes californiennes.
Un risque pour les constructeurs
Les constructeurs avaient déjà été pris à parti. Quatre d’entre eux (Ford, Honda, BMW et Volkswagen) ont signé en juillet 2019 un accord avec les autorités californiennes sur la réduction de leurs émissions, obtenant un compromis leur permettant d’atteindre seulement 50 miles per gallon d’ici 2026. Là encore, l’administration fédérale a réagi, en lançant une enquête "antitrust" du département de la justice sur cet accord.
Enfin, selon le New York Times, la décision de Toyota, GM et Chrysler de se placer du côté de l’administration fédérale dans son procès l’opposant à la Californie, serait intervenue après des pressions de la Maison Blanche. Cette bataille acharnée risque de mettre du temps à se résoudre, les procédures pouvant potentiellement remonter jusqu’à la Cour suprême.
Reste à voir, d’ici là, l’impact qu’elle aura sur l’image des constructeurs. "General Motors, Toyota, Fiat-Chrysler et l’association des constructeurs ont choisi un chemin qui va nous empêcher d’atteindre nos objectifs climatiques et va les mettre en risque réglementaire, légal et de compétitivité", assure Carol Lee Rawn, spécialiste du transport chez Ceres.
Arnaud Dumas, @ADumas5