Publié le 05 novembre 2020

ENVIRONNEMENT

"Dans exactement 77 jours, les États-Unis reviendront dans l’Accord de Paris", promet Joe Biden

Alors que le dépouillement des votes est toujours en cours pour connaître le nom du futur Président des États-Unis, Joe Biden a réaffirmé son soutien à l'Accord de Paris. Mercredi 4 novembre, le pays a officiellement quitté la table des négociations, mais le candidat démocrate a promis son retour "dans 77 jours exactement", soit précisément à la date de l'investiture du nouveau président le 20 janvier 2021.

Joe biden Gage Skidmore from Peoria AZ United States of America
Joe Biden veut faire du climat une priorité dès son arrivée au pouvoir, s'il est élu.
@Gage Skidmore from Peoria, AZ, United States of America

"Aujourd'hui, le gouvernement Trump a officiellement quitté l'accord de Paris sur le climat. Et dans exactement 77 jours, un gouvernement Biden le rejoindra", a tweeté Joe Biden, mercredi 4 novembre alors que les États-Unis quittaient officiellement la table des négociations. Avec cette déclaration, le candidat démocrate, pour l’instant donné favori, marque un tournant majeur et envoie un signal important au reste du monde en s’engageant à faire du climat une priorité dès son arrivée au pouvoir.  

Dans les faits, après son intronisation le 20 janvier 2021, le nouveau Président devra envoyer une notification à la Convention cadre des Nations Unis sur le changement climatique (Ccnucc) et attendre 30 jours avant que celle-ci ne devienne effective, soit au plus tôt le 20 février 2021. Mais au-delà ces procédures administratives, c’est toute la crédibilité des États-Unis qu’il faut reconstruire. Notifier l'ONU sera "la partie facile", confie à l'AFP Andrew Light, ancien conseiller environnemental de Barack Obama, mais il faudra surtout engager une politique climatique suffisamment ambitieuse et durable pour qu'une future administration républicaine ne puisse pas faire machine arrière.

Un retour symbolique ?   

"Le retour des États-Unis dans l'Accord serait purement symbolique. Les Démocrates ont perdu le Sénat (les résultats définitifs sont encore attendus, NDR), et les Républicains empêcheront donc tout mécanisme international contraignant", a réagi le chercheur François Gémenne. "Les États-Unis ont toujours essayé de saper l'ambition de la lutte contre le changement climatique, même sous administration démocrate. C'est à cause d'eux qu'on a eu un marché du carbone plutôt qu'un prix fixe dans le Protocole de Kyoto, par exemple. C'est aussi à cause des États-Unis que l'Accord de Paris n'est pas contraignant, et que Trump a pu en sortir si facilement. Je crains que leur retour à la COP26 ne réduise l'ambition qui est pourtant tellement nécessaire."   

Pendant la campagne, Joe Biden a déclaré voir dans le gaz naturel un "pont" vers les énergies renouvelables, position fortement critiquée par les ONG environnementales, et ne s'est pas engagé à interdire complètement la fracturation hydraulique. Il a aussi émis des réserves sur l’instauration d’une taxe carbone en case de crise économique grave. Mais il s’est également dit en faveur de la neutralité carbone en 2050, et dès 2035 pour la production d’électricité, et promis pour cela un plan de 1 700 milliards de dollars.  

"Nous avons besoin des Etats-Unis"

Selon le Climate Action Tracker, le plan climatique de Biden pourrait permettre à lui seul de réduire la hausse des températures de l'ordre de 0,1°C. Or, chaque dixième de degré compte. Et avec les principaux émetteurs réunis – Chine, États-Unis, Europe – dans un objectif de neutralité carbone, ce sont près de la moitié des émissions mondiales qui seraient couvertes. Ce qui fait dire à Laurence Tubiana, cheville ouvrière de l’Accord de Paris, que le retour de Washington dans les négociations est attendu "avec impatience". "L'administration américaine a contribué à l'élaboration de l'Accord de Paris de manière décisive. Nous avons besoin des États-Unis pour aider à le mettre en œuvre".  

En outre, malgré le retrait du pays de l’Accord et les efforts de Donald Trump pour relancer l'industrie fossile, quelques signes laissent déjà augurer d’une transition énergétique au profit des énergies renouvelables. Davantage de centrales à charbon ont fermé sous cette présidence qu'au cours du second mandat de Barack Obama. La coalition d’acteurs non-étatiques "We are still in" reste par ailleurs mobilisée quelle que soit l’issue du scrutin et s’engage à réduire les émissions américaines jusqu’à 37 % entre 2005 et 2030, au-delà des engagements pris en 2015 par l'administration Obama.

Concepcion Alvarez @conce1


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