Publié le 03 juillet 2015
ENVIRONNEMENT
COP 21 : les objectifs sud-coréens de réduction d'émissions de CO2 très insuffisants
La Corée du Sud a publié le 30 juin dernier sa contribution climatique en vue de la COP 21. Ses objectifs en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre sont très modestes. Séoul se fixe comme ambition une diminution de ses émissions de 37 % par rapport à un scénario " business as usual". En 2009, le pays s'était déjà engagé à une réduction de 30 % d'ici 2020 par rapport à ce scénario. Un effort très léger qui ne répond pas à l’urgence climatique.

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Quelques heures après la très attendue contribution chinoise sur le climat, c’est son voisin Sud-Coréen qui a fait connaître ses objectifs d’ici à 2030 pour lutter contre le changement climatique. La contribution du 12ème émetteur mondial de gaz à effet de serre était elle aussi très attendue, même si elle a été éclipsée par les annonces climatiques de Pékin.
Le gouvernement Sud-Coréen a opté pour une réduction de 37 % de ses émissions par rapport à un scénario d’émissions non contrôlées, dit scénario business as usual ("les affaires avant tout"), le programme de projection utilisé prédisant un pic d’émission à 850 millions de tonnes de CO2 en 2030.
Une réduction de 37 % reviendrait à ramener les émissions sud-coréennes à environ 536 millions de tonnes en 2030, en lieu et place des 669 millions de tonnes émises en 2012. L’objectif, s’il peut paraître ambitieux, n’est pourtant pas à la hauteur des enjeux climatiques.
Si l’on compare l’évolution des émissions du pays entre 1990 et 2030, les émissions auront augmenté de plus de... 78 %, à mettre en parallèle avec les 40 % de réduction prévus en Europe ou avec les 17 % de réduction consentis par les Américains sur cette même période. La Corée du Sud fait donc figure de mauvaise élève, car elle se situe au 12ème rang des pays les plus émetteurs du monde.
L’objectif de diminution de 37 % fixé à 2030 est étonnamment faible au regard de l’objectif intermédiaire pris en 2009. Il consistait à réduire de 30 % les émissions par rapport à un scénario business as usual d’ici 2020. Cela signifie que si Séoul parvient à tenir son engagement en 2020 (ce qui n’est pas garanti), la réduction sur la décennie 2020-2030 ne sera que d’une douzaine de millions de tonnes de CO2, soit une réduction annuelle de… 0,2 %.
L’hyper-dépendance coréenne aux énergies fossiles
Le choix d’un objectif calé sur un scénario de non-maîtrise des émissions peut également surprendre. Ce type d’engagement laisse la possibilité aux économies émergentes, au nom du droit au développement, d’atteindre leur pic d’émission plus tard que les économies modernes, dont le taux de croissance est faible. Or, en tant que 13ème puissance économique mondiale, la Corée du Sud ne se classe pas dans la catégorie des puissances émergentes.
Pour comprendre ce choix politique, il faut notamment se référer à la composition du mix énergétique du pays, constitué à 75 % d'énergies fossiles (pétrole, gaz, charbon).
Le pays disposant de peu de ressources, il importe une très grande part des énergies fossiles qu’il consomme. Dans ce mix énergétique, la part d’énergies sobres en carbone ne dépasse pas 17 % de la consommation nationale. Les énergies renouvelables ne représentent quant à elles que 2 % du total. Trop peu pour répondre à la demande en électricité, qui ne cesse de croître. À l’avenir, le pays devra massivement investir dans les énergies renouvelables s’il souhaite conserver son indépendance énergétique et réduire ses émissions.
Un objectif loin d’être suffisant
Dans son 5ème rapport, paru en 2014, le GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) recommande une réduction de 40 à 70 % des émissions mondiales d’ici à 2050. Plusieurs grandes économies se sont avancées vers des objectifs réellement ambitieux, à l’instar de l’Allemagne, qui espère réduire ses émissions de 80 à 95 % d’ici 35 ans.
Dans une déclaration à la presse, Ban Ki-moon s’est pourtant félicité de l’annonce des objectifs sud-coréens pour lutter contre le changement climatique. Pour le Secrétaire général de l'ONU, ces annonces officielles "représentent une contribution importante pour construire une dynamique et renforcer les perspectives de parvenir à un nouvel accord significatif sur le changement climatique lors de la COP 21 à Paris à la fin de l'année".