Publié le 23 octobre 2014
ENVIRONNEMENT
Émissions de CO2 : les entreprises françaises en progrès, mais peuvent mieux faire
Les entreprises françaises font figure de bons élèves en matière de transparence sur leurs émissions de carbone et les moyens mis en place pour les réduire. C’est ce qui ressort du dernier rapport du CDP, le Carbon Disclosure Project. Mais cet effort doit être multiplié par cinq pour atteindre l’objectif de limitation de la hausse moyenne des températures mondiales à 2 °C.

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A première vue, le rapport du CDP (Carbon Disclosure Project) est porteur de bonnes nouvelles. Il permet de rendre compte de la transparence et de la performance des entreprises françaises en matière d’émissions de gaz à effet de serre (GES).
En 2014, 98 des 250 plus grandes entreprises françaises, dont la totalité du CAC 40, ont répondu au questionnaire de l’organisation internationale à but non lucratif. Une organisation non gouvernementale (ONG) soutenue par 767 investisseurs institutionnels gérant 92 000 milliards d’actifs. "La qualité de leur reporting sur le changement climatique et de leur performance carbone ne cesse de s’améliorer", estime le CDP.
Pour preuve, cette année, 10 entreprises hexagonales — Atos, Cap Gemini, Danone, Groupe Steria, Kering, L'Oréal, Orange, Renault, Schneider Electric et Thales — se sont hissées dans le classement des "leaders de performance" (187 au niveau mondial). Trois d’entre elles (AXA, Vinci et Steria) obtiennent même la note maximale de 100 ! Le score moyen des entreprises françaises s’octroie une note honorable de 81 B en 2014 contre 67 C en 2012.
La raison de cette progression ? Des initiatives, principalement dans le domaine énergétique, de plus en plus chiffrées en termes de CO2 évité, d’investissements et de bénéfices économiques. Des données qui permettent d’évaluer la baisse des émissions due aux efforts des entreprises françaises interrogées à 15,8 millions de tonnes entre 2013 et 2014.
Un manque criant de vision à long terme
Mais les progrès sont jugés "insuffisants" par le CDP. Car le nombre d’initiatives de réduction a assez peu évolué depuis l’an dernier. Résultat: il faudrait quintupler les efforts pour atteindre l’objectif de division par quatre des émissions de GES à horizon 2050 par rapport à 1990.
A ce rythme, le CDP évalue la baisse des émissions des 20 plus gros émetteurs français qui comptent pour 97% du total des émissions à seulement 9% ! Dans cette catégorie des gros émetteurs (parmi lesquels ArcelorMittal, GDF Suez, Lafarge, Total et EDF qui comptent pour 76% des émissions à eux seuls), 6 n'ont pas du tout réduit leurs émissions entre 2013 et 2014. Pire: 8 les ont… augmentées.
Quant aux initiatives de réductions des émissions, elles sont de plus en plus innovantes (green bonds, intégration d’un prix interne du carbone, nouveaux business modèles inspirés de l’économie sociale et solidaire, de l’économie circulaire ou collaborative). Mais pour le CDP, "ces initiatives sont encore bien trop souvent anecdotiques: il est grand temps de passer à une véritable logique d’industrialisation, avec comme objectif une transformation à grande échelle des modes de production et de consommation".