Publié le 21 janvier 2020
ENVIRONNEMENT
Davos 2020 : Donald Trump traite Greta Thunberg de "prophète de malheur"
Les premières heures de Davos ont laissé la place aux prestigieux invités dont la militante écologiste Greta Thunberg et le Président américain Donald Trump. La première a dénoncé les décideurs mondiaux pour leur inaction, ou pire, leurs faux engagements. Le second a appelé à écarter les porteurs de mauvaises nouvelles au regard de la réussite économique outre-Atlantique.

@JimWatson-AFP
Deux des invités les plus attendus au sommet de Davos étaient le Président des Etats-Unis Donald Trump et la militante environnementale Greta Thunberg. Deux visions du monde devaient s’affronter. Mais du côté de la jeune femme de 17 ans, ce n’est pas seulement le résident de la Maison Blanche qui a été visé mais toute l’assemblée de décideurs économiques et politiques réunis. Si elle a reçu des tonnerres d’applaudissements, son message était lourd de reproches.
Selon Greta Thunberg, "le climat et l'environnement sont un sujet d'actualité aujourd'hui", mais "en pratique, rien n'a été fait". "Les émissions de CO2 n'ont pas diminué", a martelé la jeune Suédoise qui rappelle qu’au rythme actuel le budget carbone qu’il reste à l’Humanité pour rester en dessous de 1,5°C sera épuisé dans huit ans. "Je ne peux pas me plaindre de ne pas être écoutée. On m'écoute tout le temps", déplore-t-elle en exprimant ce sentiment de ne pas être entendue. Pour elle, plus grave encore que l’inaction, ce sont "le silence, les phrases vides et pire, les fausses promesses". "Notre maison est toujours en feu. Votre inaction attise les flammes et si vous aimez vos enfants, nous vous demandons d’agir", répète-t-elle une nouvelle fois.
Rejeter les prédictions d’apocalypse
De son côté, Donald Trump n’a pas cité Greta Thunberg nommément, mais c’est bien elle qu’il visait en lançant : "Nous devons rejeter les éternels prophètes de malheur et leurs prédictions d'apocalypse". Mettant en avant la croissance américaine, le faible taux de chômage et la signature d’accord commerciaux avec la Chine, le Mexique et le Canada, il juge que "le temps du scepticisme est terminé, les entreprises affluent de nouveau aux États-Unis. (...) Le rêve américain est de retour, plus fort que jamais".
Il n’a bien sûr pas évoqué le climat dont il nie tout changement d’origine anthropique, mais il a tout de même fait mention de questions environnementales à travers l’amélioration de la qualité de l’eau dans le pays et la nécessité de mieux gérer et préserver les forêts. "Les États-Unis se joindront à l’initiative pour planter un milliard d’arbres, lancé à Davos", a-t-il annoncé, ce qui lui a valu à son tour des applaudissements.
Le capitalisme des parties prenantes
Entre ces deux messages difficiles à entendre - le premier car il s’agit d’une alerte effrayante, le second car il s’agit d’un optimisme peu crédible - , une troisième voix forte s’est faite entendre en ouverture de Davos. Celle de la présidente européenne Ursula von der Leyen. Elle rappelle cet affrontement en cours entre deux visions du capitalisme. "Le capitalisme des actionnaires", qui a pour seul objectif le profit de ces derniers. Et "le capitalisme des partie prenantes" qui touche à la responsabilité sociale, la responsabilité vis-à-vis des travailleurs et de leur famille, la responsabilité environnementale.
Pour elle, le choix est évidement fait : "Trop longtemps l’humanité a pris des ressources naturelles dans l’environnement et a produit en échange des déchets de la pollution. Je crois que nous pouvons réconcilier notre économie et notre planète".
Ludovic Dupin @LudovicDupin