Le Vérité40 va-t-il un jour remplacer le CAC40 ? Cet indice, construit pour la troisième année consécutive par le cabinet Axylia, spécialisé en finance responsable, ne compte que les entreprises qui seraient capables de payer leur facture carbone et, nouveauté cette année, qui ont en parallèle une trajectoire de réduction des émissions de CO2 validée par la Science based targets initiative (SBTI). Il s’agit ainsi de savoir si une organisation est capable de rester rentable une fois pris en compte le coût de la totalité de ses émissions de CO2.

Pour créer son indice, Axylia prend les 120 plus grandes entreprises françaises cotées (SBF120) et calcule leur Ebitda (résultat d'exploitation de l’entreprise) ajusté du carbone. Il applique pour cela à l’ensemble de leurs émissions de CO2 un prix du carbone de 127 euros la tonne, conforme à l’Accord de Paris. 37 entreprises sont sélectionnées parmi les plus vertueuses en respectant au maximum la répartition sectorielle du CAC40, les trois dernières places étant attribuées à celles qui font le plus d’effort, à l’instar de Schneider Electric, Sodexo et Faurecia.

Qui sort ? Qui entre ?

En trois ans, l’indice Vérité40 a pu évoluer. Kering, qui en était absent dans la première édition, est désormais très bien classé. Dans les entrants cette année, se trouvent aussi Legrand ou encore Voltalia. À l’inverse, Bic, Maisons du monde, EDF, Air Liquide ou encore Veolia, qui étaient dans l’indice l’année dernière, en sont désormais exclus. "Pour EDF et Maisons du monde, cela s’explique par leur sortie du SBF120. Bic a également subi une baisse de sa capitalisation boursière plus forte que ses concurrents qui l’exclut de fait de l’indice", explique auprès de Novethic, Ferdinand Raffy, analyste ISR au sein d’Axylia.

Mais le cas le plus intéressant concerne Air Liquide, sorti de l’indice Vérité40 parce qu’il n’a pas de trajectoire de réduction des émissions sur le Scope 3 (émissions indirectes) généralement le plus impactant. "Nos exigences sont de plus en plus fortes et on s’est rendu compte en épluchant le rapport annuel d’Air Liquide que l’entreprise n’avait aucun engagement sur le Scope 3. Il en est de même pour Veolia, qui devrait toutefois remettre à jour ses objectifs après sa fusion avec Suez", détaille le spécialiste.

Parmi les "exclus" habituels, on trouve sans surprise des entreprises très émettrices à l’instar de TotalEnergies, Carrefour, Airbus ou encore Stellantis. Les grandes banques françaises comme Société générale ou BNP Paribas sont également écartées d’office car elles ne divulguent pas leur Scope 3. Cette logique s’applique aussi pour Publicis car l’empreinte carbone des produits promus par la publicité n’est pas prise en compte.

Un outil pour les investisseurs

En moyenne, les 40 plus grandes capitalisations boursières françaises obtiennent un Score Carbone de D, ce qui signifie que la majorité d’entre elles ne sont pas en capacité de payer leur facture carbone, contre un score moyen de A pour les entreprises du Vérité40. Leur facture carbone est ainsi quatre fois moins élevée que celle de la Bourse de Paris.

"De plus en plus d’entreprises communiquent sur l’indice Vérité40 avec une approche financière sur les risques, intéressante pour les investisseurs", note Ferdinand Raffy. Depuis cette année, l'Indice Vérité40 est également devenu un produit financier investissable à travers le certificat Natixis Vérité 40, dont l’encours atteindra 10 millions d’euros d’ici la fin de l’année, avec une performance annuelle de 9,7%. L’objectif à terme est de créer un ETF (Exchange Traded Fund), un fonds d’investissement indiciel qui suive l'évolution du Vérité40.

Concepcion Alvarez