Publié le 08 janvier 2021
ENVIRONNEMENT
[Édito] Penser global, miser sur la résilience et lutter contre le catastrophisme
Le catastrophisme semble se propager aussi vite que le COVID 19. Le grand sommeil délétère des confinements barre l’horizon. Et cette "pause" n’est pas mise à profit pour dessiner un modèle résilient, capable de nous aider à affronter les crises à répétition dont la combinaison multiplie les effets. Pour y arriver, il faudrait casser les silos mentaux qui nous empêchent de regarder les risques globalement et de proposer des remèdes à la bonne échelle.
@Netflix
"Mort à 2020", le "documenteur" des créateurs de Black Mirror diffusé sur Netflix, permet de revoir le film de l’année qui vient de s’achever. Cette satire, entrecoupée d’extraits d’actualités, montre qu’au-delà de la crise sanitaire qui a paralysé toutes nos vies, une transformation assez radicale est en cours. Avec les feux de forêts australiens, la compréhension de notre hyper exposition à une accélération de la déforestation et du changement climatique s’est propagée à la vitesse de l’incendie.
Aux États Unis, pays du soft power, la mort de George Floyd a généré un mouvement mondial de mobilisation autour des "Black lives matter". Donald Trump, programmé pour être réélu, a été battu par Joe Biden ce qui a précipité dans les rues des foules joyeuses que ne doivent pas éclipser la bande de desperados qui ont envahi le capitole le 6 janvier. Les confinements ont provoqué une respiration générale de la nature… Il serait salutaire de relire l’histoire de 2020 avec un voile d’optimisme parce qu’elle nous a offert la possibilité de changer nos représentations du monde. Allons-nous la saisir ?
Des crises liées les unes aux autres
Cela semble difficile pour une population, chauffée à blanc par la litanie des morts du Covid-19 et la petite musique collapsologue qui laisse penser qu’il serait trop tard pour agir. Or notre marge de manœuvre est encore importante à condition de relier les différents sujets. AXA a publié fin 2020 son classement annuel des risques où les menaces sanitaires sont passées au premier plan, devançant le changement climatique et les cyberattaques !
Or les trois sont liés. Zoonoses et dégradation de l’environnement vont de pair. Quant à la prévention de la maladie, elle passe par les gestes barrières, les tests, les vaccins et le télétravail. L’augmentation spectaculaire de ce dernier a créé un environnement digital très favorable aux cyberattaques qui ont pris des proportions dantesques. Les États-Unis font face depuis mars à la pire attaque de leur histoire numérique, sans doute d’origine russe.
Un guide nommé ODD
Des décisions radicales prises dans l’urgence et sans préparation ont des conséquences négatives qui peuvent être supérieures au risque encouru, la crise du COVID 19 en témoigne. C’est pourquoi il faudrait l’utiliser pour se préparer à affronter, en même temps, la crise climatique, la disparition de la biodiversité, les pandémies et le creusement des inégalités. Le modèle existe. Les Objectifs de Développement Durable (ODD), adoptés par les Nations Unies en septembre 2015, dessinent la feuille de route. Elle est consultable sur ce film d’une demi-heure à regarder sans modération
Les ODD redonnent de l’espoir parce qu’ils rouvrent le débat sur le futur "aujourd’hui confisqué par deux extrémismes : la collapsologie et le transhumanisme", explique l’essayiste Antoine Bueno auteur du "Futur. Notre avenir de A à Z". Il ajoute : "Les collapsologues sont persuadés que le monde va s’effondrer en raison de la crise environnementale et énergétique. Les transhumanistes pensent eux que grâce à la révolution technologique nous sommes sur le point de devenir des dieux. Mais leurs discours sont exagérés. Notre avenir se situe quelque part entre effondrement et transcendance technologique". Et il est urgent de commencer à le construire !
Anne-Catherine Husson-Traore, @AC_HT, Directrice générale de Novethic