Publié le 08 juin 2015
ENVIRONNEMENT
COP 21 : les citoyens du monde favorables à un accord climatique juridiquement contraignant pour tous les pays
Alors que les délégations des États négocient actuellement à Bonn le futur accord mondial sur le climat, une enquête d’opinion réalisée à l’échelle planétaire par la CCNUCC (Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques) montre qu'après une journée de sensibilisation sur le climat, 80% des personnes interrogées se sentent très concernées par le sujet. Et 64% d'entre elles estiment que "tout doit être fait à Paris pour limiter le réchauffement global des températures à 2°C".

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Du Burundi à la France, en passant par les États-Unis, l’Iran, les Philippines ou le Népal, 10 000 citoyens de 75 pays (29 d’Afrique, 18 d’Asie/Océanie, 15 d’Amérique et 13 d’Europe) ont été consultés sur le climat pour la plus "vaste enquête d’opinion jamais menée sur le sujet".
Ce dispositif exceptionnel, déployé à l’initiative de la Convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, n'est pas nouveau. Il avait déjà été mis en place pour la COP de Copenhague notamment, ou en France lors du débat national sur la transition énergétique, mais à moindre échelle (40 pays).
Consultation à grande échelle et questions ciblées
Le 6 juin, 96 débats se sont en effet tenus dans 75 pays, selon une méthodologie commune et éprouvée, celle du World Wide View. Une centaine de participants de tous horizons, préalablement informés des enjeux, sont réunis pour une journée autour de tablées animées par des modérateurs, puis sont interrogés sur les enjeux du réchauffement et des négociations s'y rapportant.
Les questions, un peu plus d’une trentaine, vont d’une perception générale - "À quel point êtes-vous préoccupé par le changement climatique ?" -, à des points très précis de négociations faisant particulièrement débats dans le processus officiel :"Les contributions du secteur privé devraient-elles être comptabilisées dans les offres de financements de la part des pays développés ?", "Tous les pays en développement devraient-ils être classés dans une seule catégorie, comme c’est le cas à présent, ou les pays en développement les plus riches devraient-ils faire plus d’efforts ?" ou encore "Selon vous, les pays devraient-ils avoir le droit d’examiner les rapports des autres pays sur leurs efforts d’atténuation et d’adaptation ?".
On trouve également des questions sur les mesures à prendre, comme la mise en place d’une taxe carbone ou le fait de ne pas traiter toutes les explorations pour trouver de nouvelles réserves de combustibles fossiles. Une mine d’informations donc pour les politiques et négociateurs.
Cartographier la perception citoyenne des enjeux climatiques
C’est d’ailleurs tout l’objectif de la démarche. S’il s’agit bien de sensibiliser les citoyens en amont de la Conférence de Paris sur le climat (COP 21), il s’agit aussi de donner une cartographie de la perception et de l’implication des citoyens "éclairés" aux décideurs. Un rapport d’analyse leur sera d’ailleurs remis le 30 juin prochain, même si tous les résultats sont déjà disponibles sur internet, pays par pays ou par groupes et alliances de pays.
Résultat : "Il y a une montée en charge de la conscience qu’il faut lutter contre le changement climatique dans tous les pays, notamment ceux en développement. Par exemple, 85% des Africains se disent très concernés", souligne Stéphane Rozès, président du CAP (Conseil, Analyse, Perspective) et spécialiste des sondages.
Mais il y a aussi "un sentiment d’échec très fort" : ainsi, 71% des participants sont très critiques sur le résultat des négociations onusiennes depuis 1992 (88 % en France). Sans doute à juste titre.
Sur les mesures à prendre pour lutter contre le changement climatique, ce sont les subventions aux énergies sobres en carbone qui l’emportent (56 %), bien loin devant la mise en place d’un prix du carbone (20%). Les participants sont aussi très volontaristes sur la mise en place d’un accord fort lors de la COP 21 : 64% d’entre eux considèrent que tout doit être fait à Paris pour limiter le réchauffement de la température à 2°C (76% en France).
Celui-ci doit "comporter des objectifs nationaux et être juridiquement contraignant pour tous les pays" pour les trois quarts d’entre eux, et près de 70% estiment qu’il devrait comporter "un objectif de long terme pour arriver à zéro émission de GES à la fin du siècle".
91% estiment même que tous les pays devraient publier leurs émissions et leurs progrès, et la moitié vont encore plus loin en considérant que chaque pays devrait avoir le droit d'inspecter les autres sur leurs efforts…